Le Roman d'Alexandre le Grand
reproductions de ses monuments.
Il y monta un matin, après une nuit orageuse,
et fut ébloui par la splendeur des couleurs, par l’incroyable beauté des
statues et des fresques. Le Parthénon trônait au milieu d’une vaste esplanade,
couronné par un immense tympan où l’on pouvait admirer le groupe sculptural de
Phidias qui représentait la naissance d’Athéna, sortant du front de Zeus. Les
statues étaient colossales et leur attitude suivait la pente du toit : au
centre se trouvaient les personnages principaux, en pied ; puis, au fur et
à mesure qu’on s’éloignait vers l’extérieur, les statues étaient représentées à
genoux ou couchées.
Elles étaient toutes peintes de
couleurs vives et décorées de pièces métalliques en bronze ou en or.
À côté du sanctuaire, à gauche de
l’escalier d’entrée, se dressait une statue en bronze de la déesse armée
brandissant une lance à la pointe d’or, exécutée par Phidias : c’était la
première chose que les marins athéniens voyaient scintiller lorsqu’ils
revenaient au port après un voyage en mer.
Mais il lui tardait de découvrir la
gigantesque statue du culte, à l’intérieur du temple, elle aussi conçue par le
génie de Phidias.
D’un pas léger et respectueux,
Alexandre pénétra dans ce lieu sacré, demeure de la divinité, et vit le colosse
d’or et d’ivoire qu’il avait tant entendu célébrer depuis son enfance.
L’atmosphère qui régnait dans la
cella était imprégnée des parfums que les prêtres ne cessaient de brûler en
l’honneur de la déesse ; le lieu était plongé dans la pénombre, si bien
que l’or et l’ivoire dont la statue était composée produisaient des reflets magiques
au fond de la double rangée de colonnes qui soutenait le toit.
Les armes et le péplum qui tombait
jusqu’aux pieds de la déesse, son casque, sa lance et son bouclier étaient d’or
pur ; son visage, ses bras et ses pieds étaient, en revanche, en ivoire,
matériau qui imitait la couleur de la peau. Des yeux de nacre et de turquoise
reproduisaient le regard vert de la divinité.
Le casque était doté de trois
cimiers en crins de cheval teintés de rouge, celui du centre soutenu par un
sphinx, les deux autres par deux pégases. La déesse tenait dans sa main droite
une image de la victoire ailée de la taille d’un homme, lui expliqua-t-on, ce
qui signifiait que la statue mesurait au moins trente-cinq pieds.
Alexandre contempla cette splendeur,
fasciné ; il restait songeur devant la gloire et la puissance de la cité
qui l’avait créée, devant la grandeur des hommes qui avaient bâti des théâtres
et des sanctuaires, fondu des bronzes et sculpté des marbres, peint des
fresques d’une beauté ravissante. Il songeait à l’audace des marins qui avaient
eu pendant de si longues années le contrôle incontesté de la mer, aux
philosophes qui avaient clamé leur vérité le long de ces splendides portiques,
aux poètes qui avaient représenté leurs tragédies devant des milliers de spectateurs
émus.
Il se sentit envahir par
l’admiration et l’émotion, rougissant de honte à la pensée de la silhouette
boiteuse de Philippe, dansant de manière obscène sur les morts de Chéronée.
26
Alexandre visita le théâtre de Dionysos sur les flancs de l’Acropole,
ainsi que les bâtiments et monuments de l’esplanade, où étaient rassemblés les
souvenirs de la cité. Mais c’est le « Portique peint » qui le fascina
le plus, avec son immense cycle de fresques, œuvre de Polygnote, consacré aux
guerres perses.
On y voyait la bataille de Marathon,
ses épisodes héroïques, l’arrivée du coureur Philippidès qui venait d’Athènes
pour annoncer la victoire et s’écroulait, terrassé par la fatigue.
Il y avait aussi les batailles de la
seconde guerre perse : les Athéniens abandonnaient leur ville et
assistaient en pleurant, depuis l’île de Salamine, à l’incendie de l’Acropole
et à la destruction de ses temples ; ou encore le gigantesque affrontement
naval de Salamine, au cours duquel les Athéniens avaient balayé la flotte perse :
le Grand Roi fuyait, terrorisé, suivi par des nuages noirs et des vents de
tempête.
Alexandre aurait aimé demeurer dans
ce lieu merveilleux, dans cet écrin où le génie humain avait fourni les plus
grandes preuves de sa valeur, mais le devoir et les messages de son père le
réclamaient à Pella.
Sa mère Olympias aussi lui avait
écrit plusieurs
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