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Le pays de la liberté

Le pays de la liberté

Titel: Le pays de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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vois, juste après la première corniche, dii Lizzie. Il y en a un autre, on aperçoit tout juste les bois du quatrième. ª
    Elle avait le visage tout rouge d'excitation, ce qui la rendait encore plus jolie. Bien s˚r, c'était le genre de choses qu'elle aimait: être dehors, avec des chevaux, des chiens et des fusils, à faire quelque chose de violemment énergique et d'un peu risqué. Il ne put maîtriser un sourire en la regardant. Il s'agita sur sa selle. La seule vue de la jeune femme avait de quoi échauffer le sang d'un homme.
    Il jeta un coup d'úil à son frère. Robert avait l'air mal à l'aise, juché
    dans le froid sur son poney. Il serait plus à sa place dans un bureau, se dit Jay, à calculer l'intérêt trimestriel de quatre-vingt-neuf guinées à
    raison de trois et demi pour cent l'an. quel g‚chis pour une femme comme Lizzie d'épouser Robert.
    Il détourna son regard et essaya de se concentrer sur le gibier. Il examina à la lorgnette le flanc de la montagne, en cherchant un chemin par lequel on pourrait approcher les cerfs. Les chasseurs devraient être sous le vent pour éviter que les bêtes ne flairent l'odeur des humains. Il serait préférable d'arriver sur elles par le haut du versant. Leur exercice sur la cible l'avait confirmé : il était presque impossible de tirer un animal à
    plus d'une centaine de mètres, et cinquante mètres était la distance idéale. Tout l'art de la traque aux cerfs consistait donc à s'approcher d'eux sans bruit et assez près pour tirer dans de bonnes conditions.
    Lizzie avait déjà conçu une approche. ÍI y a un 65
    corne à quatre cents mètres plus haut dans la vallée ª, dit-elle avec animation. Un corrie était la dépression creusée dans le sol par un torrent dévalant le flanc d'une colline : cela suffirait à dissimuler les chasseurs durant leur ascension. Ńous pouvons le suivre jusqu'à la corniche supérieure et puis nous avancer à partir de là. ª
    Sir George acquiesça. Il ne laissait pas souvent quelqu'un lui dire ce qu'il devait faire, mais, quand c'était le cas, il s'agissait en général d'une jolie femme.
    Ils revinrent jusqu'au corrie, puis laissèrent leurs poneys et grimpèrent à
    pied le flanc de la colline. La pente était raide, le terrain tout à la fois rocailleux et boueux. Bientôt, Henry et Robert haletaient et soufflaient, mais les gardes et Lizzie, habitués à ce genre de terrain, ne montraient aucun signe d'effort. Sir George avait le visage tout rouge et il haletait, mais il était d'une étonnante résistance et ne ralentissait pas l'allure. Jay était en pleine forme, en raison de son entraînement quotidien dans les Gardes : tout de même, il était un peu essoufflé.
    Ils franchirent la corniche. Abrités par elle, hors de vue du gibier, ils avancèrent en diagonale au flanc de la colline. Le vent glacé les mordait cruellement, soufflant des rafales de neige fondue et de brouillard glacé.
    N'ayant plus la chaleur d'un cheval sous lui, Jay commençait à sentir le froid. Ses fins gants de chevreau étaient trempés. L'humidité pénétrait ses bottes de cheval et ses luxueux bas en laine des Shetlands, Les gardes, qui connaissaient le coin, marchaient en tête. quand ils s'estimèrent proches des cerfs, ils obliquèrent vers le bas. Soudain ils s'agenouillèrent et les autres les imitèrent. Jay oublia à quel point il avait froid et combien il était trempé pour se laisser griser : c'était la fascination de la chasse.
    Il décida de risquer un coup d'ceil. Rampant toujours, il remonta pour se poster au-dessus d'une saillie rocheuse. Son regard s'adaptant à la distance,
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    il aperçut les cerfs : quatre taches brunes sur la pente verte, réparties en lignes irrégulières au flanc de la montagne. C'était rare d'en voir quatre ensemble : ils avaient d˚ trouver un beau carré d'herbe. Il regarda dans sa lorgnette. C'était le plus éloigné qui avait la plus belle tête : il ne distinguait pas nettement les bois, mais ils semblaient magnifiques.
    Il entendit le croassement d'un corbeau et, levant les yeux, il en vit deux qui tournoyaient autour des chasseurs. Ils avaient l'air de savoir qu'il pourrait bientôt y avoir des restes pour eux.
    Plus haut sur la pente, quelqu'un poussa un cri et un juron: c'était Robert qui venait de glisser dans une flaque boueuse. ´Fichu crétinª, murmura Jay.
    Un des chiens poussa un sourd grognement. Un garde leva une main et tous se figèrent, guettant le bruit des

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