Le pays des grottes sacrées
l’évite. Ayla a
besoin de l’aide de tout le monde en ce moment, et de la sienne en particulier.
S’il ne voulait pas qu’elle soit
au courant, pour lui et Marona, il n’aurait jamais dû renouer avec celle-ci,
même si elle l’y a encouragé autant qu’elle le pouvait. Il savait très bien
comment Ayla réagirait. Il aurait très bien pu en trouver une autre, si tant
est qu’il en ait eu besoin. Comme s’il n’avait pas l’embarras du choix
concernant les femmes, dans le campement. Et cela aurait été bien fait pour
Marona : elle se conduisait de façon si prévisible qu’on aurait pu croire
que même lui l’aurait percée à jour.
Même si Proleva l’aimait
beaucoup, il y avait des moments où elle trouvait le frère cadet de son
compagnon exaspérant.
— Mère ! Mère ! Tu
es revenue, enfin ? Proleva m’a dit que je te trouverais là. Tu m’avais
promis de m’emmener faire du cheval aujourd’hui et je t’ai attendue, attendue,
protesta Jonayla.
Le loup, qui avait fait irruption
dans la tente avec elle, était tout aussi excité que la fillette et essayait
d’attirer l’attention d’Ayla.
Celle-ci serra très fort sa fille
contre elle puis saisit la tête du gros carnassier et commença à frotter son
visage contre elle. Mais ses scarifications lui faisant encore mal, elle se
contenta de l’étreindre. L’animal flaira ses blessures mais elle le repoussa.
Sans s’en offusquer, il alla vers son écuelle de nourriture, trouva un os que
Proleva y avait laissé à son intention et l’emmena dans son coin de repos.
— Je suis désolée, Jonayla,
s’excusa Ayla. Je ne savais pas que la réunion avec la Zelandonia durerait si
longtemps. Je te promets de t’emmener un autre jour mais ce ne sera sans doute
pas demain.
— Ne t’inquiète pas, mère.
Je sais que ces choses avec les Zelandonia prennent du temps. Ils ont passé un
jour entier à nous apprendre des chants, des danses, à nous montrer où nous
placer, quels pas faire. Et puis de toute façon j’ai monté aujourd’hui. Jondi
m’a emmenée.
— C’est ce que m’a dit
Proleva. Je suis contente qu’il l’ait fait. Je sais à quel point tu avais envie
d’aller à cheval, dit Ayla.
— Est-ce que ça fait mal,
mère ? demanda la fillette en montrant du doigt le front d’Ayla.
— Non, en tout cas plus
maintenant. Cela m’a fait un peu mal au début, mais pas trop. Ces marques ont
une signification particulière…
— Je sais ce qu’elles veulent
dire, interrompit Jonayla. Ça veut dire que tu es Zelandoni, maintenant.
— C’est exact, Jonayla.
— Jondi m’a dit que quand tu
aurais ces marques de Zelandoni tu ne serais plus obligée de partir aussi
souvent. C’est bien vrai, mère ?
Ayla ne s’était pas rendu compte
à quel point elle avait manqué à sa fille, et elle éprouva une bouffée de
gratitude envers Jondalar qui avait été là pour s’occuper d’elle et lui
expliquer les choses. Elle tendit les bras pour serrer de nouveau Jonayla
contre elle.
— Oui, c’est vrai. Je serai
encore obligée de m’absenter parfois, mais moins qu’avant.
Peut-être avait-elle également
manqué à Jondalar, à la réflexion, mais quel besoin avait-il eu de se rabattre
sur Marona ? Il avait juré qu’il l’aimait, même après qu’elle les eut
trouvés en pleine action, mais si tel était le cas, pourquoi continuait-il de
l’éviter ?
— Pourquoi pleures-tu,
mère ? demanda la fillette. Tu es sûre que ces marques ne te font plus
mal ? Elles ont l’air enflammées.
— C’est juste que je suis
contente de te voir, Jonayla.
Elle relâcha la fillette et lui
sourit à travers ses larmes.
— J’allais oublier de te
dire : nous allons rendre visite au campement des Lanzadonii et dîner avec
eux ce soir.
— Avec Dalanar et
Bokovan ?
— Oui, et aussi avec
Echozar, Joplaya, Jerika. Tout le monde.
— Et Jondi viendra, lui
aussi ?
— Je ne sais pas, mais je
pense que non. Il a dû partir.
Ayla se détourna brusquement et,
apercevant le panier à vêtements de sa fille, commença à fouiller dedans. Elle
ne voulait pas que sa fille la voie se remettre à pleurer.
— Il va faire un peu froid
quand la nuit va tomber : veux-tu prendre quelque chose de chaud pour te
changer ?
— Je pourrai mettre la
nouvelle tunique que Folara a faite pour moi ?
— Très bonne idée, Jonayla,
très bonne idée.
35
De loin, Ayla crut d’abord que
c’était
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