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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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éternité d’errance, avançant précautionneusement en crabe, posant un pied, attendant de voir s’il se passait quelque chose, puis posant l’autre, s’arrêtant chaque fois qu’il rencontrait un arbre, pressant ses feuilles contre sa bouche et son nez pour l’identifier, il trouva un petit taillis de jeunes aulnes.
    Il palpa les troncs minces, en choisit un de deux à trois centimètres de diamètre, planta solidement ses talons dans le sol, le saisit des deux mains et l’arracha de terre. L’aulne se détacha en faisant retomber sur lui une pluie de feuilles mouillées ainsi qu’un corps lourd qui rampa sur sa botte. William poussa un cri et frappa les racines contre le sol mais le serpent avait déjà fui depuis longtemps.
    Il détacha la poêle et tapota la terre autour de lui. Ne percevant aucun mouvement suspect et estimant la surface relativement ferme, il retourna son ustensile et s’assit dessus.
    Le bois à quelques centimètres de son visage, il y voyait suffisamment pour ne pas se blesser et, au prix d’un travail considérable, il parvint à écorcer le tronc pour s’en faire une lance d’environ deux mètres. Il s’attela ensuite à tailler une extrémité en une pointe effilée.
    Le Great Dismal était dangereux mais il regorgeait de gibier. C’était ce qui attirait les chasseurs. William n’avait pas l’intention de s’en prendre à un ours ou un cerf avec sa lance de fortune mais il était raisonnablement doué pour la chasse à la grenouille, ou l’avait été. Un palefrenier sur le domaine de son grand-père lui avait appris comment faire et il l’avait souvent pratiquée avec son père en Virginie. Certes, il n’avait guère eu l’occasion de s’entraîner au cours des dernières années à Londres mais il était à peu près sûr de ne pas avoir perdu la main.
    Il entendait les grenouilles autour de lui, coassant gaiement et indifférentes au brouillard.
    — Brekekekex coax coax ! Brekekekex coax coax ! Filles marécageuses des eaux…
    Les grenouilles ne semblèrent guère impressionnées par sa citation d’Aristophane.
    Il testa la pointe de sa lance du bout du doigt. Dans l’idéal, elle aurait dû se terminer par un trident… Qu’à cela ne tienne. Il avait tout son temps.
    Concentré au point de se mordre la langue, il confectionna deux autres pointes. Il envisagea un instant de les fixer sur sa lance avec des bandes taillées dans de l’écorce de genévrier puis opta pour la simplicité en déchirant une bande au bas de sa chemise.
    Il avait perdu son briquet à amadou mais, compte tenu de l’état du sol, même une foudre telle qu’il en avait vu tomber la veille n’aurait pu allumer un feu. D’ailleurs, le temps que le soleil fasse enfin son apparition et qu’il ait pêché une grenouille, il serait sans doute affamé au point de la manger crue.
    Il trouva cette pensée paradoxalement réconfortante. Il ne mourrait pas de faim ni de soif. Etre dans ce marécage, c’était comme de vivre dans une éponge.
    Il n’avait pas de plan, uniquement conscience que le marécage était immense mais pas infini. Une fois qu’il aurait le soleil pour le guider, il suivrait une ligne droite jusqu’à rencontrer un terrain ferme ou le lac. Et s’il trouvait le lac, Dismal Town se dressant sur son bord, il lui suffirait de longer le rivage pour y arriver tôt ou tard.
    Donc, à condition de ne pas s’embourber, de ne pas se faire dévorer par une bête féroce, de ne pas être mordu par un serpent venimeux, de ne pas être contaminé par les eaux putrides et les miasmes du marécage… tout se passerait bien.
    Il vérifia les attaches de son trident, les testa en plantant sa lance dans le sol, constata avec satisfaction qu’elles étaient solides. Il ne lui restait plus qu’à attendre que le brouillard se lève.
    Il ne semblait guère disposé à le faire. Il avait même épaissi. William voyait à peine ses doigts en les tenant à quelques centimètres de son visage. Avec un soupir, il resserra la toile autour de son cou, posa sa lance à ses côtés et s’adossa tantbien que mal aux troncs des jeunes aulnes. Les genoux serrés contre son torse afin de se réchauffer, il ferma les yeux pour ne plus voir cette blancheur.
    Les grenouilles s’en donnaient toujours à cœur joie. Maintenant qu’il était inoccupé, il entendait les autres bruits du marécage. La plupart des oiseaux étaient silencieux, attendant comme lui que le brouillard se dissipe, mais,

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