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Le Roman des Rois

Le Roman des Rois

Titel: Le Roman des Rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Philippe III le Hardi, fut chassé de l’île au bénéfice de Pierre III d’Aragon.

    Mais le pape refusait de reconnaître le roi d’Aragon comme souverain de Sicile et offrit la couronne d’Aragon à l’un des fils de Philippe III, à charge pour lui d’aller conquérir ce royaume d’outre-Pyrénées.
    Cette conquête serait une « croisade » bénéficiant de l’aide du souverain pontife et des indulgences distribuées à ceux qui y participeraient.

    J’ai constaté les hésitations du roi à accepter cette couronne d’Aragon et la guerre qu’il lui faudrait conduire.
    Le nouveau pape, Martin IV, qui avait été chancelier de Saint Louis sous le nom de Simon de Brie, s’indigna de ne point recevoir une réponse rapide du roi de France.
    Et il est vrai qu’à Bourges, où le roi avait réuni barons et prélats, on délibérait lentement des propositions du pape.
    J’entendis les arguments des uns et des autres pour essayer d’arracher au souverain pontife de nouveaux avantages.
    Était-ce ainsi qu’on suivait la route tracée par Dieu et le successeur de l’apôtre Pierre ?
    « Eh quoi, écrivait le pape au roi de France, voici que tout recommence ! Certes, nous n’accusons pas ta dévotion, nous accusons plutôt ceux qui, autour de toi, cherchent à empêcher en dessous, par des artifices coupables, une entreprise qu’ils désapprouvent. Si tu renonçais à tes projets, quelle joie pour tes rivaux ! Quelle honte pour la France ! Les prélats et les barons du royaume s’abstiendraient de pareils conseils, s’ils réfléchissaient davantage ! »

    Ce furent et semaines et mois de tensions, comme lorsque l’on retient, avant de s’élancer au galop, le cheval harnaché qui piaffe, et l’on n’a pas encore abaissé sa lance, et l’on n’a pas encore labouré le flanc de sa monture à coups d’éperons.
    En février 1284, l’assemblée enfin se prononça selon les voeux du pape et j’entendis Philippe III le Hardi déclarer :
    « Vous nous avez donné un bon et fidèle conseil. Pour l’honneur de Dieu et de la Sainte Mère l’Église, nous nous chargeons de cette affaire aux conditions indiquées : nous acceptons ! »
    Le lendemain, il annonça qu’il remettrait la couronne d’Aragon à son fils puîné, Charles de Valois.
    Des messagers partirent pour Rome.
    « Le royaume d’Aragon a été accepté de l’avis des barons et des prélats. La croisade sera prêchée. Le sang va couler. »

    J’assistai, le 15 août 1284, à l’adoubement comme chevalier de l’héritier du roi de France, Philippe, qui, une fois sur le trône, deviendrait Philippe IV le Bel.
    Il ne m’était pas apparu, sous le soleil éclatant d’août, comme une nature sombre et énigmatique, mais comme un vigoureux chevalier à la force rayonnante.
    Le lendemain, 16 août, il épousa en grande liesse Jeanne, héritière du comté de Champagne et de la royauté de Navarre. Cette frêle enfant de douze ans, déclarée majeure, apportait ces deux joyaux au domaine royal.
    Si la croisade qui se préparait permettait de placer sur le trône d’Aragon le dernier fils du roi, Charles de Valois, jamais la dynastie capétienne n’aurait été aussi puissante.

    On refusa de voir les signes hostiles qui se multipliaient : Charles d’Anjou et le pape Martin IV moururent au début de l’an 1285.
    Au contraire, on rassembla davantage d’hommes, chevaliers et sergents.
    Je n’avais jamais vu pareille armée et l’on disait qu’elle était la plus forte qu’un roi de France eût commandée.
    J’ai chevauché à sa tête, la joie au coeur, et le roi était tout aussi allègre qu’un petit matin de chasse.
    Je ne vis qu’un seul chevalier, soucieux et morose, dire que les Aragonais combattraient pour chaque pierre de leurs villages et de leurs cités.
    Ce jeune chevalier si réservé n’était autre que Philippe le Bel, fils de Philippe III et de la reine Isabelle d’Aragon.
    On ne l’écouta pas.
    Les barons assuraient que « si le roi Pierre d’Aragon était vaincu au premier choc, la campagne était finie ».

    On entra en Roussillon, qui appartenait au roi de Majorque, notre allié.
    Mais le peuple nous lançait pierres et insultes, égorgeant chevaliers et sergents, piétons isolés. On mit à sac la ville d’Elne, et j’ai détourné les yeux devant ces femmes éventrées, ces chiens errants flairant les cadavres.
    C’était en mai de l’an 1285.

    Le 26 juin, on mit le

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