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Le Roman des Rois

Le Roman des Rois

Titel: Le Roman des Rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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cette victoire.
    Plus tard, je lus les Mémoires qu’avait écrits Nogaret :
    « Ledit Guillaume, y disait-il, sachant que celui qui secoue la léthargie et met la camisole de force au frénétique fait oeuvre de charité, quoiqu’il ne soit pas agréable au malade, a secoué et lié Boniface qui était atteint à la fois de léthargie et de frénésie.
    « Ledit Boniface comprit alors que cette visitation venait de Dieu. Il reconnut que le fait dudit Guillaume et des siens était une oeuvre de Dieu, non des hommes, et il leur remit toutes les irrégularités qu’ils avaient pu commettre ou laisser commettre, si toutefois ils en avaient commis. »

    J’eus honte, pour Guillaume de Nogaret, et de son mensonge et de son outrecuidance.

quatrième partie
    (1303-1306)
    « Dieu, plus puissant que tous les princes ecclésiastiques et temporels, frappa ledit Seigneur Benoît XI, de sorte qu’il ne lui fut pas possible de me condamner. »
    G uillaume de N ogaret
    commentant la mort de Benoît XI, le 7 juillet 1304.
    79.
    J’ai essayé d’oublier ce que j’avais vu et entendu à Anagni.
    Je me suis retiré dans mon fief où j’ai chassé chaque jour sur les hautes terres sèches qui entourent le château des Villeneuve de Thorenc.
    Je rentrais à la nuit tombée, le corps glacé par les pluies d’automne, et m’endormais, assis dans la vaste cheminée de la grand-salle, celle-là même où mon père, repoussant la mort, m’avait fait le récit de sa vie et de celle de son roi.
    J’ai commencé à me remémorer ce que j’avais vécu, et je ne pouvais, au fil des mois, que comparer Saint Louis à son petit-fils, Philippe IV le Bel, l’Énigmatique.
    L’un et l’autre, comme jadis Philippe Auguste, leur aïeul, voulaient la grandeur du royaume, et tous deux désiraient que la couronne de France s’imposât comme la plus brillante et la plus puissante.
    Mais Saint Louis s’était mis au service de Dieu et la croisade, la libération de la Terre sainte était son but.
    Philippe le Bel voulait être d’abord le plus grand roi de la Chrétienté. Et il n’avait pas hésité à briser l’autorité d’un pape qui cherchait à imposer son pouvoir à tous les souverains catholiques.
    Le chevalier Guillaume de Plaisians, homme lige de Guillaume de Nogaret, avait exprimé la pensée du roi lorsqu’il avait déclaré :
    « La haine de Boniface contre le roi de France vient de sa haine contre la foi, dont ledit roi incarne la splendeur et l’exemplarité. »

    Servir le roi était la première obligation du chrétien, puisque c’était servir la foi.
    Je me persuadai que c’était là l’ordre divin du monde, et priai Dieu avec ferveur que jamais plus le souverain pontife ne soit l’ennemi du roi de France.
    C’était à Philippe le Bel que je devais d’abord obéissance, et lorsque j’appris que les chevaliers, les barons, les seigneurs, tout l’ost était convoqué, le roi ayant décidé d’entrer en campagne, j’avais aussitôt rejoint l’armée royale.

    Je me présentai au roi à Tournai le 8 août 1304.
    Je n’avais jamais vu Philippe le Bel armé pour le combat. Il portait cotte de mailles et heaume avec gorgerin. Des valets s’apprêtaient à nouer son armure. Il me toisa, puis posa sa main déjà gantée de fer sur mon épaule comme s’il voulait à nouveau m’adouber, et je fis mine de m’agenouiller, mais il me retint.
    D’une voix sourde, il prononça les noms de Robert d’Artois, de Raoul de Nesle, de Pierre Flote, de Jacques de Châtillon, d’autres chevaliers encore qui étaient tombés à Courtrai le 11 juillet 1302, quand notre chevalerie avait été défaite par la menue gent des villes de Flandre.
    « Tu étais avec eux », ajouta le roi.
    Puis il s’éloigna.
    Il fallait oublier la blessure de Courtrai, rendre sa gloire aux chevaliers du royaume de France, et – je ne l’ignorais pas –
compléter ainsi la victoire que Philippe le Bel venait de remporter sur Boniface VIII.

    Il fallait combattre.
    Et ce mois d’août 1304, alors que nous chevauchions vers Lille et vers les autres villes de Flandre, la flotte royale commandée par le Génois Rainier Grimaldi envoyait par le fond la flotte flamande.
    Nous n’avions plus qu’à vaincre. La chaleur nous dévorait le visage, la terre elle-même était brûlante, et les chevaux levaient haut leurs sabots comme s’ils les enfonçaient dans des braises rougeoyantes.
    Le roi avait retenu la leçon de la

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