Le pays de la liberté
se mirent à rire.
Mack leur en voulut un peu. Rien toutefois ne pouvait ternir sa victoire.
Regagnant tous la berge à la rame, les hommes se mirent à entonner à pleine voix Le Maire de Bayswater, une chanson très obscène, el Mack chanta avec eux à tue-tête.
Dermot et lui rentrèrent à pied à Spitalfields. La brunie du matin se levait. Mack fredonnait et marchait d'un pas gaillard. quand il entra dans sa chambre, une agréable surprise l'attendait. Assise sur un tabouret, embaumant le bois de santal et agitant une jambe bien tournée, il trouva Cora, la rousse amie de Peg, en manteau couleur ch‚taigne et coiffée d'un coquet chapeau.
Elle avait pris le manteau de Mack, normalement posé sur la paillasse qui lui servait de lit, et elle en caressait la fourrure. Ó˘ t'es-tu procuré
ça ? demanda-t-elle.
- C'était un cadeau d'une belle dame, dit-il avec un grand sourire.
qu'est-ce que tu fais ici ?
- Je suis venue te voir, répondit-elle. Si tu te laves le visage, tu peux sortir avec moi... enfin, si tu n'es pas obligé d'aller prendre le thé avec de belles dames. ª
II avait d˚ paraître hésitant, car elle ajouta: Ńe prends pas un air aussi étonné. Tu penses sans doute que je suis une putain, mais c'est seulement en désespoir de cause. ª
II prit son morceau de savon et descendit auprès du tuyau d'écoulement dans la cour. Cora le suivit et le regarda se frotter torse nu pour rincer le poussier qui lui couvrait la peau et les cheveux. Il emprunta 199
une chemise propre à Dermot, mit son manteau et son chapeau et prit le bras de Cora.
Ils se dirigèrent vers l'ouest, traversant le cúur de la ville. ¿ Londres, Mack l'avait découvert, les gens se promenaient dans les rues pour se distraire comme on marchait dans les collines d'Ecosse. Il était ravi d'avoir Cora à son bras. Il aimait la façon dont ses hanches se balançaient si bien que de temps en temps elle l'effleurait. ¿ cause de la couleur de ses cheveux et de sa toilette audacieuse elle attirait l'attention et Mack surprit les regards envieux des autres hommes.
Ils entrèrent dans une taverne et commandèrent des huîtres, du pain et de la porter, une bière brune forte. Cora dévora de bon appétit, avalant les huîtres d'un trait et les faisant passer avec de longues lampées de bière.
quand ils ressortirent, le temps avait changé. Il faisait encore frais, mais un p‚le soleil brillait. Ils déambulèrent dans le riche quartier résidentiel de Mayfair.
Au cours des vingt-deux premières années de sa vie, Mack n'avait vu que deux somptueuses demeures, Jamisson Castle et High Glen House. Dans ce quartier, il y avait des maisons comme ça à chaque coin de rue. La richesse de Londres ne cessait jamais de l'étonner.
Devant l'une des plus belles demeures, une file de voitures s'arrêtaient pour déposer des invités, comme pour une réception. Sur le trottoir, de chaque côté, une petite foule de passants et de domestiques regardaient.
C'était le milieu de l'après-midi, mais la maison étincelait de lumières, et l'entrée était décorée avec des fleurs. Će doit être un mariage ª, déclara Cora.
Un autre attelage s'arrêta et une silhouette familière apparut. Mack sursauta en reconnaissant Jay Jamisson. Jay aida sa jeune épouse à
descendre de voiture sous les applaudissements et les acclamations des badauds.
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Élle est jolie ª, fit Cora.
Lizzie sourit et regarda autour d'elle, pour répondre aux applaudissements.
Son regard croisa celui de Mack et, un instant, elle se figea. Il sourit et lui fit de grands gestes. Elle s'empressa de détourner les yeux et s'engouffra à l'intérieur.
Tout cela n'avait duré qu'une fraction de seconde, mais rien n'échappait à
l'úil d'aigle de Cora. ´Tu la connais ?
- C'est elle qui m'a donné la fourrure, dit Mack.
- J'espère que son mari ne sait pas qu'elle fait des cadeaux aux dockers.
- Elle a eu tort de choisir Jay Jamisson: c'est un beau mollasson.
- Tu dois sans doute penser qu'elle aurait mieux fait de t'épouser, dit Cora d'un ton sarcastique.
- C'est vrai, d'ailleurs, fit Mack d'un ton grave. On va au thé‚tre ? ª
Tard ce soir-là, Lizzie et Jay étaient assis dans le lit de la chambre nuptiale, en vêtements de nuit et entourés de parents et d'amis plus ou moins ivres. Les plus ‚gés avaient depuis longtemps quitté la pièce, mais la coutume voulait que les invités au mariage s'attardent pour tourmenter le couple qu'on supposait
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