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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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ses serviteurs et servantes et les congédia.
    Ceci se passait le troisième jour après la fuite du comte de Loraydan par la galerie souterraine.
    Pendant tout ce laps de temps, Turquand n’avait pas mangé. Nul de ceux qui l’avaient approché n’eût pu le reconnaître. Il n’y avait plus de vivant en lui que les deux yeux qui brillaient d’un funeste éclat au fond des orbites.
    Lors donc qu’il en eut fini avec les soins divers dont nous venons de parler, Turquand pénétra dans la chambre de Bérengère, approcha un fauteuil contre l’armoire de fer, s’y installa commodément comme pour dormir et appuya sa tête, son oreille à la porte de l’armoire.
    Et d’une voix ferme, il appela :
    – Comte de Loraydan, êtes-vous là ? Comte de Loraydan, m’entendez-vous ?…
    De longues minutes se passèrent… une heure peut-être. De temps en temps, il renouvelait son appel.
    À la fin, quelque chose comme un sourire vint errer sur les lèvres blanches de Turquand. Il venait de percevoir un bruit, oh ! un bruit léger que lui seul pouvait entendre.
    – Il est là, le noble comte… Je l’entends dans le caveau… Que fait-il ? Ho ! Est-ce qu’il s’en va ?… Non, non, grâces au ciel, le voici qui monte… Il se traîne de marche en marche… il monte, il monte, il monte !… Ah ! que son pas est faible et chancelant… Allons, un peu de courage, que diable… il monte… le voici arrêté… Est-ce qu’il va me faire l’affront de mourir tout de suite ?… Non, le cher ami ; le voici qui se traîne… le voici contre la porte… Ah ! il frappe ! il frappe ! comme il a frappé hier et avant-hier… Ho ! ne frappe donc pas si fort, je ne suis pas sourd, va !… comte, cher comte, est-ce vous ?
    Une voix grelottante, une voix ténue et mince et qui semblait si lointaine, bien que toute proche :
    – Est-ce vous, messire Turquand ?
    – Oui, oui. Que voulez-vous ?
    – Ouvrez-moi. Vite, vite, par pitié. Je me meurs…
    – Ho ! Vous mourez ? Et de quoi mourez-vous donc ? Si jeune et robuste, vous avez encore de longs jours devant vous.
    – Je vous dis que je meurs de faim et de soif !… Je vous dirai que je meurs !…
    – Comte de Loraydan, dit Turquand, je meurs, moi aussi, de faim et de soif. Et d’autres choses encore. Tenez-vous donc tranquille, n’usez pas vos poings sur ce fer.
    – Que veux-tu dire, démon ?…
    – Maudit ! Maudit ! Que me veux-tu ?…
    – Ce n’est pas moi ! Ce n’est pas moi ! hurla la voix.
    – Ne m’assourdissez pas ! dit Turquand. Écoutez bien. Si vous aviez vous-même frappé Bérengère, peut-être eussé-je trouvé non une excuse mais une explication à l’assassinat. Vous l’avez forcée à se frapper elle-même, et cela vois-tu, c’est le plus effroyable des meurtres…
    – Maudit ! Maudit ! Que me veux-tu ?…
    – Je veux que tu meures damné, je veux que tu meures maudit toi-même, d’une mort lente, heure par heure, minute par minute. Je veux que tu saches bien que c’est moi, Turquand, qui te fais mourir. Va, maintenant, va ! Je ne te parle plus. Je ne te réponds plus. S’il te reste un peu de force, frappe-toi comme s’est frappée Bérengère, d’un bon coup, au bon endroit. Adieu.
    Il se tut, mais il demeura la tête appuyée contre l’armoire de fer, écoutant le tumulte des coups frappés, des soupirs de détresse et de rage, des malédictions de la voix grelottante et plus faible.
    Puis tout se tut…
    Soupirant et grognant des choses bizarres, des paroles insensées comme on en a dans les rêves d’épouvante, le spectre, d’un pas tremblant, commença à redescendre l’escalier.
    Une fois encore il parcourut la galerie.
    Une fois encore il remonta l’escalier qui aboutissait au tombeau d’Agnès.
    Une fois encore, de ses mains secouées par un tremblement, il toucha la plaque de marbre, trouva l’ange du milieu, et se mit à marteler la tête de coups furieux.
    Il finit par tomber sur le côté…
    Et il crut qu’il allait mourir.
    Il râlait. Il entendait, il écoutait ses râles, et il lui semblait que cela ne venait pas de lui. Il imagina qu’il rêvait…
    Il rêva qu’assez loin de lui, quelque part, il entendait encore la voix de la prière, une voix jeune, au timbre d’une sonorité gracieuse, et la voix disait :
    – Soulevez encore cette dalle… creusez maintenant… la cassette de fer doit se trouver là… creusez encore… la cassette !… Voici la cassette

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