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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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sur
l’Inde qu’il avait conquise : sept nations et deux mille villes, avec
l’obligation de fournir un tribut et des contingents au satrape macédonien installé
à Alexandrie Nicée.
    Il gagna l’Hydaspe et en descendit
le cours jusqu’à sa confluence avec l’Acésine. Les princes indiens venaient
spontanément lui rendre hommage et faire acte de soumission à son égard, mais
on lui apprit qu’il y avait encore, au sud, le long des rives de l’Indus, des
populations fières et indépendantes. Il fut rejoint par un contingent de vingt
mille soldats enrôlés en Grèce et en Macédoine : ils apportaient des
armures neuves, des vêtements à la grecque et quatre-vingts talents de médicaments,
des bandages, des instruments chirurgicaux, des attelles pour immobiliser les
membres fracturés, et d’autres choses dont on avait besoin depuis fort
longtemps.
    Il reçut aussi une lettre de
Stateira, dont il avait quasiment oublié l’existence : soudain, il
regretta de l’avoir négligée et presque abandonnée.
    Stateira à Alexandre, doux époux,
salut !
    J’ai vécu des jours bien tristes
après la perte de notre enfant, et j’ai appris ensuite que tu avais trouvé un
nouvel amour en la fille d’un chef montagnard de la Sogdiane. On me dit qu’elle
est fort belle et que tu l’as proclamée reine et mère du futur roi. Je
mentirais en prétendant que mon cœur est resté imperméable au chagrin et à la
déception, qu’il n’a pas été tenaillé par la jalousie. Non du pouvoir et des
honneurs, mais du fait qu’elle profite de ton amour, puisqu’elle dort à tes
côtés, entend ton souffle dans la nuit, sent le parfum que dégage ta peau. Oh,
si j’avais pu engendrer un fils ! Je le serrerais maintenant dans mes bras
et pourrais admirer sur son visage sa ressemblance avec le tien. Mais le sort
des êtres humains est écrit au moment de leur naissance : les dieux ont
décrété que je perdrais rapidement mon père, mon fils, puis l’amour de mon
époux. Je ne veux pas t’attrister avec ma mélancolie, j’espère seulement que tu
es heureux et que tu éprouveras, à ton retour, le désir de me revoir, de passer
un peu de temps en ma compagnie, ne fût-ce qu’un jour ou une nuit. Depuis que
j’ai fait ta connaissance, j’ai appris qu’un instant a parfois la valeur d’une
existence entière.
    Ne t’expose pas inutilement au
danger, je t’en prie, et prends soin de toi.
    Alexandre lui répondit le jour même,
sous le regard intrigué de Roxane, qui apprenait encore à écrire. Elle lui
demanda : « À qui écris-tu ?
    — À la princesse Stateira, que
j’ai épousée avant de te rencontrer. »
    Roxane s’assombrit, puis elle dit à
Alexandre sur un ton qui ne lui était pas habituel : « Je ne veux pas
savoir ce que tu lui dis, mais éloigne-la de moi si tu souhaites qu’elle reste
en vie. »
    L’automne était presque terminé, et
les pluies avaient cessé. Le roi avait bâti le projet de descendre le courant
de l’Indus pour voir jusqu’où il arrivait. Parmi les géographes qui suivaient
son expédition, certains pensaient que ce fleuve était le début du Nil :
comme dans le Nil, on y voyait des crocodiles, et l’on apercevait sur ses rives
des hommes à la peau aussi sombre que celle des Éthiopiens. Si cette hypothèse
s’avérait, l’immense flotte du roi pourrait le descendre triomphalement jusqu’à
Alexandrie d’Égypte.
    Fasciné par cette idée, le roi
convoqua Néarque sur une hauteur, située près de la rive du fleuve, d’où il
était possible de voir défiler l’armée entière. Celle-ci avait reconquis la
splendeur de l’époque où elle avait quitté la Macédoine, et le nombre de ses
soldats avait quadruplé. « Il y a ici des hommes qui ont parcouru cent
mille stades, dit-il à son amiral. Je veux qu’ils puissent voyager
confortablement. Je veux que tu construises une flotte en mesure de transporter
nos hommes et nos chevaux. Nous descendrons le fleuve jusqu’à l’Indus, et
au-delà, et nous nous arrêterons à la première ville que nous découvrirons afin
de réaffirmer l’ancienne autorité de Darius, qui est la nôtre à présent.
    — Que feras-tu ensuite ?
demanda Néarque.
    — Je renverrai Cratère vers
l’arrière. Il traversera l’Arachosie et la Carmanie à la tête de la moitié de
l’armée, pendant que je descendrai le fleuve avec toi. Nous verrons jusqu’où il
nous conduira : peut-être à Alexandrie, s’il est

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