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Le peuple du vent

Le peuple du vent

Titel: Le peuple du vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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sa servante : la Roussette. Tous ceux-là sont venus ici avec elle. Nous pouvons d’ores et déjà éliminer la petite Clotilde, mais il nous reste les autres... plus tous les gens de ce château pouvant avoir eu intérêt ou raison à la mort de votre soeur.
    — Mauger, mon neveu ? La Roussette, cette gamine ? Et qui d’autres encore ?
    — Properce disait : « Il n’est point de haines implacables, sauf en amour. » Votre soeur a été très aimée et de bien des façons. Gardons-nous d’aller trop vite en besogne.
    — Continuez.
    — Vous ne pourrez nommer personne devant le grand justicier de Normandie sans en savoir davantage, reprit Hugues. Je me souviens, quand je vous ai demandé si je pouvais soigner votre soeur...
    — Que ne vous ai-je laissé faire alors ! marmonna Serlon.
    — Ne regrettez rien, il était certainement déjà trop tard. Rappelez-vous, vous m’avez parlé d’une potion qu’on lui administrait...
    — C’est vrai. C’est du moins ce que m’avait dit Ranulphe quand je m’étais étonné de l’état de ma soeur.
    — M’autorisez-vous à faire venir la nourrice Bertrade et la jeune Roussette ?
    — Oui, bien sûr.
    Le sergent revint à ce moment-là et Serlon l’envoya aussitôt à la recherche des femmes. La porte se rouvrit bientôt. La gamine, terrifiée de se retrouver devant le seigneur du château, restait accrochée aux jupes de la vieille nourrice. Cette dernière, qui connaissait Serlon depuis son jeune âge, s’approcha sans crainte.
    — Vous nous avez fait demander ?
    — Oui, Bertrade. Mais ce n’est pas à moi qu’il te faudra parler. C’est au sire de Tarse, ici présent. Réponds-lui avec clarté et toi aussi, la Roussette.
    Tout en restant cramponnée à la nourrice, l’enfant protesta :
    — J’sais pas causer, messire, et j’dois préparer nos coffres. C’est un ordre de mon maître.
    — Il n’y a qu’un maître ici, c’est moi ! Tes coffres attendront !
    C’était sans réplique. La Roussette murmura un « oui » terrifié et se mit à trembler. Hugues s’approcha des femmes et les invita d’une voix douce à prendre place sur les bancs près de l’âtre. Intimidées, elles obéirent. Les flammes leur chauffaient le dos. La voix de l’Oriental était douce :
    — On m’a dit que tu venais du pays d’Houlme, la Roussette ?
    — Oui.
    — On m’a aussi dit que ta maîtresse t’aimait beaucoup.
    Les tremblements avaient cessé. La gamine le regardait, fascinée. Il allait et venait devant elle et les broderies d’or et d’argent de son caftan luisaient doucement.
    — Et je crois que tu l’aimais, toi aussi ?
    — Ça oui, messire !
    La réponse avait jailli d’un coup. Hugues sourit et la Roussette poursuivit :
    — C’est elle qui m’a trouvée, messire. Personne y voulait de moi, à la mort des miens, j’me mourais de froid et de faim.
    Avec le souvenir jaillirent les larmes. Hugues sortit de sa bourse un fin mouchoir de batiste qu’il lui tendit.
    — Ne pleure pas. Et si tu réponds bien à mes questions, je te donnerai ceci.
    Et dans la main de l’Oriental brilla une pièce d’or. La petite se figea, ravalant ses sanglots. Elle n’avait jamais vu le métal jaune autrement que dans une médaille appartenant à sa maîtresse.
    — Elle est pour toi, si tu réponds à mes questions.
    La petite s’essuya les yeux. Elle replia soigneusement le mouchoir et le rendit en reniflant à Hugues.
    — Oui, messire.
    — Comment était ton maître ?
    — Comme un maître, sire.
    Hugues sourit.
    — Tu as raison, je me suis mal exprimé. Comment était-il avec son épouse ? Venait-il la voir souvent ? Passait-il ses nuits avec elle ? Ou bien la délaissait-il ?
    — Oh, ça, non, messire ! protesta la petite rouquine. Pour venir, y venait. Sauf quand l’était pas au château. Encore ici, la nuit avant qu’elle...
    — Bien. Et comment se comporte-t-il avec les femmes du château, ou des environs ?
    — Toutes les servantes sont passées sous lui et les femmes de nos paysans aussi... Il a de la vigueur, le maître.
    — Toi aussi, la Roussette ?
    La petite rougit.
    — Non, j’suis trop maigre.
    Un silence, que Tancrède, se levant, interrompit soudain :
    — Puis-je vous dire quelque chose, mon maître ? Peut-être cela n’a-t-il rien à voir, mais quand la Roussette a dit : «Sauf quand l’était pas au château »... cela m’a rappelé une discussion avec le fils de

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