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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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cavalerie lourde.
    Le ciel se teintait de rose en
direction de l’orient et l’air se remplissait du pépiement des moineaux et du
sifflement des merles. Des volées de colombes sauvages s’élevaient de bois
voisins au fur et à mesure que le bruit cadencé de la marche et le tintement
des armes les arrachaient à leur torpeur nocturne.
    La Phrygie s’étendait devant les
yeux d’Alexandre, avec ses paysages de collines aux manteaux de sapins et ses
vallées étroites parcourues par des torrents limpides, le long desquels se
dressaient des rangées de peupliers argentés et de saules aux feuilles luisantes.
Les troupeaux quittaient leurs pâturages, conduits par leurs bergers et
surveillés par des chiens. La vie semblait s’écouler tranquillement, comme si
le son menaçant de l’armée en marche se confondait parfaitement avec le
bêlement des agneaux et le mugissement des jeunes bœufs.
    Des détachements d’éclaireurs
camouflés, dépourvus d’insignes et d’armure, marchaient à droite et à gauche de
l’armée dans les vallées parallèles. Ils étaient chargés d’éloigner d’éventuels
espions. Mais c’était une précaution inutile : les bergers ou les paysans
pouvaient fort bien cacher des agents ennemis. À l’extrémité de la colonne
marchait Callisthène, escorté par une demi-douzaine de cavaliers thessaliens.
Il était également accompagné de Philotas, et d’une mule portant deux sacoches
remplies de rouleaux de papyrus. Pendant les pauses, l’historien posait un
tabouret sur le sol, s’emparait d’une tablette de bois et d’un rouleau, et se
mettait à écrire sous l’œil curieux des soldats.
    La rumeur selon laquelle ce jeune
homme osseux à l’air pédant allait relater l’histoire de l’expédition s’était
vite répandue, et chacun espérait au fond de son cœur qu’il serait tôt ou tard
immortalisé sur ces pages. Personne, en revanche ne s’intéressait aux comptes
rendus quotidiens que rédigeaient dans un style sec Eumène et les autres
officiers, chargés de tenir le journal de marche et de déterminer la succession
des étapes.
    Ils firent une halte pour déjeuner
en milieu de journée, puis s’arrêtèrent de nouveau à l’abri d’une colline
basse, aux alentours du Granique, pour attendre que le soir tombe.
    Avant que le soleil se couche, le
roi convoqua le conseil de guerre sous sa tente et exposa son plan de bataille
à ses officiers. Il y avait là Cratère, qui était à la tête d’un détachement de
la cavalerie lourde, Parménion, qui commandait la phalange des pézétairoï, et
Cleitos le Noir. Tous les compagnons d’Alexandre qui composaient sa garde
personnelle et servaient dans la cavalerie étaient également présents :
Ptolémée, Lysimaque, Séleucos, Héphestion, Léonnatos, Perdiccas, ainsi
qu’Eumène, qui continuait de se présenter aux réunions en tenue militaire -
cuirasse, jambières et ceinturon. Il paraissait y avoir pris goût.
    « Dès que l’obscurité se fera,
commença le roi, un détachement d’assaut de l’infanterie légère, accompagné
d’auxiliaires, franchira le fleuve et s’approchera le plus près possible du
camp perse afin de le surveiller. Un soldat reviendra immédiatement nous
informer de sa position. Si les barbares bougeaient pendant la nuit, d’autres éclaireurs
devraient nous le rapporter sans tarder.
    « Pour notre part, nous
n’allumerons pas de feux. Demain matin, les commandants de bataillon et les
chefs d’escouade donneront le signal du réveil sans faire sonner les
trompettes, juste avant que ne finisse le quatrième tour de ronde. Si la voie
est libre, la cavalerie franchira le fleuve la première, elle se rangera sur
l’autre rive et se mettra en marche dès que l’infanterie l’aura rejointe.
    « Ce sera le moment crucial de
la journée, observa-t-il en balayant l’assistance du regard. Si mes calculs
sont justes, les Perses seront encore sous leurs tentes à cette heure-là, ou
presque. Après avoir évalué la distance nous séparant du front ennemi, nous
lancerons l’attaque par une charge de cavalerie qui sèmera la confusion dans
les rangs barbares. Aussitôt après, la phalange s’élancera pour l’assaut
décisif. Les auxiliaires et les subdivisions d’attaque feront le reste.
    — Qui conduira la
cavalerie ? demanda Parménion qui avait écouté en silence le discours du
roi.
    — Moi, répondit Alexandre.
    — Je te le déconseille, sire.
C’est trop

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