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Le Peuple et le Roi

Le Peuple et le Roi

Titel: Le Peuple et le Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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représenter et lui proposer
un pacte social et une forme de gouvernement. »
     
    Mais déjà, après seulement quatre jours, les déchirures s’élargissent,
les oppositions – les haines –, les suspicions s’expriment.
    Le mardi 25 septembre, Marat dénonce un complot fomenté
contre lui, contre la députation de Paris.
    Il accuse les Girondins :
    « Le 25 de ce mois, dit-il, est le jour fixé pour
décrier la députation de Paris, écraser Robespierre, Panis – un avocat jacobin,
proche de Danton –, Danton, et faire égorger Marat par le glaive de la tyrannie… »
    Il dénonce « la clique brissotine », qui veut le
faire « égorger par des brigands apostés »… ces deux huissiers
chargés de l’arrêter si on vote contre lui un acte d’accusation. Lui-même a
fait asseoir dans les travées, à la place de députés, des citoyens chargés de l’applaudir.
    Et le président de séance a dû les inviter à quitter « l’enceinte
de la salle ».
     
    La tension est vive.
    Un député, Lasource, déclare qu’il y a un parti qui veut « despotiser
la France » après avoir « despotisé la Convention nationale ».
    On proteste, on s’exclame.
    Lasource poursuit : « Il faut, dit-il, réduire
Paris à un quatre-vingt-troisième d’influence », qu’il ne pèse pas plus qu’un
quelconque des quatre-vingt-trois départements !
    Danton s’insurge.
    « Je n’appartiens pas à Paris, aucun de nous n’appartient
à tel ou tel département. Il appartient à la
    France entière… Je déclare la peine de mort contre quiconque
voudrait détruire l’unité en France. »
    On vote. On proclame que la « République est une et
indivisible ».
     
    Mais les haines et les soupçons demeurent.
    Danton répète qu’il n’est en rien « l’instigateur des
placards et des écrits de Marat ».
    Cet homme-là, martèle-t-il, est « un être nuisible à la
société ».
    Les premiers cris « Marat à la guillotine ! »
se font entendre.
    Robespierre monte à son tour à la tribune.
    Lui aussi prend ses distances avec Marat.
    Il n’a à aucun moment l’intention de faire partie d’un « triumvirat ».
    « Loin d’être ambitieux, j’ai toujours combattu les
ambitieux », assure-t-il.
    On l’interrompt. On murmure. On lui lance : « Abrégez ! »
    Sa voix devient plus aiguë :
    « Je sens qu’il est fâcheux pour moi d’être toujours
interrompu… Je n’abdiquerai point. »
    Il n’est pas applaudi quand il descend de la tribune.
    On attend Marat.
    Le voici, bousculé, entouré de députés qui crient : « À
la guillotine ! À la guillotine ! »
    Il empoigne la tribune. Il disculpe Danton et Robespierre « qui
ont constamment repoussé la dictature ».
    Il est seul coupable d’avoir voulu, pour déjouer les
complots d’une Cour corrompue, « placer la hache vengeresse du peuple
entre les mains d’un dictateur… Et si c’est un crime j’appelle sur ma tête la
vengeance nationale ».
    Il sort de sa ceinture un pistolet et l’appuie sur son front :
    « Je suis prêt à me brûler la cervelle sous vos yeux. »
    L’Assemblée est comme paralysée. Elle ne votera pas la mise
en accusation de Marat, se contentera de ses explications et « passera à l’ordre
du jour ».
    Mais on n’oubliera rien de ce premier débat de la Convention.
     
    Rancœurs, rancunes, humiliations, haines : ces députés
qui, unanimes, ont « aboli la royauté pour la France » et proclamé « la
République une et indivisible », s’infligent des blessures d’amour-propre
qui enveniment, exacerbent les oppositions politiques.
     
    Maximilien Robespierre, vexé par l’accueil presque méprisant
de la Convention, s’est réfugié dans la maison des Duplay.
    Il est, comme chaque fois qu’il est soumis à une tension
trop forte, malade, la tête percée de migraines. Madame Duplay et ses filles
Élisabeth et Éléonore, mais aussi Charlotte, la sœur cadette de Maximilien qui
s’est installée chez les Duplay, « l’entourent de mille soins délicats. Il
est excessivement sensible à toutes ces sortes de choses dont les femmes seules
sont capables ».
    Et Charlotte, qui le note, s’en irrite. « Je résolus de
tirer mon frère de ces mains et pour y parvenir je cherchai à lui faire
comprendre que, dans sa position et occupant un rang aussi élevé dans la politique,
il devait avoir un chez-lui. »
    Augustin Robespierre qui, à vingt-quatre ans, vient

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