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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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quoi, une
comédie ? demanda Alexandre.
    — Comment ? Tu n’es jamais
allé au théâtre ? s’étonna Ptolémée.
    — On n’y emmène pas les
enfants. C’est un peu comme écouter une histoire, non ? Sauf qu’il y a de
véritables hommes, qui portent des masques et se prennent pour Héraclès ou pour
Thésée. Certains font même semblant d’être des femmes.
    — Oui, plus ou moins, répliqua
Ptolémée. Dis-moi plutôt ce que ton maître t’apprend.
    — Je sais effectuer les
additions et les soustractions, je connais les figures géométriques et je suis
capable de distinguer dans le ciel la Grande Ourse, la Petite Ourse et plus de
vingt autres constellations. Et puis, je sais lire et écrire, et j’ai lu les
fables d’Ésope.
    — Hum…, observa Ptolémée en
remettant délicatement le rouleau à sa place. C’est bon pour les enfants.
    — Et puis je connais la liste
de mes ancêtres, aussi bien du côté de papa que du côté de maman. Sais-tu que
je descends d’Héraclès et d’Achille ?
    — Et qui étaient Héraclès et
Achille ?
    — Héraclès était le héros le
plus fort du monde, il a effectué douze travaux. Veux-tu que je te les
énumère ? Le lion de Némée ; la biche de Céry… Cérynie…, commença à
ânonner le petit.
    — J’ai compris, j’ai compris.
Tu es très doué. Mais si tu veux, un jour je te lirai un des beaux ouvrages que
j’ai dans mon bureau, d’accord ? Et maintenant, pourquoi ne vas-tu pas
jouer ? Sais-tu qu’un petit garçon de ton âge vient juste
d’arriver ? »
    Le visage d’Alexandre s’éclaira.
    « Où est-il ?
    — Je l’ai vu dans la cour, il
jouait au ballon. Il a l’air costaud. »
    Alexandre dévala l’escalier aussi
vite qu’il le put et s’arrêta sous le portique pour observer le nouveau-venu,
sans oser lui adresser la parole.
    Sous l’effet d’un coup de pied plus
violent que les autres, le ballon échoua bientôt à ses pieds. Les deux garçons
se firent face.
    « Veux-tu jouer avec moi ?
proposa l’enfant. À deux, on joue mieux. Je tire, et tu rattrapes.
    — Comment t’appelles-tu ?
demanda Alexandre.
    — Héphestion, et toi ?
    — Alexandre.
    — Alors, vas-y, mets-toi contre
le mur. Je tire le premier. Si tu rattrapes le ballon, tu marques un point.
Ensuite c’est à toi de tirer. Mais si tu n’y arrives pas, c’est moi qui marque
un point. Dans ce cas-là, j’ai le droit de tirer encore une fois. Tu as compris ? »
    Alexandre acquiesça et les deux
enfants se mirent à jouer en remplissant la cour de leurs cris. Quand ils
furent épuisés et ruisselants de sueur, ils s’arrêtèrent.
    « Tu habites ici ? »,
demanda Héphestion en s’asseyant sur le sol.
    Alexandre prit place à ses côtés.
« Bien sûr. Ce palais m’appartient.
    — Ne me raconte pas
d’histoires ! Tu es trop petit pour posséder un palais aussi grand.
    — Ce palais m’appartient parce
qu’il est à mon père, le roi Philippe.
    — Par Zeus ! s’exclama
Héphestion en agitant la main droite en signe d’étonnement.
    — Veux-tu que nous soyons
amis ?
    — Bien sûr, mais pour cela il
faut que nous échangions un gage.
    — Qu’est-ce que c’est, un
gage ?
    — Je te donne quelque chose, et
tu me donnes autre chose en échange. »
    Il fouilla dans ses poches et en
tira un petit objet blanc.
    « Oh, une dent !
    — Oui, murmura Héphestion à
travers la fente qu’avait laissée son incisive. Elle est tombée avant-hier
soir, et j’ai failli l’avaler. Tiens, elle est à toi ! »
    Alexandre s’en empara. Interdit, il
s’aperçut qu’il n’avait, quant à lui, rien à offrir. Il fouilla dans ses poches
tandis qu’Héphestion, debout, tendait la main vers lui.
    Alors il respira profondément,
déglutit et referma ses doigts sur une de ses dents, qui menaçait de tomber
depuis quelques jours mais tenait encore solidement.
    Il commença à la secouer d’avant en
arrière en ravalant des larmes de douleur, jusqu’à ce qu’elle cède. Il cracha
un peu de sang, lava la dent à la fontaine, puis la remit à Héphestion.
    « Voilà, bredouilla-t-il.
Maintenant, nous sommes amis.
    — Jusqu’à la mort ?
demanda Héphestion en glissant son cadeau dans sa poche.
    — Jusqu’à la mort »,
répliqua Alexandre.
    L’été finissait quand Olympias lui
annonça la visite de son oncle Alexandre, qui arrivait de l’Épire.
    Il savait qu’il avait un oncle,
frère cadet de sa mère, qui

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