Le pays des grottes sacrées
les
blessures et le sang coulant de la bouche d’un rhinocéros noir. Au-delà, un
large pan de rocher suspendu marquait l’endroit où le plafond descendait
jusqu’à être perpendiculaire à la paroi. Trois lions et un autre animal étaient
représentés sur sa surface interne, mais visibles de la salle. Juste avant que
le plafond commence à s’abaisser, une saillie rocheuse descendant à la
verticale se terminait par une pointe arrondie. Ses quatre faces étaient
richement décorées.
— Pour comprendre
pleinement, il faut tout voir, expliqua la Gardienne en montrant à Ayla
l’ensemble de la composition.
Il s’agissait de la partie
antérieure d’un bison sur des jambes humaines, au milieu desquelles on
distinguait une grande vulve ombrée de noir et fendue d’une ligne gravée
verticale à la pointe inférieure, autrement dit le bas d’un corps de femme
surmonté d’une tête de bison. Un lion figurait à l’arrière de la roche
suspendue.
— La forme de cette roche
m’a toujours semblé évoquer l’organe masculin.
— C’est exact, convint Ayla.
— Il y a d’intéressantes
peintures dans deux petites salles. Si tu veux, je vais te les montrer.
— Volontiers. Je tiens à en
voir le plus possible avant de partir.
— Derrière la roche
phallique, tu peux voir trois lions. Et après le rhinocéros blessé, un passage
mène à un superbe cheval, expliqua la Gardienne en lui ouvrant le chemin. Et
voilà un gros bison, au bout du panneau. Dans cette zone, un gros lion et des
petits chevaux. Il est très difficile d’accéder de l’autre côté.
Ayla retourna vers l’entrée de la
salle où la Première s’était assise sur un rocher pour se reposer. Les autres
n’étaient pas loin.
— Qu’en penses-tu,
Ayla ? demanda-t-elle.
— Je suis contente que tu m’aies
amenée ici. Je crois que c’est la plus belle caverne que j’aie jamais vue.
C’est plus qu’une caverne, mais je ne connais pas les mots pour le dire.
Lorsque je vivais avec le Clan, j’ignorais que l’on pouvait représenter ce que
l’on voyait dans la réalité.
Elle chercha des yeux Jondalar et
sourit en le voyant. Il s’approcha et passa le bras autour de sa taille, comme
elle le désirait. Elle avait besoin de partager ses impressions avec lui.
— Lorsque je suis allée
habiter avec les Mamutoï, j’ai vu ce que Ranec était capable de faire avec
l’ivoire et d’autres avec du cuir, des perles et parfois seulement un bâton
pour laisser des marques sur un sol lisse, et cela m’a stupéfiée.
Elle s’arrêta et regarda le sol
argileux humide de la caverne. Tous s’étaient rassemblés au même endroit avec
leurs torches allumées. La lumière ne se diffusait pas très loin et les animaux
peints sur les parois n’étaient que de vagues silhouettes dans la pénombre,
comme ceux qui étaient entrevus fugitivement en pleine nature par la plupart
des gens.
— Au cours de ce voyage et
avant, nous avons vu d’autres peintures et dessins qui étaient beaux et
d’autres qui l’étaient moins, mais tout aussi remarquables. Je ne sais pas
comment on les exécute et encore moins pourquoi. Je crois qu’ils l’ont été pour
plaire à la Mère, et je suis certaine qu’ils ont dû Lui plaire, et peut-être
aussi pour raconter Son histoire et d’autres aussi. Peut-être les artistes les
exécutent-ils uniquement parce qu’ils en sont capables. Comme Jonokol : il
pense à quelque chose à peindre, il s’en croit capable et le fait. Il en va de
même quand tu chantes, Zelandoni. La plupart des gens sont plus ou moins
capables de chanter, mais personne aussi bien que toi. Lorsque tu chantes, je
n’ai qu’une envie, t’écouter. Ça me procure une sensation de bonheur. J’éprouve
la même quand je regarde ces cavernes peintes. Et aussi quand Jondalar me
regarde avec amour. J’ai l’impression que ceux qui ont fait ces peintures me
regardent avec amour.
Elle regarda par terre parce
qu’elle refoulait ses larmes. Elle était d’ordinaire capable de se maîtriser,
mais cette fois-ci elle y parvenait difficilement.
— Je crois que c’est
également ce que doit éprouver la Mère, conclut-elle, ses yeux brillant dans la
clarté dansante des torches.
Je sais maintenant pourquoi elle
est unie, pensa la Gardienne. Elle sera une Zelandoni remarquable, elle l’est
déjà, mais elle ne peut l’être sans lui. Peut-être est-ce cela que la Mère
voulait qu’elle soit.
Elle se mit ensuite
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