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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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Macédoniens en direction du matin et de l’aurore. Personne
ne savait, pas même les dieux, vers quel sort ils s’acheminaient, car seul le
Destin insondable connaît le sentier et la route d’hommes aussi grands.
     

48
    L’armée se rassembla alors que soufflaient les premiers vents du
printemps, en commençant par les bataillons de l’infanterie lourde des
pézétairoï, équipés de pied en cap, d’immenses sarisses sur l’épaule. Au
premier rang, des jeunes gens brandissaient des boucliers marqués de l’étoile
argéade de cuivre fauve ; des soldats plus expérimentés, reconnaissables à
leur étoile de bronze, étaient alignés derrière eux ; venaient enfin les
vétérans, aux écus frappés d’une étoile d’argent.
    Tous portaient le casque en forme de
bonnet phrygien, muni d’une courte visière, ainsi que des tuniques et des
manteaux rouges. Pendant les exercices – des replis ou des simulations
d’attaque –, leurs sarisses se heurtaient, provoquant un terrible vacarme,
comme si un vent impétueux s’insinuait entre les branches d’une forêt de
bronze. Et quand les officiers leur ordonnaient de baisser leurs lances, l’immense
phalange présentait l’aspect terrifiant d’un porc-épic hérissé de pointes
d’acier.
    La cavalerie des hétairoï fut
recrutée par les nobles, district par district, équipée de lourdes cuirasses
les recouvrant jusqu’à l’abdomen et de casques béotiens à larges bords. Ils
montaient de magnifiques chevaux de bataille, venus de Thessalie et nourris
dans les gras pâturages qui s’étendaient sur la plaine et le long des rives des
grands fleuves.
    La flotte concentrée dans les ports
du Nord fut bientôt rejointe par des escadrons athéniens et corinthiens, car on
craignait une intervention de la marine perse, guidée par un amiral du nom de
Memnon, un homme redoutable par sa ruse et par son expérience, fidèle à ses
engagements en dépit de tous les dangers.
    L’ayant rencontré en Asie, Eumène
mit en garde Alexandre, un jour qu’il passait la flotte en revue à bord du
vaisseau amiral. « Attention, Memnon est un guerrier qui ne vend son épée
qu’une seule fois et à un seul homme. Il la vend chèrement, et c’est comme s’il
jurait fidélité à sa patrie : rien ni personne ne peut lui faire changer
de camp, ni de bannière.
    « Il commande une flotte
composée d’équipages grecs et phéniciens, et compte sur l’appui secret d’un
certain nombre de tes adversaires en Grèce. Imagine ce qui se passerait s’il
t’attaquait par surprise alors que tu fais traverser les Détroits à ton armée.
    « Mes informateurs ont inventé
un système de signaux lumineux entre la côte asiatique et la côte européenne
afin de déclencher l’alarme à l’approche de sa flotte. Nous savons que les
satrapes perses des provinces occidentales lui ont confirmé le commandement
suprême de leurs forces en Asie, avec la charge de s’opposer à ton invasion et
de te neutraliser. Mais nous ignorons pour l’heure ses plans de bataille, nous
ne disposons que de quelques informations sommaires.
    — Combien de temps nous
faudra-t-il pour en savoir plus ? demanda Alexandre.
    — Un mois, peut-être.
    — C’est trop. Nous partons dans
quatre jours. »
    Eumène lui jeta un regard
interdit : « Quatre jours ? Mais c’est de la folie, nous n’avons
pas encore assez de ravitaillement ! Je te l’ai dit : l’entretien de
ton armée n’est assuré que pour un mois environ. Il est nécessaire d’attendre
les nouveaux chargements des mines du mont Pangée.
    — Non, Eumène, je n’attendrai
pas. Chaque jour qui passe permet à l’ennemi d’organiser sa défense, de
concentrer ses troupes, de rassembler des mercenaires, ici même, en Grèce. Il
nous faut frapper au plus vite. Comment crois-tu que Memnon agira ?
    — Memnon a déjà combattu avec
succès les généraux de ton père. Parménion te dira combien il est imprévisible.
    — Mais toi, qu’en
penses-tu ?
    — Il t’attirera d’abord à
l’intérieur en pratiquant la tactique de la terre brûlée, puis coupera tes
voies de communication et ton approvisionnement maritime à l’aide de sa
flotte », suggéra une voix dans son dos.
    Eumène se retourna. « Tu
connais l’amiral Néarque ? »
    Alexandre lui serra la main.
« Salut, amiral.
    — Pardonne-moi, sire, dit
Néarque, un robuste Crétois aux épaules larges, aux yeux et aux cheveux noirs.
Je m’occupais

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