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Le Pré-aux-Clercs

Titel: Le Pré-aux-Clercs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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toujours.
    Tout à coup, un coup de sifflet bref stria dans l’air, troubla le silence.
    Le comte porta vivement la main à la poignée de son épée et se tint sur ses gardes, fouillant l’ombre d’un regard perçant.
    Devant lui, à quelques pas, il entrevit comme un grouillement de larves monstrueuses. Au même instant, il eut l’épée à la main et d’une voix ferme, singulièrement impérieuse, il cria :
    « Passez au large ! »
    Les larves se redressèrent, prirent l’apparence d’êtres humains – si toutefois il est permis de donner ce nom à ces profils de carnassiers en quête – et bondirent en hurlant :
    « La bourse ou la vie ! »
    Le comte de Louve pensa :
    « Ce ne sont que des détrousseurs de grand chemin ! »
    Et il reçut le choc sans faiblir. Car, chose curieuse à laquelle il ne fit pas attention, au lieu de sauter sur sa bourse, comme n’eussent pas manqué de le faire d’honnêtes détrousseurs, ceux-ci le chargèrent aussitôt, avec l’intention manifeste de tuer.
    Malgré ses apparences frêles et délicates, c’était un solide compagnon. C’était de plus un escrimeur de première force, doué d’un poignet de fer, d’une souplesse et d’une agilité surprenantes. Seul, il réussit un moment à tenir en respect les cinq malandrins – car ils étaient cinq.
    Cependant, sa situation était critique. Il le comprit si bien qu’ayant l’orgueil de ne pas crier l’aide, il lança très fort, comme un appel détourné à quelque passant attardé :
    « Au large, truands, au large ! »
    Malheureusement, l’appel resta sans réponse. Et les malandrins redoublèrent d’efforts, s’escrimant silencieusement, avec un acharnement redoutable. Deux ou trois fois il avait eu la sensation que son fer pénétrait dans de la chair. Des jurons étouffés, quelques gémissements sourds l’avaient confirmé dans cette idée que plusieurs de ses coups avaient porté. Mais personne n’était tombé. Il avait toujours devant lui cinq formidables rapières qui ne lui laissaient pas une seconde de répit. Il est vrai qu’il était indemne : rien, pas une écorchure. Mais cela ne pouvait durer longtemps. Il se sentait à bout de souffle. Il se vit perdu, et cette pensée sinistre s’érigea dans son esprit :
    « Oh ! Vais-je donc périr ainsi, misérablement assassiné sur une route, par des truands de basse truanderie ! »
    À ce moment précis, une voix claire lança :
    « Tenez ferme, monsieur, on vient à vous ! »
    Et presque aussitôt deux des malandrins tombèrent assommés. Et Ferrière, qui venait d’intervenir si fort à propos, Ferrière, l’épée et la dague au poing, se dressa à côté du comte et, frappant d’estoc et de taille, dit de sa voix calme et douce :
    « Soufflez un instant, monsieur. Et prenez votre temps, je vous prie… ces drôles ne comptent pas pour un gentilhomme. »
    Le comte ne prit pas son temps comme le lui disait Ferrière. Néanmoins, il souffla : il en avait grand besoin. Il reprit aussitôt sa place auprès de son sauveur et n’attendit pas plus longtemps pour complimenter :
    « Par Dieu ! Monsieur le vicomte de Ferrière, vous êtes décidément un de ces preux chevaliers d’autrefois qui s’en allaient mettant l’appui de leur vaillante épée au service du faible et de l’opprimé.
    – Vous me connaissez, monsieur ?
    – J’étais à l’auberge du Pré quand on vous a nommé… Vous vous étiez acquis alors mon estime. Maintenant c’est à mon éternelle reconnaissance que vous avez droit : sans vous, c’en était fait de François, comte de Louvre, qui se tiendra pour vous très honoré de se dire votre ami.
    – Croyez bien, monsieur, que tout l’honneur sera pour moi. »
    Les truands, effarés de ce calme écrasant de mépris, ne perdaient pas un mot de ce dialogue fantastique en pareille occurrence. Et cela n’empêchera pas l’un d’eux de tomber comme une masse, atteint en pleine poitrine par l’épée du comte qui venait de réussir un coup droit foudroyant.
    Ils étaient deux contre deux. La partie devenait égale. Les deux gentilshommes n’en jugèrent pas ainsi. Voyant que les truands hésitaient, ils relevèrent leurs épées d’un même geste et prononcèrent en même temps :
    « Allez, drôles !…
    – Nous vous faisons grâce de la vie !… »
    Ils allaient rengainer : les deux coupe-jarrets louchaient terriblement à droite et à gauche, comme des gens qui cherchent

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