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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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savoir si vous
acceptiez ma proposition. Je suis donc satisfait. »
    Alexandre se leva, et les deux vieux
généraux l’imitèrent en signe de respect. Mais avant que le souverain ne sorte,
Antipatros prit la parole : « J’ai une question à te poser,
sire : combien de temps penses-tu que durera ton expédition, et jusqu’où
comptes-tu aller ?
    — C’est une question à laquelle
je ne peux te répondre, Antipatros, parce que j’ignore moi-même la
réponse. »
    Il prit congé d’un signe de tête et
s’éloigna, abandonnant les deux généraux dans l’armurerie déserte.
« Sais-tu, reprit Antipatros, que vous n’aurez des vivres et de l’argent
que pour une durée d’un mois ? »
    Parménion acquiesça. « Je le
sais. Mais que pouvais-je dire ? Il est arrivé à son père de faire
pis. »
    Il était tard, ce soir-là, quand
Alexandre regagna ses appartements. Ses serviteurs dormaient, à l’exception des
gardes qui veillaient devant sa porte et de Leptine, qui l’attendait avec une
lanterne pour l’aider à prendre son bain, déjà préparé, bien chaud et parfumé.
    Elle le déshabilla et le laissa se
plonger dans la grande baignoire de pierre avant de lui verser de l’eau sur les
épaules avec un broc d’argent. C’était là un geste que lui avait appris
Philippe, le médecin : le ruissellement de l’eau avait l’effet d’un
massage encore plus délicat que celui qu’elle pratiquait avec les mains ;
il calmait Alexandre, détendait les muscles de ses épaules et de son cou, où se
concentraient toute fatigue et toute tension.
    Alexandre glissa très lentement dans
son bain et s’allongea entièrement ; Leptine continua de verser de l’eau
sur son ventre et sur ses cuisses jusqu’à ce qu’il lui ordonne d’arrêter.
    Elle posa le broc sur le bord de la
baignoire et, bien que le souverain ne lui eût pas encore adressé la parole,
elle osa parler la première :
    « Le bruit court que tu vas
partir, mon seigneur. »
    Alexandre s’abstint de répondre et
Leptine dut accomplir un effort sur elle-même pour poursuivre : « Il
paraît que tu vas en Asie et je…
    — Tu ?
    — Je voudrais te suivre. Je
t’en prie : je suis la seule à savoir m’occuper de toi, la seule à savoir
t’accueillir le soir et te préparer pour la nuit.
    — Tu viendras », répondit
Alexandre en sortant du bain.
    Les yeux de Leptine se remplirent de
larmes, mais elle garda le silence et se mit à essuyer délicatement le roi à
l’aide d’un drap de lin.
    Alexandre s’allongea sur le lit en
étirant ses membres, tandis qu’elle le regardait d’un air fasciné. Puis, comme
à l’accoutumée, elle se déshabilla et s’installa près de lui en promenant ses
mains et ses lèvres sur son corps.
    « Non, dit Alexandre. Pas comme
ça. Ce soir, c’est moi qui vais te prendre. » Il lui écarta doucement les
jambes et s’allongea sur elle. Leptine resserra les bras autour de son buste
comme si elle refusait de perdre un seul instant d’une intimité si précieuse,
et elle accompagna la longue poussée de ses reins, le mouvement puissant de ses
flancs. Quand il s’abandonna, il sentit son visage se fondre dans ses cheveux,
et en respira longuement le parfum.
    « Vraiment, je pourrai te
suivre ? lui demanda-t-elle alors qu’il s’étendait à nouveau près d’elle.
    — Oui, jusqu’à ce que nous
rencontrions dans notre marche un peuple dont tu comprendras la langue, cette
mystérieuse langue que tu parles parfois dans ton sommeil.
    — Pourquoi dis-tu cela, mon
seigneur ?
    — Tourne-toi », lui
ordonna Alexandre.
    Leptine lui présenta son dos, tandis
qu’il s’emparait d’une bougie et qu’il l’approchait.
    « Tu as un tatouage sur
l’épaule, le savais-tu ? Un genre de tatouage qui m’est inconnu. Oui, tu
m’accompagneras et peut-être rencontrerons-nous un jour quelqu’un qui sera en
mesure de te rappeler qui tu es, et d’où tu viens. Mais je veux que tu saches
une chose : en Asie, les choses changeront. Ce sera un autre monde, il y
aura d’autres gens, d’autres femmes, et moi aussi, je serai différent. Une
période de ma vie s’achève et une autre commence. Comprends-tu ce que je veux
te dire ?
    — Je le comprends, mon
seigneur, mais le seul fait de te voir et de savoir que tu te portes bien me
comblera de joie. Je ne demande rien d’autre à la vie, car j’ai déjà eu plus
que je n’aurais pu espérer. »
     

47
    Alexandre retrouva

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