Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Roman des Rois

Le Roman des Rois

Titel: Le Roman des Rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
ton absence ? Ne te sont-ils pas aussi chers que les chrétiens d’Orient… ? Tous ces maux que ma tendresse redoute, ton départ peut les faire naître. Reste donc en Europe où tu auras tant d’occasions de montrer les vertus d’un bon roi, d’un roi, père de ses sujets, modèle et appui des princes de sa maison… Ce Dieu qui m’entend, crois-moi, n’ordonne point qu’on accomplisse un voeu contraire aux grands desseins de Sa Providence. »
    J’ai vu la reine Blanche pleurer, en appeler à ce « Dieu de miséricorde qui n’a pas permis à Abraham d’achever son sacrifice. Il ne te permet point d’achever le tien et d’exposer une vie à laquelle sont attachés le sort de ta famille et le salut de ton royaume » !

    Le roi s’est jeté dans les bras de sa mère, puis, d’une voix émue, a dit que sa résolution était connue dans toute la Chrétienté, qu’il avait donné des ordres pour que l’on commençât à préparer la croisade.
    Et voici qu’on lui demande de « tromper tout à la fois les espérances de l’Église, des chrétiens, de la Palestine et de ma fidèle noblesse » !
    Alors il met la main à son épaule, déchire son vêtement, en arrache la croix et dit : « Seigneur évêque, voici la croix dont j’étais porteur, je vous la remets de plein gré… »

    Moi, dit mon père, je n’ai pas mêlé ma voix à toutes celles qui disaient leur joie.
    Je regardais le visage du roi qui paraissait plus déterminé que jamais.
    Je ne pouvais croire qu’il eût cédé aux larmes de Blanche de Castille et aux raisons des barons et de l’évêque.
    Il a tendu le bras, imposant silence, et, d’une voix nette, de commandement, il a repris :
    « Mes amis, vous ne direz pas que maintenant je suis privé de raison et de sens, que je suis malade, que je ne suis pas maître de moi. Or, aujourd’hui, je demande que l’on me rende ma croix, car Celui-là en est témoin, qui sait toutes choses : rien de ce qui se mange n’entrera dans ma bouche jusqu’à ce que cette croix soit de nouveau sur mon épaule ! »
    Il y eut un mouvement de stupeur, quelques exclamations, puis le roi, après un silence, ajouta :
    « Laissez-moi donc tenir toutes les promesses que j’ai faites devant Dieu et devant les hommes, et n’oubliez pas qu’il y a des obligations qui sont sacrées pour moi et qui doivent être sacrées pour vous : c’est le serment d’un chrétien et la parole d’un roi. »

    Plus personne n’osa se dresser contre la volonté du roi et chacun, dans le royaume, tenta de l’aider à préparer la croisade.
    Il fallait d’abord que les villes et les abbayes, que les seigneurs, toutes les corporations et toute l’Église de France acceptent de verser leur obole au Trésor royal. Celui-ci réclama que l’aide à la croisade passât du vingtième au dixième.
    Templiers et banquiers italiens organiseraient les transferts d’argent en Terre sainte. On souscrivit aux emprunts forcés qui permettaient d’acheter bois, grains, victuailles en tous genres, vins qui seraient chargés à Marseille, Montpellier, Gênes.
    Le roi décida que la croisade partirait du port d’Aigues-Mortes, non loin de l’abbaye de Saint-Gilles, situé dans le royaume de France alors que tous les autres – Montpellier,
Gênes, Marseille, Narbonne – n’étaient pas soumis à son autorité.

    Je me suis rendu dès 1245 à Aigues-Mortes pour suivre au nom du roi les travaux, la construction du port et de cette ville en damier. Dès 1246, la tour Constance, futur logis du roi, fut achevée.
    Les bateaux s’amarrèrent aux quais et les provisions commencèrent à s’accumuler autour des darses.
    Mais il fallut encore quatre années avant que la préparation de la croisade ne fût achevée. Louis voulait laisser un pays apaisé à Blanche de Castille qui gouvernerait le royaume pendant son séjour en Terre sainte.
    Des frères franciscains et dominicains se rendirent dans toutes les provinces afin de recueillir les plaintes des sujets à l’égard des représentants du roi, des baillis et des prévôts. On répara les injustices et cette grande enquête royale de 1247 permit aussi de recueillir les impôts qui n’avaient pas été acquittés.

    J’avais, depuis l’enfance, servi le roi, mon « suzerain jumeau », avec foi et fidélité. Mais jamais comme en ces quatre années qui précédèrent le départ de la croisade je ne remerciai autant Dieu de m’avoir placé auprès de

Weitere Kostenlose Bücher