Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le piège de Dante

Le piège de Dante

Titel: Le piège de Dante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arnaud Delalande
Vom Netzwerk:
parfois, Marcello me contait ses tourments, comme à ce bon père de San Giorgio Maggiore. Peut-être a-t-il essayé de prendre mon fils... Marcello ! Le Diable était-il déjà en toi ?
    — Qui était cet homme, Arcangela !
    Elle releva les yeux pour la première fois vers Giovanni, l’air affolé. Ses prunelles vibraient d’intensité :
    — Comment, vous ne le savez pas? Il essayait de se déguiser, mais il avait pris l’apparence d’un noble de Venise, je le sais bien! Il est venu à moi dans cette enveloppe charnelle... Je vous parle d’Andreas Vicario, Messer ! L'homme de la Libreria de Canareggio, la Libreria du Diable, la sienne!
    VICARIO !
    Elle répéta ce nom plusieurs fois, puis ses mots s’échouèrent en une plainte terrible, longue et douloureuse.

CHANT XVIII
    Les Hérétiques
    On vint chercher Pietro le lendemain matin, mettant ainsi un terme – provisoire – à une nouvelle nuit d’angoisse. Il reçut l’annonce de Basadonna avec un tel soulagement que, pour la première fois, il en aurait presque béni le gardien. Fregolo et Casanova l’implorèrent de ne pas les oublier, et Viravolta promit d’intercéder en leur faveur, dans la mesure du possible, sitôt que les conditions le permettraient; il reprenait espoir. Tout dépendait à présent de l’entrevue avec Loredan. Pietro retrouva Campioni devant la Salle du Collège. Il faillit tomber dans ses bras lorsque le sénateur lui confia en chuchotant ce que lui avait rapporté Arcangela, quelques secondes avant qu’ils ne soient reçus par le Prince Sérénissime. Celui-ci, cette fois, ne les recevrait plus seul, mais en présence des membres de son Conseil restreint.
    — J’ai dû user de tous les trésors de la diplomatie pour que vous puissiez vous exprimer une dernière fois, dit Giovanni. Mon expérience de la négociation dans les cours d’Europe n’a pas été de trop... Vous n’imaginez pas ce que j’ai dû déployer pour en arriver là. Soyez-en digne, Viravolta, une fois dans votre vie, car ces instants seront pour vous – et peut-être pour moi – sans rémission possible. Loredan n’est pas sot, il sait qu’il a dû vous incarcérer sous la pression du Grand Conseil. Mais il ne vous accordera que quelques minutes avant de vous reconduire au cachot... si nous ne parvenons pas à le convaincre très vite. Plus personne ne veut entendre parler de l’Orchidée Noire. Le Conseil restreint est tout près de crier une nouvelle fois au scandale. Il vous est hostile et n’a donné son accord à cette « faveur » que parce que certains d’entre eux n’ont pas perdu toute estime pour moi et que nous avons des amis communs. Mais l’amitié n’a plus guère de poids dans le jeu politique où nous sommes, et face au danger qui nous guette. C'est aussi ce danger qui les détermine – car enfin, sans Vindicati, sans vous et moi, ils n’ont plus beaucoup d’espoir d’avancer... et la Sensa est pour demain.
    — Vicario, murmura Pietro. Ainsi, ce n’était pas un hasard si l’on m’a conduit dans sa bibliothèque de Canareggio... et c’est sous son toit que l’on a assassiné Luciana ! Vous tenez votre meurtrier, Giovanni. Il faut qu’il paie à présent. Nous allons l’inviter à une autre sorte de bal. Son influence au Grand Conseil et le secret qui entourait alors nos affaires ont suffi à le mettre à l’abri de toutes nos enquêtes. Il a dû follement s’amuser de se poser ainsi lui-même en victime... Mais les livres de sa Libreria laissent assez imaginer la perversité maladive de cet homme. Entre lui, Ottavio et ce mystérieux von Maarken... Reprenons courage, sénateur! L'ennemi commence à avoir un visage. Et pas seulement un, mais plusieurs!...
    — Euh... Certes. Mais n’oublions pas un détail crucial, Viravolta. En dehors de l’esquisse d’un traité fantaisiste, nous n’avons d’autre renseignement que les dires d’une religieuse au bord de la démence. Et je ne parle pas des plans du Panoptique que vous dites avoir vus chez Ottavio. Tout cela ne pèsera pas lourd.
    — Il reste que les choses commencent à concorder. Il faut que le Doge et le Minor Consiglio entendent ce discours.
    Ils parlaient à voix basse, des hommes armés les entouraient. Ils s’écartèrent lorsqu’un autre ouvrit en grand les portes de la Salle du Collège.
    — Son Altesse Sérénissime et le Conseil vont vous recevoir, Messere .
    Pietro et le sénateur échangèrent un regard, puis, d’un même pas, ils

Weitere Kostenlose Bücher