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Le peuple du vent

Le peuple du vent

Titel: Le peuple du vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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nous essayerons de nommer son contenu. Il n’y a pas tant de poisons violents dans nos pharmacopées.
    — Allons-y !
    À ce moment, la porte de la chapelle s’ouvrit et le jeune Mauger entra.
    — Oh, pardon ! s’excusa-t-il. Je ne savais pas qu’il y avait du monde. Je cherchais un peu de paix.
    Hugues se plaça devant la table de façon à dissimuler la fiole et le poisson mort.
    Frère Baptiste alla à la rencontre de l’intrus et le prit par les épaules :
    — Pardonnez-nous, cher Mauger, mais pourriez-vous revenir dans un petit moment ? J’allais fermer la chapelle.
    Le jeune homme se laissa entraîner sans protester vers la sortie et s’assit sur un banc de pierre non loin de là. Sa soeur l’y rejoignit bientôt, prenant la même posture que lui, la tête dans les mains.
    Baptiste tourna la grande clef dans la serrure en murmurant :
    — Il attend dehors avec la petite Clotilde. Il va falloir faire vite ou tout cela paraîtra étrange. C’est la première fois que je me sers de cette clé depuis que je suis à Pirou. Le lieu de Dieu doit rester ouvert à tous de jour comme de nuit.
    Puis, se tournant vers les autres :
    — Allons.
    Mais Hugues ne l’avait pas attendu. Il avait ôté le bouchon et il versa le liquide dans une coupe donnée par Aubré. La couleur était légèrement verte, un vert très pâle qu’un oeil non exercé n’aurait pas remarqué. Hugues porta la coupe à ses narines, puis la fit passer à l’apothicaire.
    — Il y a là du sirop d’opium, mais autre chose aussi, fit ce dernier. Qu’en pensez-vous ?
    — Je suis d’accord pour l’opium. Mais le poison ?
    — Je ne suis pas sûr. Ce n’est point là l’odeur de la jusquiame...
    — Pour l’avoir rencontré dans les Pouilles, je crois avoir deviné. Avez-vous quelque bête malade ? demanda Hugues à Baptiste. Je reconnaîtrai les symptômes.
    — Je... Oui, le chien du forgeron. La pauvre bête est au plus mal et je ne sais plus comment la soulager, mais vous n’allez pas...
    — Si. Il le faut.
    Quelques instants plus tard, l’aumônier était revenu avec le chien dans ses bras. Il le posa à terre et l’animal remua faiblement la queue. Aubré se pencha, lui écarta les babines et Hugues y glissa le contenu de la coupelle.
    Sur le moment, il ne se passa rien, puis le chien se mit à trembler. Il se calma soudain et ses yeux se fermèrent. Ils se rouvrirent au bout d’un moment, le chien eut une brève secousse et vomit. Il était mort. Hugues se pencha, observant les prunelles puis le blanc des yeux de l’animal, tâtant ses muscles.
    — Bien sûr, la bête était faible et avec une telle quantité de poison, les réactions ont été plus rapides que sur un humain. Tout est question de quantité et de temps. Mais c’est ELLE , n’est-ce pas ? demanda Aubré.
    — Qui ça, ELLE  ? fit Baptiste que la scène avait remué.
    — La mandragore, murmura le moine blanc. La racine de folie, celle qui hurle quand on l’arrache à la terre !
    — De la mandragore fermentée. Il n’y a pas de poison plus redoutable ! reprit Hugues de Tarse en se tournant vers son élève. À vous maintenant, Tancrède. Souvenez-vous, nous avons étudié ses effets.
    Tancrède avala sa salive. Il jeta un coup d’oeil vers le cadavre du chien puis déclara :
    — Des tremblements, des douleurs à l’estomac, des nausées, un jaunissement des yeux, une perte de mémoire...
    Au fur et à mesure qu’il énumérait les effets de la plante diabolique, sa voix devenait plus grave et tous, en même temps, comprenaient que déjà l’on parlait d’autre chose :
    — Les symptômes les plus violents ressemblent à s’y méprendre à une crise de haut mal... et enfin vient la mort.
    Tancrède se tut. Il n’était plus besoin de mots. Ils revoyaient la crise de haut mal de Muriel, ici même dans la chapelle Saint-Laurent. Baptiste se laissa tomber sur l’un des bancs. Aubré poussa un grondement de rage :
    — Qui a fait ça à Muriel ? Je le savais, bien sûr. Quelque chose dans son visage...
    L’aumônier releva la tête.
    — Il faut prévenir Serlon ! Tout de suite. J’aurais dû lui dire... Mon Dieu !
    Baptiste paraissait si troublé qu’Hugues demanda :
    — Qu’auriez-vous dû lui dire ?
    — Muriel de l’Épine était persuadée que son mal n’était pas naturel. Elle s’en est ouvert à moi à plusieurs reprises. Et moi, pauvre imbécile, je ne l’ai pas écoutée ! Je ne

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