Le pays de la liberté

mine et pourquoi McAsh avait laissé entendre que c'était une sorte d'enfer. Ferait-il horriblement chaud ou bien allait-elle trouver un froid glacial ? Est-ce que les hommes se montraient les dents et se battaient comme des bêtes en cage? Est-ce que cela sentirait 76
    mauvais dans le puits ? Serait-ce infesté de souris 01. bien silencieux et fantomatique? Elle commençait è éprouver une certaine appréhension. Mais, songea-t-elle, quoi qu'il arrive, je saurai ce que c'est, el McAsh ne pourra plus me reprocher mon ignorance.
    Au bout d'une demi-heure, ils passèrent devant un petit monticule de charbon à vendre. ´qui va là?ª lança une voix. Un garde tenant un chien qui tirait sur sa laisse entra dans le cercle lumineux projeté par la lanterne de Jay. Par tradition, les gardes surveillaient le gibier et s'efforçaient de pincer les braconniers, mais aujourd'hui nombre d'entre eux assuraient la discipline autour des puits et veillaient pour empêcher les vols de charbon.
    Jay souleva sa lanterne pour éclairer son visage.
    Óh, je vous demande pardon, Mr. Jamisson ª, dit le garde.
    Ils poursuivirent leur chemin. L'entrée du puits était marquée par la présence d'un cheval qui trottait en rond pour faire tourner un tambour. En approchant, Lizzie constata qu'autour du tambour s'enroulait une corde qui remontait d'en bas des seaux d'eau. ÍI y a toujours de l'eau dans une mine, expliqua Jay. Elle suinte de la terre. ª Les vieux seaux de bois fuyaient: le terrain autour des puits était un dangereux mélange de boue et de glace.
    Ils attachèrent leurs chevaux et s'approchèrent de l'entrée du puits: c'était un trou d'environ six pieds carrés avec un escalier de bois fort raide qui descendait en zigzag le long des parois. Lizzie ne voyait même pas le fond.
    Il n'y avait pas de rampe.
    Lizzie eut un moment d'affolement. Ć'est profond ? demanda-t-elle d'une voix tremblante.
    - Si mes souvenirs sont exacts, ce puits-ci a deux cent dix pieds ª, dit Jay.
    Lizzie avait la gorge serrée. Si elle annulait son escapade. Sir George et Robert risquaient d'en entendre parler et de la mépriser : ´ Je vous avais bien dit que ce
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    n'était pas un endroit pour une dame. ª Elle ne pouvait supporter cette idée : elle préférait descendre un escalier de deux cents pieds sans rampe.
    Elle serra les dents: Álors, qu'attendons-nous?ª Si Jay devina sa peur, il s'abstint de tout commentaire. Il passa le premier, lui éclairant les marches, et elle le suivit, le cúur au bord des lèvres. Toutefois, au bout de quelques pas, il dit : Śi vous posiez vos mains sur mes épaules, ça vous assurerait. ª Elle s'exécuta avec reconnaissance.
    ¿ mesure de leur descente, les seaux d'eau en bois valsaient au milieu du puits, heurtant ceux qui descendaient, aspergeant Lizzie d'eau glacée. Elle eut une horrible vision o˘ elle s'imaginait glissant de l'escalier pour dégringoler dans une chute sans fin, se cognant aux seaux, en renversant des douzaines avant de venir s'écraser au fond du puits.

    Au bout d'un moment, Jay s'arrêta pour la laisser se reposer quelques instants. Elle qui pensait être en forme, elle avait mal aux jambes et le souffle court. Voulant donner l'impression qu'elle n'était pas fatiguée, elle entreprit de faire la conversation. ´Vous m'avez l'air d'en savoir beaucoup sur les mines : d'o˘ vient l'eau, quelle profondeur a le puits, etc.
    - Le charbon est un sujet de conversation constant dans notre famille : c'est de là que vient notre argent. Mais, il y a environ six ans, j'ai passé tout un été avec Harry Ratchett, le contremaître. Mère avait décidé
    qu'elle voulait que j'apprenne tout du métier, dans l'espoir qu'un jour Père voudrait que je dirige l'affaire. Ridicule aspiration.ª
    Lizzie se sentait navrée pour lui. Ils continuèrent. quelques minutes plus tard, l'escalier s'arrêta sur une plate-forme qui donnait accès à deux galeries. En dessous du niveau des tunnels, le puits était empli d'eau. La mare était vidée gr‚ce aux seaux mais constamment réapprovisionnée par les fossés qui assuraient le drainage. Lizzie plongea le 78
    regard dans l'obscurité des galeries, le cúur empli d'un mélange de crainte et de curiosité.
    Jay quitta la plate-forme pour s'avancer dans un tunnel. Il se retourna et tendit sa main à Lizzie. Il avait une poigne ferme et sèche. Au moment o˘
    elle pénétrait dans la galerie, il porta à ses lèvres la main de la jeune fille et y posa un