Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Peuple et le Roi

Le Peuple et le Roi

Titel: Le Peuple et le Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
ne le croit pas, quand il prône la « réconciliation »,
l’« explication fraternelle », l’« indulgence ».
    On le soupçonne de duplicité.
    Il couvre les négociations avec Brunswick, au prétexte de
détacher la Prusse de l’Autriche.
    Rêverie, puisque le roi de Prusse n’accepte de négocier qu’avec
le roi de France, et il n’y a plus de roi ! Mais une République.
    Et c’est le même Danton qui lance :
    « Nous avons le droit de dire aux peuples, vous n’aurez
plus de rois… La Convention nationale doit être un Comité d’insurrection
générale contre tous les rois de l’Univers. »
    Et qui après avoir à la fois négocié, évoqué cette
insurrection générale, affirme le 4 octobre 1792 :
    « Je demande qu’on déclare que la patrie n’est plus en
danger… Le principe de ce danger c’était la royauté. Vous l’avez abolie. Loin d’avoir
à craindre pour notre liberté nous la porterons chez tous les peuples qui nous
environnent. »
    Que pense et veut vraiment Danton ?
     
    À Königsberg, en cette fin septembre 1792, le philosophe
Kant apprend que la République est proclamée en France :
    « Maintenant je puis dire comme Siméon : laisse
partir ton serviteur, Seigneur, car j’ai vécu un jour mémorable. »

35
    « Jour mémorable » : la proclamation de la
République française, en cet automne 1792, l’est pour toute l’Europe.
    On regarde avec effroi, sympathie, enthousiasme, émotion, colère
ou mépris, mais jamais avec indifférence, et toujours avec passion, cette
nation puissante, la plus peuplée d’Europe.
    Sa monarchie millénaire, modèle de bien des princes, paraissait
indestructible.
    Mais le peuple a forcé les grilles de Versailles et des
Tuileries. Les privilèges ont été abolis. Les souverains humiliés, emprisonnés.
Et la nation s’est proclamée républicaine. Cataclysme. « Jour mémorable ».
Aussi bouleversant pourtant que le jour où le vieux Juif Siméon découvre que l’enfant
qu’il a porté dans ses bras est le Messie.
     
    Les émigrés français à Coblence, à Londres, à Bruxelles, à
Turin, à Nice, à Pétersbourg enragent, appellent les souverains à la croisade contre
cette populace sacrilège.
    Dans les salons où se réunissent les « esprits éclairés »,
on lit au contraire avec ferveur les journaux, les lettres qui arrivent de
Paris.
    On partage les réflexions du libraire Ruault qui écrit à ses
correspondants, qui comme lui sont lecteurs de Voltaire et de Rousseau, de l’ Encyclopédie, de Beaumarchais :
    « Quels sont les fondateurs de notre République ? Des
gens sans propriétés pour la plupart, des hommes exaspérés, fougueux, sanguinaires,
des demi-brigands. Mais réfléchissez sur l’histoire des Républiques et vous
verrez qu’elles n’ont pas eu d’autres individus pour fondateurs. Rome et Venise
n’ont pas de plus noble origine… Et le système républicain donne l’essor au
génie, au talent… Nous verrons si nous sommes capables de réaliser ce beau système… »
     
    Dans l’entourage des souverains on s’indigne, on s’inquiète.
    Il faudrait arracher vite ce « champignon vénéneux »
qui peut répandre ses poisons dans toute l’Europe.
     
    Le roi de Prusse, Frédéric-Guillaume II, dont les armées
font paisiblement retraite, après que Brunswick et Dumouriez se sont entendus, rompt
toutes les négociations avec ce nouveau régime.
    Mais à Mayence, à Spire, à Francfort, certains chantent La
Marseillaise, arborent la cocarde tricolore, et créent des sociétés de
pensée qui s’inspirent du club des Jacobins.
    Ils attendent les soldats de la République qui avancent, en
entonnant : « Allons, enfants de la patrie », et « Ça ira ».
    Pour ces volontaires, en octobre 1792, « le jour de
gloire est arrivé ».
    C’est comme si la proclamation de la République, après Valmy,
avait donné le branle.
    Le général Anselme traverse le Var, entre à Nice, et sa sœur,
amazone vêtue de bleu-blanc-rouge, caracole à ses côtés, et les quinze cents
soldats sont acclamés par les Niçois, qui se rêvent Jacobins.
    Un Provençal, Barras, ci-devant comte, ancien officier de l’armée
royale, qui fait partie de l’état-major d’Anselme, crée une administration dans
le nouveau département des Alpes-Maritimes, des municipalités, à Nice, notamment,
qui était dit-il « l’un des quartiers généraux de la contre-révolution ».
    Mais il quitte bientôt

Weitere Kostenlose Bücher