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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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commandement t’appartient,
expliqua Philippe. C’est toi, désormais, qui prendras la tête de la Pointe sur
le champ de bataille. » Alors qu’il prononçait ces mots, un groupe de
cavaliers, revêtus de magnifiques armures et coiffés de casques étincelants
ornés de hauts cimiers, sortirent des rangs.
    Ils montaient des chevaux aux mors
d’argent et aux couvertures de laine pourpre, se distinguaient par la puissance
de leurs montures et par la noblesse de leur port. Comme une charge furieuse,
ils se lancèrent au galop, puis, à un signal donné, se présentèrent selon une
disposition nouvelle, large et imposante : le cavalier qui se trouvait au
centre de l’ample cercle retenait son destrier, tandis que les autres
accéléraient de plus en plus l’allure de façon que le dernier ne fût pas obligé
de ralentir.
    Au terme de cette manœuvre
spectaculaire, ils poussèrent de nouveau leurs animaux au galop, épaule contre
épaule, tête contre tête, laissant dans leur sillage un épais nuage de
poussière, et s’immobilisèrent brusquement devant le prince.
    Un officier hurla d’une voix de
stentor : « La troupe d’Alexandre ! »
    Puis, les appelant l’un après
l’autre :
    « Héphestion !
Séleucos ! Lysimaque ! Ptolémée ! Cratère !
Perdiccas ! Léonnatos ! Philotas ! »
    Ses amis !
    À la fin de l’appel, ils brandirent
leurs javelots et s’écrièrent : « Salut à toi,
Alexandre ! » Puis, enfreignant le protocole, ils l’entourèrent, le
faisant presque tomber, et l’embrassèrent dans une étreinte sans fin sous les
yeux du roi et de ses soldats, immobiles dans leurs rangs.
    Ils se pressaient autour de leur
prince en criant de joie, lançant leurs armes en l’air, bondissant et dansant
comme des fous.
    Quand la parade fut terminée, le
groupe accueillit Eumène qui, en raison de sa nationalité, ne pouvait pas
appartenir à l’armée. Il était devenu entre-temps le secrétaire personnel de
Philippe et occupait à la cour un poste de grande importance.
    Ce soir-là, Alexandre dut présider
le banquet que ses amis avaient organisé pour lui dans la demeure de Ptolémée.
La salle avait été soigneusement et richement décorée : on pouvait y
admirer des lits et des tables de bois marqueté aux applications de bronze
doré, des chandeliers qui n’étaient autres que de spectaculaires bronzes de
Corinthe en forme de jeunes filles tenant des lanternes, d’autres lanternes
encore, composées de vases découpés qui pendaient du plafond en projetant sur
les murs un étrange jeu d’ombres et de lumières. Les plats étaient en argent
massif finement ciselé, les mets avaient été confectionnés par des cuisiniers
de Smyrne et de Samos, qui avaient le goût grec et connaissaient parfaitement
la cuisine asiatique.
    Quant aux vins, ils provenaient de
Chypre, de Rhodes, de Corinthe et même de la lointaine Sicile, où les
agriculteurs coloniaux surpassaient désormais, par la qualité et l’excellence de
leurs produits, leurs collègues de la mère patrie.
    Ils étaient servis dans un
gigantesque cratère attique datant de près d’un siècle, orné d’une danse de
satyres poursuivant des ménades à moitié nues. Sur chaque table se trouvait une
coupe du même service, où les mêmes artistes avaient représenté de piquantes
scènes de banquet : des joueuses de flûte nues, dans les bras de jeunes
gens couronnés de lierre, qui buvaient, offrant comme un avant-goût de ce que
la soirée réservait.
    Alexandre fut accueilli par une
ovation, et le maître de maison vint à sa rencontre en lui tendant une
magnifique coupe à deux anses, remplie de vin de Chypre. « Alors,
Alexandre ! Après trois ans à l’eau fraîche, tu dois avoir des grenouilles
dans l’estomac ! Nous, au moins, nous sommes partis avant toi ! Bois
un peu de ce breuvage qui te revigorera !
    — Alors, que t’a appris
Aristote au cours de ses leçons secrètes ? demanda Eumène.
    — Et où as-tu pris ce
cheval ? enchaîna Héphestion. Je n’ai jamais rien vu de la sorte.
    — Je veux bien le croire !
commenta Eumène sans attendre la réponse. Il a coûté treize talents. C’est moi
qui ai signé l’ordre de paiement.
    — Oui, confirma Alexandre.
C’est un cadeau de mon père. Mais j’en ai gagné autant en pariant que je
l’apprivoiserais. Vous auriez dû voir ça ! poursuivit-il en s’animant. Le
pauvre animal était terrorisé : cinq hommes le tenaient, ils tiraient

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