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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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renovare… mais que Léonor n’en écouta pas moins avec un vif intérêt.
    Ce que nous devons noter ici, c’est que la fille du commandeur apprit, sinon sans émotion, du moins sans étonnement, que Clother de Ponthus s’était tiré de la bagarre – sain et sauf, disait l’intendant. De même, durant les quelques heures qu’elle passa près de Bérengère, et dans le moment où on se battait dans le parc, elle ne craignit pas pour la vie de Clother.
    Ce n’est pas qu’une sorte de prescience lui montrât déjà le jeune gentilhomme hors de tout péril. Ce n’est pas qu’une sorte de foi obscure en sa destinée lui criât que Clother ne mourrait pas cette nuit-là.
    Mais elle vivait dans un état d’exaltation que nul, à la voir si brave et si souriante, n’eût pu soupçonner.
    Dans cette journée, et la nuit qui suivit, et une partie du lendemain, son esprit tourna autour de la même interrogation :
    « Pourquoi l’homme qui a mis Agnès de Sennecour dans le cercueil s’appelait-il Philippe de Ponthus ? Pourquoi est-ce l’homme qui a été le père de Clother de Ponthus qui mit au cercueil Agnès, morte d’avoir été trompée par le roi de France ? »
     
    Le lendemain donc, Léonor d’Ulloa se dirigea vers la chapelle, attirée par une invincible curiosité, ou par ce qu’elle croyait être de la curiosité.
    L’intendant la salua au passage et lui annonça victorieusement qu’il avait mis l’hôtel d’Arronces en état de défense : les serviteurs armés jusqu’aux dents, des rondes d’heure en heure, la grille du parc fermée et gardée.
    – Désarmez les serviteurs, dit tranquillement Léonor, faites cesser les rondes, laissez la grille ouverte à tout venant. Lorsque le seigneur de Ponthus viendra, vous lui direz que je l’attends à la chapelle. Allez, et soyez rassurés tous.
    L’intendant fut consterné, mais il obéit, tout en murmurant :
    – La grille ouverte à tout venant ! Moi, je la fermerais même à Sa Majesté si elle venait les mains chargées de présents… timeo Danaos et dona ferentes… et d’autre part nous lisons dans le grand Homerus que le sage Ulysse…
    Léonor était dans la chapelle, devant le tombeau du commandeur Ulloa et elle songeait :
    « Là, sous quelqu’une de ces dalles se trouve la cassette de fer que le sire de Ponthus venait chercher pour y trouver l’histoire et le nom de sa mère, l’histoire et le nom de son vrai père…
    Elle eut là une longue rêverie étrange, et la surexcitation de sa pensée s’amplifiait, et le roulement de tonnerre s’intensifiait… elle entendit soudain des pas derrière elle.
    Elle se retourna et vit Clother qui s’inclinait.
    – Soyez le bienvenu, dit-elle. Je suis heureuse de vous revoir, après cette rude algarade, plein de vie et de force.
    Elle tendit sa main sur laquelle il n’osa pas se pencher, mais qu’il pressa timidement du bout des doigts.
    – Cette force, dit-il, je suis content de l’avoir conservée, car je vais en avoir besoin pour vous défendre, si besoin est, au cours du voyage que vous allez entreprendre.
    – Quel voyage ?
    – Le voyage à Séville. Je vous escorterai jusque-là, si vous acceptez de vous placer sous la protection de l’épée de Ponthus. En Espagne, vous n’aurez plus rien à redouter du comte de Loraydan qui veut votre perte pour des raisons que j’ignore. Tant que vous êtes à Paris, il n’y a pas d’autre espoir que dans la mort de cet homme. Je le tuerai. Je reviendrai pour cela quand vous serez en sûreté parmi les vôtres. Pourquoi je ne le tue pas tout de suite ? Je l’ai provoqué, il refuse le combat. Et puis, un coup d’épée vaut un coup d’épée. Il peut me blesser, me tuer. Et vous êtes alors à sa merci. Je suis venu vous demander de me donner toute liberté d’esprit nécessaire. Si ma mort ou ma vie, ajouta-t-il d’une voix tremblante, peuvent exciter en vous quelque intérêt, je vous supplie d’entendre et d’exaucer ma prière : partez, madame, partez.
    – Quand dois-je partir ?
    – Soyez prête, dit-il, ce soir même à onze heures. Je viendrai vous chercher et vous conduirai à la porte du Temple où une litière de voyage vous attendra. De cette façon, nul ne pourra rien remarquer aux abords de l’hôtel d’Arronces…
    – Ce soir, à onze heures, je serai prête, dit Léonor. Et elle jeta un coup d’œil sur le tombeau.
    – Le cercueil du commandeur ! fit vivement Clother. Je le ferai

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