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Le Peuple et le Roi

Le Peuple et le Roi

Titel: Le Peuple et le Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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c’est la Montagne.
    Ces Montagnards – Danton, Robespierre, Fabre d’Églantine, Camille
Desmoulins, Collot d’Herbois, Billaud-Varenne, David, Camot, Saint-Just qui, élu
de l’Aisne, est à vingt-cinq ans le plus jeune des députés de la Convention, et
même ce Philippe Égalité ci-devant duc d’Orléans ! –, tous ceux-là pour
les Girondins ne rêvent que de dictature, au nom du salut public.
    Et en outre, s’ils ne soutiennent pas Marat, ils le
protègent.
    Entre Girondins et Montagnards, il y a ces centaines de
députés – peut-être six cents sur sept cent quarante-neuf, dont Sieyès, Cambacérès,
Boissy d’Anglas – qui composent ce qu’avec mépris, les Montagnards ou même les
Girondins appellent la Plaine, le Marais, qui se tassent, se
terrent, « restent immobiles » au moment des grands affrontements, mais
qui composent la majorité de la Convention, et peuvent faire et défaire les pouvoirs
de ceux qui, Girondins ou Montagnards, veulent gouverner la Convention et le
pays.
     
    Les députés à la Convention en ce premier jour s’observent, se
regroupent, là autour de Brissot, ici autour de Danton. Et il y a tous ceux qui
errent, qui arrivent de leurs départements, qui suspectent la députation de
Paris de vouloir imposer tous ses projets.
    Voici Danton qui monte à la tribune.
    Il annonce qu’il veut « résigner les fonctions qui m’avaient
été déléguées par l’Assemblée législative. Je les ai reçues au bruit du canon
dont les citoyens de la capitale foudroyèrent le despotisme. Maintenant que la
jonction des années est faite, que la jonction des représentants est opérée, je
ne suis plus que le mandataire du peuple ».
    C’est le brouhaha.
    Danton tente ainsi de se dégager de ces projets de dictature,
de triumvirat qu’on lui prête, et que semblent confirmer les « placards »
de Marat.
    Danton lève la main, réclame le silence.
    Il faut des lois répressives, dit-il, pour que le « peuple »
ne châtie pas lui-même.
    Il faut que toutes les propriétés soient « éternellement
maintenues ».
    Il faut une nouvelle Constitution, ratifiée par le peuple
dans ses assemblées électorales.
    Et cette Constitution doit décréter que « les personnes
et les propriétés sont sous la sauvegarde du peuple français ».
    On applaudit.
    Le Marais approuve : on veut dans les départements que
les propriétés soient protégées !
    Et à l’unanimité, sur proposition de Collot d’Herbois et de
l’abbé Grégoire, on décide que « la royauté est abolie en France ».
    Et le lendemain, le samedi 22 septembre 1792, Billaud-Varenne
fait voter la proposition selon laquelle tous les actes publics seront, à
partir de ce même jour, datés de « l’An I de la République ».
    Robespierre murmure que la République s’est « glissée
furtivement, de biais, dans nos résolutions ».
    Et le libraire Ruault, qui date sa lettre de « l’an I er de la République », exalte ce régime nouveau et écrit :
    « Le vote a été l’affaire d’un quart d’heure, elle a
passé d’emblée sans discussion ni amendements. De sorte que la chose du monde
la plus importante a été la plus facile à faire. Si tous les membres au nombre
de sept cent cinquante eussent été réunis, il y aurait eu probablement quelque
contradiction. Il semble qu’on ait voulu faire un coup fourré. On y a réussi
jusqu’à présent.
    « J’aime assez le système républicain, poursuit-il, il
bannit la haute morgue de la société, il rend les hommes plus égaux, plus fiers,
le mérite y obtient la récompense qui lui est due… »
     
    Mais on entend peu dans les heures qui suivent crier « Vive
la République ! ».
    Et Gouverneur Morris écrit :
    « Rien de nouveau aujourd’hui, sinon que la Convention
s’est réunie et a déclaré qu’il n’y aurait plus de roi. »
    En fait Louis XVI n’est plus, depuis le 10 août
    1792, que Louis Capet, ci-devant roi de France, ou des
Français.
    La victoire de Valmy, connue à Paris à la veille de l’institution
discrète de la République, a donné un élan originel au nouveau régime.
    « Ce jour de Valmy a été décisif pour le salut de la
patrie, écrit le Journal des hommes libres. Il a procuré le double
avantage de ralentir l’ardeur des Prussiens et d’augmenter celle de nos braves
défenseurs. Et c’est aussi ce jour même que sous de si heureux auspices, se
sont réunis les citoyens élus par le peuple pour le

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