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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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transporter à Séville !
    D’un regard, elle le remercia d’avoir compris sa pensée.
    Ce fut tout.
    Ils échangèrent encore quelques mots pour convenir que l’hôtel d’Arronces, en l’absence de Léonor et jusqu’à ce que Clother revînt d’Espagne, garderait son habituelle physionomie et continuerait à être habité par les serviteurs, sous la direction de Jacques Aubriot qui, seul, serait mis dans la confidence.
    Et puis ils se séparèrent.

XVIII
 
LE PORC QUI TUAIT LES MOUCHES À CENT PAS
    Clother de Ponthus quitta l’hôtel d’Arronces en cet état d’esprit qui fait qu’il n’y a plus rien d’impossible. Rares et précieuses minutes de confiance, d’espoir, de bonheur.
    En passant devant l’hôtel Loraydan, il vit un homme qui le considérait avec un craintif respect. C’était Brisard, le valet de Loraydan. Brisard, devant le portail de l’hôtel prenait sa récréation, qui était de regarder à droite et à gauche dans le chemin de la Corderie, pour voir s’il n’apercevrait pas quelque écu qui lui permît de se rendre aussitôt au cabaret du Bel-Argent. C’était sa distraction favorite. Et il fallait qu’il y mît une certaine patience, car jusqu’ici il n’avait jamais entrevu le moindre ducaton sur la chaussée. Brisard, donc, se trouvait sans argent, fouillait des yeux les replis de terrain, et en lui-même philosophait sur la malicieuse habitude qu’ont les écus de ne pas se promener sur le chemin de la Corderie, perverse habitude que d’autres ont pu constater en d’autres rues. Brisard vit venir Clother de Ponthus, le reconnut et frémit. Il salua et recula.
    Clother vint à lui :
    – N’es-tu pas le valet du comte de Loraydan ?
    – Si fait, monseigneur, je le suis.
    – Me connais-tu ?
    – Bon sang, oui ! Pourtant, vous n’avez plus cette figure pâle. Quant à savoir comment vous êtes sorti, monseigneur, je n’y suis pas arrivé. Le pis de tout, c’est que je n’ai jamais su comment vous étiez entré. Est-ce que vous voulez entrer encore ?
    – Non, fit Clother en riant. À moins que ton maître ne soit là et ne consente à venir mesurer son épée avec la mienne.
    – Monsieur le comte n’est point à l’hôtel, dit Brisard. Je ne le vois que de loin en loin. De quelques jours de dur servage par an, je paie pour le reste du temps une liberté qui me plaît, le droit de parler, d’aller, venir à ma guise, dormir une partie du jour et passer l’autre à ne rien faire, et, quand je suis fatigué, aller me reposer au cabaret proche. Mais pour en revenir à votre visite, que dois-je en dire à mon maître ?
    – Eh bien ! je t’en laisse le choix et t’en fais arbitre.
    – Je ne dirai donc rien, mon gentil sire.
    – Et pourquoi ? Voyons un peu ton idée.
    – La voici, tout franc, monsieur : je ne sais pas pourquoi, mais je serais fâché qu’il vous arrivât malheur. Vous me parlez tout comme si vous n’étiez pas gentilhomme, ou comme si je l’étais moi-même. Vos yeux ne sont pas méprisants, et votre voix m’est une consolation. Au fait donc, je vous souhaite tout le bonheur que vous pouvez désirer. Si vous en croyez mon humble avis, vous vous tiendrez sur vos gardes. S’il ne s’agissait que d’un combat à l’épée je n’aurais rien à dire, mais… le sire de Loraydan a plus d’une manière de toucher un ennemi, et parmi ces manières, l’épée n’est pas la plus dangereuse…
    – Je le sais ! frissonna Ponthus.
    – Vous le dites, monsieur, parce que vous pensez à la chambre close où vous avez eu faim et soif. Mais vous ne savez pas, non, vous ne savez pas !
    – Eh bien ! dis-moi ce que je ne sais pas !
    – Vous ne savez pas que le sire de Loraydan est grand favori du roi – que Dieu garde Sa Glorieuse Majesté ! – Vous ne savez pas que Mgr de Loraydan n’aurait qu’un mot à dire au roi sur quelqu’un, et que le quelqu’un tout aussitôt, s’en irait pourrir dans quelque basse-fosse du Temple, du Châtelet ou de la Bastille Saint-Antoine. Et ce n’est pas tout ! Le seigneur de Croixmart est l’ami intime du comte de Loraydan !
    – Qu’est-ce que le seigneur de Croixmart ? demanda Ponthus.
    – C’est la mort, monsieur ! C’est le soupçon, c’est la ruine, c’est la dévastation. C’est la prison. C’est la peste et la malédiction. C’est la torture dans la salle des questions, les membres brisés, les os rompus. C’est le pilori, c’est le gibet. Le seigneur de

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