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Le Roman des Rois

Le Roman des Rois

Titel: Le Roman des Rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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intempéries, le vol. Mais Dieu protégea la sainte relique, et le roi, Blanche de Castille, ses frères, l’archevêque de Sens, allèrent à sa rencontre.
    Ce fut très grande émotion que de la recevoir à Villeneuve-l’Archevêque. À sa vue, le roi, la reine, tous les assistants pleurèrent. Et la sainte relique, qui arrivait des bords du Bosphore, rejoignit la chapelle Saint-Nicolas, dans le palais royal, par l’Yonne et la Seine.

    Et Louis décida qu’il fallait bâtir autour d’elle, pour elle, une Sainte-Chapelle dont on commença aussitôt la construction au sein du palais royal.
    Et comme Baudouin II avait besoin d’argent, le roi de France lui acheta d’autres reliques : la sainte éponge, un morceau de la vraie Croix, la pointe en fer de la sainte lance.
    « Chaque jour, dit mon père, le roi Louis se rendait sur le chantier de la Sainte-Chapelle et priait. Dès le mois de mai 1243, il avait obtenu du pape Innocent IV des privilèges pour sa chapelle royale. »

    Avec ces reliques saintes et adorées placées auprès de lui dans cette châsse de pierre qu’est la Sainte-Chapelle, Louis offrait au royaume de France un « bouclier sacré » contre les
hordes tartares qui arrivaient à Cracovie, s’avançaient jusqu’à Vienne, refoulaient devant elles les Turcs, qui, à leur tour, déferlaient sur la Terre sainte, affrontant les croisés et approchant du Saint-Sépulcre.
    Nous entourions le roi, lui faisions part de notre inquiétude, poursuivait mon père. Nos gorges se serraient, étouffaient nos voix. Nous nous interrogions, nous priions.
    J’ai entendu la reine Blanche de Castille pousser de profonds soupirs et dire, en larmes :
    « Que faire, très cher fils, face à un si lugubre événement dont la rumeur terrifiante a franchi nos frontières. Les peuples Gog et Magog de l’Apocalypse arrivent ! »

    Le roi a répondu, lui aussi, comme nous tous, au bord des larmes :
    « Courage, mère ! Dressons-nous à l’appel de la Consolation céleste ! De deux choses l’une : ou bien nous les rejetons dans les demeures tartaréennes, infernales, d’où ils sont sortis, ceux que nous appelons Tartares, ou bien ceux-ci nous enverront tous au Ciel et nous irons vers Dieu en confesseurs du Christ et en martyrs. »

    Je sais que Louis espérait aussi convertir les Tartares à la vraie foi et qu’il leur dépêcha plusieurs messagers, espérant faire de cette gent barbare, sortie des extrémités de la Terre et dont on ignorait l’origine, des alliés contre les Infidèles.
    Mais il fallait d’abord protéger le Saint-Sépulcre, accomplir son devoir de croisade, et je ne doutais pas que Louis y songeait à chaque instant de sa vie.
    Car la Terre sainte était l’héritage du Christ. Et ne pas la sauver des mains infidèles était devenir un félon de Dieu et mériter tous les châtiments.

    Nous n’apprîmes que plus tard que les Lieux saints avaient été pillés, le 23 août 1244, par des bandes turques qui avaient été chassées du Kharezm, région où vivaient ces Turcs.
    Quelques jours plus tard, un second messager nous apporta une autre sinistre nouvelle : près de Gaza, à Forbie, le 17 octobre, l’armée égyptienne du sultan et ses alliés turcs kharezmiens avaient écrasé l’armée franque.

    Il ne restait des chevaliers Teutoniques, des Templiers, des Hospitaliers, que quelques dizaines de chevaliers sur plus d’un millier !
    Le messager avait ajouté que l’on comptait seize mille tués ou capturés parmi les chrétiens et leurs auxiliaires !
    Seuls quelques centaines de combattants chrétiens défendaient encore la Syrie franque !

    Je crois que la maladie qui frappa Louis dans son château de Pontoise vint de la vision qu’il avait eue de ce désastre, avant même que les messagers n’en eussent apporté la nouvelle.
    C’était une vision divine qui le frappa si fort que, le 14 décembre 1244, on le crut mort.
    Je sais, reprit mon père, que certains, dans l’entourage du roi, jugèrent qu’il s’agissait seulement d’un flux de ventre, cette maladie qui frappait tant d’entre nous.
    Le roi fut à une telle extrémité que l’une des dames qui le gardaient lui voulut tirer le drap sur le visage, disant qu’il était mort. Une autre dame qui était de l’autre côté du lit ne le souffrit pas ; elle disait qu’il avait encore l’âme au corps. Et comme il venait d’ouïr le débat entre ces deux dames, Notre Seigneur opéra en lui et lui

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