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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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effet une armée perse est une mauvaise armée. Les cavaliers
lient leurs chevaux et généralement leur entravent les pieds, de peur qu’ils ne
s’enfuient, s’ils viennent à se délier. Survient-il une alerte, le cavalier
perse doit mettre une housse à son cheval, lui passer le mors ; il doit
aussi endosser sa cuirasse avant d’enfourcher sa monture. Tout cela est difficile
dans l’obscurité et le trouble » [2] .
    Ptolémée acquiesça. « Et c’est
la vérité, selon toi ?
    — Pourquoi pas ? Chaque
armée a ses habitudes, auxquelles elle est attachée.
    — À quoi penses-tu ?
    — Les éclaireurs m’ont appris
que les Perses ont quitté Zéléia et qu’ils marchent vers l’ouest. Cela signifie
qu’ils ont décidé de nous barrer la route.
    — Tout porte à le croire.
    — En effet… Maintenant,
écoute-moi : si tu étais leur commandant, quel endroit choisirais-tu pour
bloquer notre avancée ? »
    Ptolémée alla jusqu’à la table où
Alexandre avait déployé une carte de l’Anatolie. Il saisit une lanterne au
moyen de laquelle il éclaira le tracé du front côtier en direction de
l’intérieur. Puis il l’immobilisa. « Il y a bien ce fleuve. Comment
s’appelle-t-il ?
    — Le Granique, répondit
Alexandre. Il est fort probable qu’ils nous y attendent.
    — Ton plan consiste à le
franchir de nuit et à attaquer les Perses au point du jour. Ai-je bien
deviné ? »
    Alexandre se replongea dans
l’ouvrage de Xénophon. « Je te l’ai dit : c’est un livre très
intéressant. Tu devrais t’en procurer un exemplaire. »
    Ptolémée secoua la tête.
    « Quelque chose ne va
pas ?
    — Oh ! non, ce plan est
excellent. Mais…
    — Quoi ?
    — Eh bien, je l’ignore. Après
t’avoir vu danser autour du tombeau d’Achille et t’emparer de ses armes dans le
temple d’Athéna Ilias, je m’attendais à une bataille en rase campagne à la
lumière du soleil. Un choc frontal, une bataille… homérique, si je peux
m’exprimer ainsi.
    — Il en sera ainsi, répliqua
Alexandre. Pour quelle raison crois-tu que j’ai emmené Callisthène ? Mais
je refuse de risquer inutilement la vie d’un seul homme à moins d’y être
contraint. Et c’est également l’attitude que vous devrez adopter.
    — Ne t’inquiète pas. »
    Ptolémée s’assit. Il contempla un
moment le roi qui ne cessait de prendre des notes sur l’ouvrage qu’il avait
déroulé devant lui, puis il poursuivit :
    « Ce Memnon est un dur à cuire.
    — Je le sais. Parménion m’a
parlé de lui.
    Et la cavalerie perse ?
    — Nous possédons des lances
plus longues et des hampes plus robustes que les leurs.
    — Pourvu que cela suffise.
    — La surprise et notre volonté
de vaincre se chargeront du reste : au point où nous en sommes, il nous
faut les battre à tout prix. Mais si tu veux un conseil, va te coucher. La
sonnerie des trompettes résonnera avant l’aube, et nous devrons marcher toute
la journée.
    — Tu veux te mettre en position
avant demain soir, c’est cela ?
    — Exact. Nous tiendrons un
conseil de guerre sur les rives du Granique.
    — Et toi ? Tu ne vas pas
dormir ?
    — Plus tard… Que les dieux
t’offrent une nuit sereine, Ptolémée.
    — À toi aussi,
Alexandre. »
    Ptolémée regagna sa tente, située
sur une petite hauteur près du mur oriental du campement. Il se lava, se
changea et se prépara pour la nuit. Avant de se coucher, il donna un dernier
coup d’œil à l’extérieur, et vit que la lumière brûlait à deux endroits :
sous la tente d’Alexandre, et sous celle de Parménion, loin de là.
    La sonnerie des trompettes retentit
avant le lever du soleil, ainsi qu’Alexandre l’avait ordonné, mais les
cuisiniers étaient réveillés depuis longtemps, et le petit déjeuner attendait
les soldats : des marmites fumantes de maza, une bouillie d’orge
semi-liquide, enrichie de fromage. Les officiers avaient droit, pour leur part,
à des fougasses de blé, du fromage de brebis et du lait de vache.
    À la seconde sonnerie, le souverain
monta à cheval et se plaça à la tête de l’armée, près de la porte orientale du
camp, avec ses gardes du corps, Perdiccas, Cratère et Lysimaque. Derrière lui
s’ébranla la phalange des pézétairoï, précédée par les escadrons de cavalerie
légère et suivie par l’infanterie lourde des Grecs ainsi que par les
auxiliaires thraces, triballes et agrianes. Elle était flanquée de deux rangs
de

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