Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
Vom Netzwerk:
vrai qu’il constitue le début
du Nil, ou jusqu’à l’Océan.
     
    — As-tu une idée du nombre
d’embarcations nécessaires à transporter nos hommes ? »
    Alexandre secoua la tête.
    « Pas moins de mille.
    — Mille bateaux ?
    — Plus ou moins.
    — Alors, mettons-nous au
travail, l’exhorta Alexandre. Au plus vite !
    — Enfin ! s’exclama
Néarque. Je suis sans doute le seul amiral au monde à avoir des cors aux
pieds. »
    C’est alors que l’attention du roi
fut attirée par la silhouette mince de Roxane, qui galopait, cheveux au vent,
sur un magnifique cheval blanc dans la prairie qui s’étendait le long du
fleuve.
    « N’est-elle pas
merveilleuse ? dit Alexandre.
    — Oui, répondit l’amiral. C’est
la plus belle femme qu’un homme puisse imaginer. La seule femme au monde
véritablement digne de toi. »
    Apercevant son époux, Roxane lança
son cheval vers lui. Elle gravit la colline au galop puis, une fois devant
Alexandre, se pencha et l’embrassa sur la bouche. Les soldats qui avaient suivi
ses mouvements tout en marchant s’écrièrent :
« Alalalàï ! » Et le roi, encore pendu aux lèvres de sa femme,
leva la main pour répondre gaiement à leur salut.
    Néarque envoya un héraut à chaque
détachement afin de rassembler les soldats qui étaient originaires de régions
maritimes : Grecs de la côte et des îles, Phéniciens, Chypriotes, Pontiques.
Après quoi, il donna le signal de départ à la construction des navires. Des
centaines d’arbres furent abattus et débités, puis les maîtres charpentiers
entreprirent le pliage des bordages et l’assemblage des coques au moyen de
tenons et de mortaises.
    Le calcul de Néarque se révéla
exact : mille bateaux de transport et quatre-vingts navires de trente
rameurs s’alignèrent bientôt sur les rives de l’Hydaspe. La flotte put bientôt
être lancée dans un vacarme d’applaudissements et de cris d’encouragement.
    De nombreux habitants de la région
s’étaient pressés le long du fleuve, en cette journée ensoleillée, pour
assister à ce magnifique spectacle. Les hommes exultaient en songeant qu’ils
laissaient derrière eux les jours les plus durs et les plus dramatiques de leur
existence. En réalité, ils ignoraient ce qui les attendait, et les seules
informations qu’ils possédaient au sujet des territoires qu’ils s’apprêtaient à
traverser leur étaient transmises par les guides locaux, dont les connaissances
géographiques se limitaient à des terres ou des cours d’eau s’étendant à trois
ou quatre journées de marche ou de navigation de là, pas plus.
    Néarque prit le commandement du
navire le plus grand, qui lui servait de vaisseau amiral, sur lequel le roi et
la reine s’étaient installés, puis il donna le signal du départ. Les rames
furent plongées dans l’eau et le navire s’engagea dans le courant, suivi par
les autres embarcations. Quand toute la flotte fut à l’eau, les habitants de
ces contrées purent assister à un spectacle impressionnant : les flots
bouillonnaient sous l’action des rames et la pression des proues, des milliers
de bannières et d’étendards claquaient dans le vent, les boucliers et les
armures scintillaient par dizaines de milliers.
    Parmi les philosophes qui étaient
montés sur le bateau du roi se trouvait Pyrrhon d’Élis, que tout le monde
tenait désormais en grande considération. Le navire abritait aussi Aristandre,
ainsi que le sage indien mystérieusement apparu dans le campement de Sangala.
Il s’était assis à la proue, les jambes croisées, les bras posés sur les
genoux, les yeux fixés devant lui, aussi immobile qu’une figure de proue.
    « Qu’as-tu appris à son
sujet ? demanda le roi à Aristandre.
    — Il s’appelle Kalan, ce qui
correspond à Calanos en grec. Son peuple le considère comme un grand sage, il
est doté de capacités extraordinaires, qui lui viennent d’une longue pratique
de la méditation.
    — Ces gens, intervint Pyrrhon,
croient que les âmes de ceux qui n’ont pas agi avec justice passent d’un corps
à l’autre après leur mort, jusqu’à ce qu’elles soient complètement purifiées de
la douleur et de la souffrance, comme le métal dans la forge. Alors seulement,
elles se dissolvent dans une sorte de paix éternelle qu’ils appellent nirvana.
    — Cela me rappelle la pensée de
Pythagore, ainsi qu’un poème de Pindare.
    — C’est vrai, et il est
probable que les idées de

Weitere Kostenlose Bücher