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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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mais il suscitait la sympathie de Léonidas par ses bons
résultats scolaires. Il était particulièrement porté vers l’histoire et les
mathématiques, étonnamment sage et équilibré pour son âge. Capable d’effectuer
des calculs compliqués en très peu de temps, il s’amusait à rivaliser avec ses
camarades et les humiliait régulièrement.
    Ses yeux sombres et profonds
apportaient à son regard une intensité pénétrante, ses cheveux ébouriffés
soulignaient la force et l’indépendance de son caractère, jamais rebelle
cependant. Durant les cours, il essayait souvent de se faire remarquer par ses
observations, mais il ne singeait jamais son maître et ne s’ingéniait pas à
plaire à ses supérieurs, ni à les aduler.
    Lysimaque et Léonnatos étaient les
plus indisciplinés, parce qu’ils venaient de l’intérieur du pays et avaient
grandi librement au milieu des bois et des prairies, menant paître les chevaux
et passant la plus grande partie de leur temps en plein air. Entre quatre murs,
ils avaient le sentiment d’être prisonniers.
    Lysimaque, qui était un peu plus
âgé, s’était déjà habitué à ce nouveau genre de vie. Mais Léonnatos n’avait que
sept ans, et son aspect revêche, ses cheveux roux, les taches de rousseur qui
parsemaient ses pommettes et son nez, lui donnaient une allure de jeune loup.
Il réagissait aux punitions par des coups de pied et des morsures. Léonidas
avait tenté de le dompter en le privant de nourriture, en l’enfermant pendant
que les autres jouaient, puis en abattant fréquemment sur lui sa verge de
sauge. Mais Léonnatos se vengeait. Chaque fois qu’il apercevait son maître au
fond d’un couloir, il se mettait à chanter à tue-tête une comptine de son
invention :
    Ek kori kori korone !
    Ek kori kori korone !
    « La voici qui arrive, la voici
la corneille ! » Tous les autres s’unissaient alors à lui, y compris
Alexandre, jusqu’à ce que le pauvre Léonidas, rouge de colère, les poursuive en
brandissant sa baguette.
    Quand il se disputait avec ses
camarades, Léonnatos refusait d’avoir le dessous, il se battait même avec les
plus grands, ce qui lui valait des bleus et des égratignures qui l’empêchaient
de participer aux cérémonies officielles ou aux fêtes de la cour. Tout le
contraire de Perdiccas, qui était le plus consciencieux du groupe, toujours
présent en classe, comme sur les terrains de jeu et d’entraînement. Ne
dépassant Alexandre que d’un an, il lui arrivait souvent de jouer avec lui en
compagnie de Philotas.
    « Quand je serai grand, je
serai général, comme ton père », répétait-il à Philotas qui, de tous ses
amis, était celui qui lui ressemblait le plus.
    Ptolémée, qui avait près de quatorze
ans, était plutôt robuste et précoce pour son âge. Boutons et poils de barbe
apparaissaient sur son drôle de visage, marqué par un nez imposant et des
cheveux perpétuellement ébouriffés. Ses camarades se moquaient de lui, ils lui
disaient qu’il avait commencé à se développer par le nez, ce qui le vexait
énormément. Alors, il relevait sa tunique et se vantait d’autres protubérances,
qui grandissaient tout aussi vite.
    Hormis ces intempérances, c’était un
gentil garçon, passionné de lecture et d’écriture. Un jour, il autorisa
Alexandre à entrer dans sa chambre, où il lui montra ses livres. Il en
possédait plus d’une vingtaine.
    « Tu en as beaucoup !
s’exclama le prince en tendant la main.
    — Non ! l’arrêta Ptolémée.
Ce sont des objets très délicats : le papyrus est fragile, il faut le
rouler et le dérouler correctement pour éviter qu’il ne s’abîme. On doit le
conserver dans un endroit sec et aéré, en ayant soin de dissimuler un piège à
rats dans le voisinage. Car les rats sont friands de papyrus, ils sont capables
de te dévorer deux livres de l’Iliade ou une tragédie de Sophocle en moins
d’une nuit. Attends, laisse-moi faire, ajouta-t-il en saisissant un rouleau
marqué d’un petit signet rouge.
    « Tiens, tu vois
celui-là ? C’est une comédie d’Aristophane. Elle s’intitule Lysistrate,
c’est ma préférée. Elle raconte qu’un jour les femmes d’Athènes et de Sparte,
lasses de la guerre qui éloignait leurs hommes, et prises d’une grande envie
de… » Il s’interrompit en voyant l’enfant qui l’écoutait bouche bée.
    « Bon, laissons cela, tu es
trop petit. Je te la raconterai une autre fois, d’accord ?
    — C’est

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