Le pays des grottes sacrées
Jondalar qui se dirigeait vers elle, portant quelque chose, sur le
chemin le plus emprunté reliant les campements de diverses Cavernes amies. Elle
sentit aussitôt son estomac se nouer. La taille de l’homme, la forme de son
corps, sa façon de marcher lui étaient familières, mais lorsque celui-ci se
rapprocha elle constata qu’il s’agissait de Dalanar, qui portait Bokovan.
Dalanar vit tout de suite les
striures noires sur le front d’Ayla. Celle-ci remarqua son air surpris, puis
son effort manifeste pour éviter de regarder le haut de son visage, et ce n’est
qu’alors qu’elle se les rappela. Comme elle-même ne les voyait pas, elle avait
tendance à les oublier.
Est-ce pour cette raison que
Jondalar a une conduite si étrange ? se demanda Dalanar. Quand il avait
invité le fils de son foyer à venir dîner chez les Lanzadonii en compagnie
d’Ayla et de Jonayla, il avait été surpris par l’hésitation de Jondalar, et
plus encore par son refus. Il avait prétexté avoir déjà accepté une autre
invitation, mais avait eu l’air troublé et embarrassé, comme s’il avait cherché
une excuse pour ne pas se joindre à eux ce soir-là. Dalanar se rappela les
raisons que lui-même avait trouvées en son temps pour quitter une femme qu’il
aimait. Mais je n’aurais pas cru que le fait qu’elle devienne Zelandoni
l’aurait gêné, se dit-il. Jondalar semblait toujours fier des talents de
guérisseuse d’Ayla, se contentant pour sa part de manier le silex en virtuose
et de former ses apprentis.
— Je peux te porter un
moment, Bokovan ? proposa Ayla. Dalanar aimerait bien se reposer un peu,
ajouta la jeune femme avec un sourire en tendant les bras au garçonnet.
Celui-ci hésita un moment avant
d’accepter son invite. En le soulevant, elle remarqua une fois de plus à quel
point il était lourd. Ayla portant Bokovan, Dalanar donnant la main à Jonayla,
le quatuor prit alors la direction du campement des Lanzadonii, Loup fermant la
marche.
L’animal paraissait se trouver
parfaitement à son aise dans un important rassemblement d’humains, ceux-ci ne
semblant pas de leur côté se préoccuper outre mesure de sa présence. Ayla avait
toutefois remarqué que les Zelandonii prenaient un plaisir tout particulier à
voir la réaction des visiteurs ou des étrangers qui n’avaient pas l’habitude de
voir un loup se déplacer si tranquillement au milieu d’êtres humains.
À leur arrivée, Joplaya et Jerika
vinrent les accueillir, et Ayla remarqua là encore leur air surpris et leurs
tentatives – assez maladroites – pour ignorer les striures
qui marquaient désormais son front. Malgré la tristesse persistante qui
affectait à l’évidence la superbe jeune femme à la chevelure noire que Jondalar
appelait sa cousine, Ayla remarqua le sourire radieux et la lueur qui illumina
ses beaux yeux verts lorsqu’elle prit son fils dans ses bras. Joplaya
paraissait être plus détendue, mieux accepter sa nouvelle vie, et sincèrement
ravie de voir Ayla.
Jerika elle aussi l’accueillit
avec chaleur.
— Laisse-moi porter Bokovan,
dit-elle à Joplaya, prenant l’enfant des bras de sa mère. Je lui ai préparé de
quoi manger. Va donc faire un tour dans le campement avec Ayla.
Celle-ci s’adressa directement au
garçonnet :
— Je suis contente de
t’avoir rencontré, Bokovan. Tu viendras bientôt me rendre visite ? Je suis
de la Neuvième Caverne, tu sais où elle se trouve ?
L’enfant la regarda un moment,
puis proféra avec le plus grand sérieux :
— Voui.
Ayla ne put s’empêcher de
remarquer à la fois les ressemblances et les différences entre Jerika, Joplaya
et Bokovan avant que sa grand-mère ne l’emporte. L’aïeule était trapue, ses
mouvements vifs et énergiques. Sa chevelure, jadis aussi noire que la nuit,
était désormais striée de mèches grises. Son visage, rond et plat, aux
pommettes saillantes, laissait maintenant apparaître de nombreuses rides, mais
ses yeux noirs et bridés pétillaient de charme et d’esprit.
Ayla n’avait pas oublié Hochaman,
l’homme qui avait été le compagnon d’Ahnlay, la mère de Jerika. C’était un
grand voyageur, et sa compagne avait décidé de le suivre dans ses pérégrinations.
Jerika était née en route. Ayla se rappela Dalanar racontant fièrement au
visiteur S’Armunaï le long voyage d’Hochaman depuis les Mers Infinies de l’Est
jusqu’aux Grandes Eaux de l’Ouest. Elle se dit que, alors même que
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