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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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de replonger dans la blancheur et de retrouver les voix qui l’y attendaient.
    William se raidit soudain en entendant des pas. Il huma l’air et sentit la fétidité caractéristique des crottes de cochon. Il resta immobile. Les cochons sauvages pouvaient être dangereux quand ils avaient peur.
    Il y eut des grognements, encore des pas, le bruissement de corps lourds contre les branches de houx yaupon. Ils étaient plusieurs et progressaient lentement. William se redressa, le dos droit, tournant la tête de tous côtés, essayant de localiser l’origine exacte des bruits. Aucune créature ne se déplacerait dans un tel brouillard… à moins de suivre un chemin précis.
    Le marais était sillonné de pistes tracées par des cerfs et empruntées par toutes sortes d’animaux, des opossums aux ours bruns. Ces pistes suivaient des trajectoires complexes et aléatoires. On ne pouvait être sûr que de deux choses : elles menaient à un point d’eau ; elles ne conduisaient pas à une fondrière. Pour William, cela suffisait amplement.
    Il savait aussi que sa mère était téméraire. Il revoyait sa grand-mère secouant tristement la tête et déclarant en le dévisageant : Elle était toujours si imprudente, si impulsive ! Tu es exactement comme elle. Que Dieu nous aide !
    Il saisit sa lance, se leva et décréta à voix haute :
    — Téméraire peut-être, mais je ne suis pas mort. Pas encore.
    Il y avait autre chose qu’il avait appris très tôt : rester sur place quand on était perdu n’était une bonne idée que si quelqu’un vous cherchait.

37
    Purgatoire
    Il trouva le lac trois jours plus tard aux alentours de midi.
    Il venait de traverser une cathédrale de cyprès chauves, leurs troncs immenses se dressant hors du sol inondé telles des colonnes. Affamé, fiévreux, William avait de l’eau jusqu’à mi-mollet.
    L’air était immobile, l’eau également. Il était seul à se mouvoir, environné par des nuées d’insectes. Ses paupières étaient enflées par les piqûres de moustiques et le pou dans ses culottes avait été rejoint par des puces et des rougets. Les anax qui fusaient ici et là piquaient moins que les myriades de petites mouches mais le tourmentaient à leur façon, attirant sans cesse son regard avec les éclats d’or, de bleu et de rouge étourdissants projetés par leurs ailes diaphanes et leurs corps brillants.
    La surface lisse du marais reflétait si parfaitement les troncs qu’il avait la sensation d’être en équilibre précaire entre deux mondes miroitants, ne sachant plus où était le bas ni le haut. Le soleil filtrait à travers les hautes branches des cyprès une vingtaine de mètres au-dessus et au-dessous de lui. Les nuages qui glissaient paresseusement lui donnaient la sensation constante d’être sur le point de tomber.
    Il avait extirpé le gros de l’écharde fichée dans son avant-bras mais il restait des éclats de bois sous sa peau. Son bras l’élançait, tout comme sa tête. La fraîcheur et le brouillard avaient disparu comme par enchantement et il marchaitlentement dans une étuve où plus rien ne bougeait. Ses globes oculaires le cuisaient.
    S’il gardait les yeux fixés sur les remous provoqués par ses bottes, l’effet de miroir se dissipait et il retrouvait son équilibre. En revanche, dès qu’il regardait les libellules, il vacillait. Elles lui faisaient perdre ses repères car elles semblaient n’appartenir ni à l’air ni à l’eau mais aux deux en même temps.
    Une étrange dépression apparut dans l’eau à quelques centimètres de son mollet droit. Il cligna des yeux puis distingua l’ombre ondulant sous la surface. Une tête pointait, triangulaire, maléfique.
    Il s’arrêta net, retenant son souffle. Heureusement, le mocassin poursuivit sa route.
    Il l’observa s’éloigner en se demandant s’il était comestible. De toutes les manières, la lance était inutilisable. Il avait quand même pêché trois grenouilles avant que le trident ne se brise. Petites mais pas si mauvaises en dépit de la consistance caoutchouteuse de leur chair crue. Son estomac vide gronda et il lutta contre l’impulsion démente de plonger derrière le serpent, de le rattraper et de le mordre à pleines dents.
    Quelque temps plus tard, la surface commença à s’agiter. D’innombrables vaguelettes clapotaient contre les troncs gris-brun, dissipant le reflet des arbres et des nuages. Il releva la tête et vit le lac.
    Il était beaucoup plus grand

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