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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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manger, où des tables
étaient disposées devant des lits de repas, à la grecque.
    Tandis qu’il prenait place, une
servante lui servit un peu de ce vin frais et léger en inclinant un cratère
corinthien vieux de deux cents ans qui reposait sur la table centrale.
    Memnon indiqua un tableau d’Apelle,
accroché au mur qui lui faisait face. Il représentait une scène d’amour
particulièrement osée dont les protagonistes étaient Arès et Aphrodite.
« Te souviens-tu du jour où Apelle vint peindre ce tableau dans cette
demeure ?
    — Oui, je m’en souviens fort
bien, répondit Barsine qui avait l’habitude de tourner le dos à cette œuvre
d’art, ne s’étant jamais habituée à l’effronterie des Grecs et à leur façon de
dépeindre la nudité.
    — Et tu te rappelles la jeune
femme qui posait pour lui dans l’attitude d’Aphrodite ?
    — Bien sûr. Elle était
magnifique : une des plus belles femmes que j’aie jamais vues, digne de
personnifier la déesse de l’amour et de la beauté.
    — C’était la maîtresse
d’Alexandre.
    — Tu plaisantes ?
    — Non, c’est la vérité. Son nom
est Campaspé. Le jour où il la vit nue pour la première fois, il fut tellement
frappé par sa beauté qu’il demanda à Apelle de la peindre nue. Par la suite, il
comprit que le peintre était éperdument amoureux d’elle. Sais-tu ce qu’il fit
alors ? Il la lui offrit en échange du tableau. Alexandre ne se laisse
jamais assujettir, pas même par l’amour, je le crains. Oui, je le répète, c’est
un homme dangereux. »
    Barsine le regarda droit dans les
yeux. « Et toi ? Te laisses-tu vaincre par l’amour ? »
Memnon lui rendit son œillade. « C’est le seul adversaire dont j’accepte
la domination. »
    C’est alors que survinrent les
enfants. Ils avaient coutume d’embrasser leurs parents avant d’aller se
coucher.
    « Quand nous emmèneras-tu sur
le champ de bataille papa ? demanda l’aîné.
    — Il est encore trop tôt,
répondit Memnon. Il faut que vous grandissiez. » Puis il ajouta après leur
départ, en baissant la tête : « Et que vous choisissiez votre
camp. »
    Barsine observa un moment de
silence.
    « À quoi penses-tu ? lui
demanda son époux.
    — À la prochaine bataille, aux
dangers que tu devras affronter, à l’angoisse avec laquelle j’attendrai sur la
tour l’arrivée d’un messager venu m’annoncer que tu es vivant… ou mort.
    — C’est ma vie, Barsine. Je
suis un soldat de métier.
    — Je le sais, mais cela ne
m’aide en aucune façon. Quand cela se produira-t-il ?
    — Quoi ? L’affrontement
avec Alexandre ? Bientôt, même si je ne suis pas d’accord. Très
bientôt. »
    Ils terminèrent le repas en
l’arrosant d’un vin sucré de Chypre. Memnon contempla le tableau d’Apelle qui
lui faisait face. Les armes du dieu Arès gisaient à terre, dans l’herbe, sa
tête reposait sur le ventre d’une Aphrodite nue et ses mains étaient appuyées
sur les cuisses de la déesse.
    Il se tourna vers Barsine en la
prenant par la main : « Allons nous coucher », dit-il.

4
    Après avoir terminé son tour d’inspection, Ptolémée longea le mur
d’enceinte du camp et se dirigea vers le corps de garde principal afin de
vérifier l’ordre des rondes suivantes.
    Voyant que le pavillon d’Alexandre
était éclairé, il s’en approcha. Péritas, qui sommeillait sur sa paillasse, ne
daigna même pas le regarder. Ptolémée se fraya un chemin parmi les gardes et glissa
la tête à l’intérieur de la tente. « Y aurait-il ici un verre de vin pour
un vieux soldat, fatigué et assoiffé ?
    — J’ai compris que c’était toi
dès que je t’ai vu pointer le nez, plaisanta Alexandre. Viens, sers-toi. J’ai
envoyé Leptine se coucher. »
    Ptolémée se versa une coupe de vin
et en avala quelques gorgées. « Que lis-tu ? demanda-t-il en lorgnant
derrière les épaules du roi.
    — Xénophon, la « retraite
des Dix Mille ».
    — Ah, ce Xénophon ! Il a
réussi à faire d’une retraite une entreprise plus glorieuse que la guerre de
Troie… »
    Alexandre griffonna une note sur un
bout de papyrus, il posa son poignard sur le rouleau et leva la tête. « Eh
bien, c’est un ouvrage follement intéressant. Ecoute :
    Comme le soir approchait, ce fut
pour les Perses le moment de s’éloigner ; car jamais les barbares ne
campaient à moins de soixante stades des Grecs, de peur d’en être attaqués la
nuit. La nuit en

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