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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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décadenassa la chaîne pour que le prisonnier pût s’écarter de l’escabeau. À l’instant, Clother fut entouré par les aides. La main du bourreau s’abattit sur l’épaule du condamné. Cela forma un groupe silencieux, silhouettant des gestes d’une formidable précision et qui s’avança sur le chevalet de torture… plusieurs des gentilshommes présents fermèrent les yeux pour ne pas voir…
    À ce moment la porte de la chambre des questions s’ouvrit, un officier parut et cria ces mots qui retentirent comme un coup de tonnerre :
    – Messager pour le roi !

XXXI
 
AGNÈS DE SENNECOUR
    Et tous virent entrer le messager… la messagère !
    Une jeune femme vêtue de deuil, mais le visage découvert, s’avança d’un pas ferme jusqu’à François I er … et Clother de Ponthus joignit les mains comme devant une vision d’amour, et les gentilshommes eurent un murmure d’admiration pour cette beauté vivante qui venait d’illuminer la sombre caverne de torture et de mort. Et François I er murmura :
    – Léonor ! Léonor d’Ulloa !…
    Presque aussitôt, il se reprit, fronça les sourcils et, sur son visage contracté, les courtisans purent voir les signes certains d’un furieux accès de colère qui allait éclater.
    – Quel message nous apportez-vous ? demanda-t-il rudement. Parlez et faites vite. Surtout n’espérez point, par je ne sais quelle impudente manœuvre qui ferait de vous une rebelle avérée, interrompre le cours de la justice. Remettez-nous votre message, et puis retirez-vous !
    Tandis que le roi parlait ainsi, ses yeux hagards se fixaient sur un objet que Léonor portait dans ses bras… une cassette de petite dimension.
    Léonor s’inclina devant François I er .
    Et ceux qui la regardaient avaient peine à dissimuler l’admiration que leur inspiraient la modestie, la simplicité de son maintien, la grâce de ses mouvements.
    – Sire, dit-elle, à Dieu ne plaise que je veuille interrompre ou retarder le cours de la royale justice. Je veux au contraire l’aider de toutes mes forces, et je suis venue vous dire ainsi qu’à cette assemblée, que pour instruire et terminer le procès du seigneur de Ponthus, il manque un témoin…
    – Nous avons entendu tous les témoins ! cria le juge d’une voix méchante.
    – Silence ! gronda François I er . Nous consentons à entendre ce témoin qui, sans doute, n’est autre que vous-même, Léonor d’Ulloa…
    – Non, Sire ! Je ne suis pas le témoin.
    – Eh bien, produisez-le, en ce cas. Faites-lui savoir qu’il peut venir !
    – Le témoin est ici, Majesté. Il est entré en même temps que moi…
    Les assistants se regardèrent étonnés. Un même frisson les parcourut. Car ils voyaient clairement que Léonor était porteuse de quelque redoutable mystère.
    Chacun aussi put voir alors que cet accès de fureur qu’ils avaient prévu chez le roi se dissipait, chacun put s’étonner : le roi tremblait… le roi pâlissait visiblement.
    – Ce témoin… ce témoin que vous dites… nommez-le donc !
    Léonor d’Ulloa se redressa, et d’une voix que sa simplicité rendait terrible :
    – Le témoin, Sire, vous le connaissez. Il vous a écrit. Et déjà vous savez son nom… Dois-je le prononcer ?
    – Dites-le ! Dites-le ! gronda le roi dans une sorte de rage de défi. Dites ce nom !
    – Agnès de Sennecour !
    – Agnès de Sennecour, râla François I er .
    Le roi parut se ressaisir et se ramasser. Il secoua rudement la tête, et, oublieux de cette politesse raffinée qu’il témoignait à toutes les femmes :
    – Vous mentez ! dit-il. Celle que vous dites est morte !
    – Sire, elle est morte, c’est vrai !
    – Elle ne peut donc témoigner ! Elle ne peut parler !
    – Elle peut témoigner, Sire ! La morte va parler ! La morte parle !
    Il y eut un long frémissement dans cette assemblée.
    Léonor s’avança…
    Mais cette fois, ce n’est pas vers le roi qu’elle marchait de son pas souple et gracieux, c’était vers celui qu’elle aimait, vers celui qu’avec toute sa vaillance d’âme, elle avait entrepris d’arracher au bourreau, à la mort.
    – Seigneur de Ponthus, dit-elle, j’ai demandé au tombeau du commandeur Ulloa le secret que vous étiez venu lui demander vous-même.
    – Léonor ! cria Clother d’une voix déchirante.
    – Monseigneur, voici la cassette de fer que Philippe de Ponthus vint jadis enfouir sous les dalles de la chapelle de l’hôtel

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