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Le Roman des Rois

Le Roman des Rois

Titel: Le Roman des Rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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nuit dans les forêts d’Île-de-France, avec l’allant de l’homme jeune qu’il était. En 1270,
au moment où, dans la chaleur moite de Carthage, ce 25 août, il succéda à Louis IX, il avait à peine vingt-cinq ans.
    Il n’avait pas été élevé pour être roi et ce n’est qu’à la mort, en 1260, de son frère aîné, Louis, qu’il était devenu l’héritier du trône et que son père lui avait enseigné ce que peut et doit être et faire un roi de France.
    Mais la mort de Louis IX le laissait démuni, écrasé par la charge, soumis à l’autorité de son oncle, Charles d’Anjou, roi de Sicile, de sa mère, Marguerite de Provence, et, un temps bref, de son épouse, Isabelle d’Aragon, morte durant la chevauchée funèbre qui ramenait en France les reliques de Louis IX et de son fils Jean-Tristan.

    La mort avait ainsi frôlé le jeune roi de sa grande aile noire et l’avait griffé de la pointe de sa faux.
    Et à observer Philippe III le Hardi, je sus que cet homme jeune, au visage massif, imberbe, était un homme que la vie effrayait.
    Et alors qu’il était mon aîné de dix ans, je me sentais, quand j’étais agenouillé près de lui, lors des trois messes qu’il suivait chaque jour, plus serein et plus déterminé que lui.
    Il était pieux, suivant en cela l’exemple de son père, mais c’était davantage par effroi que par volonté de servir Notre Seigneur.
    Manière aussi pour lui de fuir la solitude, car son veuvage lui pesait, et je ne fus pas surpris quand, en août 1274, il épousa Marie de Brabant.

    La jeune reine aimait les voiles de tulle, les dentelles, la soie, l’or et l’argent. Elle était si belle qu’on rougissait rien qu’à la regarder.

    J’étais convié aux fêtes qu’elle donnait, où se pressaient les grands seigneurs du royaume et ceux qui venaient du Brabant et des terres d’Empire.
    Il y avait là Robert II d’Artois, le fils de feu le comte d’Artois, frère de Saint Louis. Charles d’Anjou, roi de Sicile, y faisait sa cour à la jeune reine et prodiguait d’une voix forte ses conseils à Philippe III le Hardi, son neveu. Il avait l’autorité d’être le seul frère survivant de Saint Louis. Les comtes de Dreux, de Soissons, de Saint-Pol, seigneurs français, affrontaient en tournoi de chevalerie les ducs de Brabant, de Bourgogne, de Gueldre, de Hollande, de Luxembourg, pour le plus grand plaisir de la reine Marie de Brabant.
    Parfois passait, hautaine, distante, méprisante même, la reine mère Marguerite de Provence, qui détestait Charles d’Anjou, entendait garder son influence sur le roi et s’opposait ainsi à la reine Marie et à ses Brabançons .
    Quant au roi, il hésitait, cédant à l’une et à l’autre reine, laissant l’abbé de Saint-Denis, Matthieu de Vendôme, qui avait été serviteur de Saint Louis, régler une partie des « besognes du royaume », mais en abandonnant le plus grand nombre à un favori, Pierre de la Broce, chirurgien de Saint Louis, que le défunt roi avait élevé à la dignité de chambellan.
    Ce Pierre de la Broce, ce Tourangeau avide, s’empara de l’esprit du roi et obtint de lui donations, faveurs et privilèges.

    Naguère, j’avais, jeune écuyer, été souvent conduit par mon père dans le palais royal de Saint Louis.

    Je ne reconnaissais plus la cour du roi de France dans ce grouillement d’intrigues et de coteries qui se nouaient autour de Philippe III le Hardi.
    Il avait trois fils de son premier lit, partagé avec Isabelle d’Aragon : Louis, Philippe et Charles de Valois, et bientôt il
eut trois enfants de la reine Marie de Brabant : Louis d’Évreux, Marguerite et Blanche.
    Ce fut la guerre entre ces deux coteries, ces deux familles. Lorsque, en 1276, l’aîné des fils du roi, Louis, mourut, la rumeur se répandit que la reine Marie de Brabant avait fait empoisonner l’héritier de Philippe III.
    C’est l’évêque de Bayeux, Pierre de Benais, frère de Pierre de la Broce, qui rapporta au roi l’accusation et dit :
    « Sire, le bruit court que Madame la reine la jeune, et les femmes de sa maison, qu’elle amena de son pays le Brabant, ont empoisonné Monseigneur Louis. On craint qu’elles en fassent autant aux autres enfants que le roi a de sa première femme. Le peuple de Paris est si ému contre la reine et ses femmes qu’elles n’oseraient aller du Louvre à Notre-Dame de peur d’être lapidées ! »
    Le bruit courait aussi que le roi Philippe III était

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