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Le Roman des Rois

Le Roman des Rois

Titel: Le Roman des Rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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envoya tantôt la santé, car avant, il était muet et ne pouvait parler.
    Le roi se souleva sur sa couche et demanda à l’évêque de Paris, Guillaume d’Auvergne, de lui remettre la croix, car c’était le voeu qu’il avait fait, promettant au Seigneur, s’Il lui rendait la santé, de partir en croisade en Terre sainte.
    Un trouvère a écrit le récit de cet engagement de Louis IX qui avait été, avant lui, celui de Louis VII, son arrière-grand-père, et de Philippe Auguste, son grand-père :

    Tout le monde doit mener joie
    Et être dans l’allégresse
    Le Roi de France est croisé
    …
    Il est loyal et entier
    Et c’est prud’homme à droiture
    Tant comme son royaume dure
    Il est aimé et prisé
    Sainte vie, nette, pure
    Sans péché et sans ordure
    Même le Roi. Ce, sachez
    Qu’il n’a de mauvaise cure…
    …
    L’évêque de Paris
    Bientôt me croisera
    Car longuement a été
    Outremer mon esprit,
    Et ce mien corps s’en ira
    Si Dieu veut, et conquerra
    La terre sur les Sarrasins
    Bien aura qui m’y aidera.

troisième partie
    (1245  -  août 1248)
    « Mes amis, vous savez que ma résolution est déjà connue de toute la Chrétienté ; depuis plusieurs mois, les préparatifs de la croisade se font par mes ordres… Laissez-moi donc tenir toutes les promesses que j’ai faites devant Dieu et devant les hommes, et n’oubliez pas qu’il y a des obligations qui sont sacrées pour moi et qui doivent être sacrées pour vous : c’est le serment d’un chrétien et la parole d’un roi. »
    S aint L ouis,
    1245.
    52.
    « Quand le roi, avec l’aide de Dieu, a terrassé la maladie, en cette fin du mois de décembre 1244 qui était aussi le terme de sa trentième année de vie, j’ai su qu’un autre homme était né. »

    Mon père m’avait saisi les épaules comme pour s’y accrocher, s’arrimer à moi, son fils, qui représentait l’avenir de sa lignée, sa vie, alors que lui-même était tiré par les forces obscures de la mort, qui, chaque jour, l’ensevelissaient davantage.
    Le roi Louis, dit mon père, était hâve et pâle, le regard brillant de fièvre et de ferveur.
    J’étais parmi les barons et les chevaliers qui se pressaient autour de lui.
    Au premier rang de cette assemblée se tenaient sa mère, Blanche de Castille, l’évêque de Paris, Guillaume d’Auvergne, ses frères.
    Je n’ai pas vu son épouse ni ses enfants.
    Je ne pouvais le quitter des yeux.
    Il portait une barbe de quelques jours qui lui affinait les traits. Il avait perdu de nombreux cheveux et ses longues mèches blondes n’étaient déjà plus qu’un souvenir. Sa voix était forte et fière, mais elle le paraissait d’autant plus que le corps dont elle sortait semblait affaibli.
    Louis était comme une cathédrale dévastée, pillée par des Infidèles, mais dont le prêtre continue à dire la messe, à prononcer son homélie, et rien n’est plus glorieux que cette voix et que ces mots parmi ces ruines.
    Celui qui n’a pas entendu et vu Louis dans les semaines qui ont suivi sa guérison ne peut imaginer le rayonnement de la foi qui brillait en lui.
    Il disait qu’il resterait fidèle au voeu de croisade qu’il avait fait, alors que les seigneurs, la reine et l’évêque lui demandaient de le racheter, de le commuer, ajoutant que c’était pratique courante.

    « Monsieur roi, disait l’évêque, souviens-toi que quand tu as reçu la croix en faisant inconsidérément et brusquement un voeu si difficile à accomplir, tu étais malade, et, pour dire la vérité, peu sain d’esprit ; en effet, le sang t’ayant monté au cerveau, tu n’étais pas maître de toi. Ainsi les paroles prononcées en ce moment-là étaient dépourvues de vérité et de toute autorité. Le Seigneur pape nous apportera bénévolement dispense, connaissant les besoins du royaume et la faiblesse de ton corps. »
    Puis l’évêque énumérait tous ceux qui menaçaient le royaume et l’Église : l’empereur Frédéric II, le roi d’Angleterre, les Poitevins, les Albigeois et autres hérétiques.
    « À qui nous laisseras-tu, désolés que nous serons ? »

    La reine Blanche parla la dernière :
    « Tu le sais, mon fils, il ne me reste que peu de jours à vivre, et ton départ ne me laisse que la pensée d’une séparation éternelle. »
    Le roi se devait de songer au royaume, à ses enfants qu’il abandonnait au berceau.
    « Ils ont besoin de tes leçons et de tes secours. Que deviendront-ils, en

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