Le pays des grottes sacrées
Dons sont mérités quand la Mère est honorée.
Satisfaite des deux êtres qu’Elle avait créés,
La Mère leur apprit l’amour et l’affection.
Elle insuffla en eux le désir de s’unir,
Le Don de leurs Plaisirs vint de la Mère.
Avant qu’Elle eût fini, Ses enfants L’aimaient aussi.
Les Enfants de la Terre étaient nés, la Mère pouvait
se reposer.
Quand ils eurent fini, il se fit
un profond silence. Tous sentaient plus que jamais le pouvoir de la Mère et du
Chant de la Mère. Ils regardèrent à nouveau les peintures et se rendirent mieux
compte que les animaux semblaient sortir des fissures et des ombres de la
caverne, comme si la Mère était en train de les créer, leur donnait naissance,
les amenait de l’Autre Monde, le Monde des Esprits, Son vaste monde souterrain.
Un bruit leur glaça alors le
sang, le vagissement d’un lionceau. Il se mua en l’appel lancé à sa mère par un
jeune lion, puis fit place aux premières tentatives de rugir d’un jeune mâle et
enfin aux grognements qui précèdent le rugissement à pleins poumons du lion
revendiquant ses droits.
— Comment fait-elle
ça ? demanda la Gardienne. On dirait un lion aux différentes étapes de sa
croissance. Comment sait-elle tout cela ?
— Elle a élevé un lion,
s’est occupée de lui pendant qu’il grandissait et lui a appris à chasser avec
elle. Elle a rugi avec lui, expliqua Jondalar.
— Elle t’a dit cela ?
s’enquit la Gardienne, une ombre de doute dans la voix.
— Oui, en quelque sorte. Il
est revenu la voir alors que j’étais en train de me remettre de mes blessures
dans sa vallée, mais il n’a pas aimé me voir là et a attaqué. Ayla s’est placée
devant lui ; il s’est arrêté net. Ensuite elle s’est roulée par terre et
l’a serré dans ses bras, elle est montée sur son dos et l’a chevauché, comme elle
fait avec Whinney. Sauf que je ne crois pas qu’il serait allé où elle voulait,
mais seulement où il avait envie de la conduire. Il l’a néanmoins ramenée. Je
l’ai interrogée et elle m’a expliqué.
Le récit était assez simple pour
être convaincant. La Gardienne se borna à hocher la tête.
— Nous devrions allumer de
nouvelles torches, dit-elle. Il devrait en rester au moins une pour chacun et
j’ai aussi quelques lampes.
— Il vaut mieux attendre
d’être tous sortis de ce passage avant de les allumer, fit observer Willamar.
— Oui, tu as raison, dit
Jonokol. Veux-tu tenir la mienne ? demanda-t-il à la Gardienne.
Jondalar, Ayla, Willamar et lui
hissèrent littéralement la Première en haut des dénivellations les plus fortes,
tandis que la Gardienne tenait les torches à bout de bras pour éclairer le
chemin. Elle en jeta une presque entièrement consumée dans l’un des foyers
alignés le long des parois. Lorsqu’ils arrivèrent aux chevaux peints, chacun
prit une torche neuve. La Gardienne éteignit celles qui étaient déjà en partie
brûlées et les remit sur le châssis qu’elle portait sur son dos, puis ils
reprirent en sens inverse le chemin par lequel ils étaient arrivés. Personne ne
parlait beaucoup, ils se contentaient de regarder à nouveau les animaux devant
lesquels ils passaient. Avant d’atteindre l’entrée, ils remarquèrent combien la
lumière pénétrait profondément dans la caverne. À l’entrée, Jonokol s’arrêta.
— Veux-tu me reconduire dans
cette vaste salle ? demanda-t-il à la Gardienne.
— Bien sûr, répondit-elle
sans lui demander pourquoi.
Elle le savait.
— J’aimerais bien
t’accompagner, Zelandoni de la Dix-Neuvième Caverne, dit Ayla.
— Cela me ferait aussi
plaisir. Tu pourras tenir ma torche, dit-il en souriant.
C’était la Gardienne qui avait
trouvé la Grotte Blanche et il était la première personne à qui elle la
montrait. Il savait qu’il allait peindre sur ces belles parois, bien qu’il eût
peut-être besoin d’aide pour cela. Ils repartirent tous trois dans la deuxième
salle de la Caverne de l’Ours pendant que les autres sortaient à l’air libre.
La Gardienne leur fit suivre un trajet plus court ; elle savait où le
conduire : à l’endroit qu’il avait regardé à leur arrivée dans cette
partie de la grotte. Il trouva le renfoncement à l’écart et l’ancienne
concrétion.
Après avoir sorti un couteau en
silex, il se dirigea vers la stalagmite surmontée d’une cuvette et à sa base,
d’un geste sûr, il grava le front, les naseaux, la
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