Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Roman des Rois

Le Roman des Rois

Titel: Le Roman des Rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
avança des chats-châteaux, ces sortes de galeries couvertes surmontées de tours afin de protéger les hommes qui, à l’intérieur de la galerie, travaillaient à l’abri des flèches. Mais les musulmans avancèrent à leur tour des machines de guerre qui lançaient des projectiles chargés de feu grégeois. J’ai gardé une nuit les chats-châteaux et le seigneur Gautier d’Écurey, qui observait l’autre rive du Bahr-al-Seghir, vint nous avertir :
    « Nous sommes dans le plus grand péril où nous avons jamais été, dit-il. Ils ont amené un engin, un pierrier, et ils ont mis le feu grégeois dans la fronde de l’engin. S’ils brûlent nos châteaux et que nous y demeurons, nous sommes perdus et
brûlés ; et si nous laissons les postes qu’on nous a baillés à garder, nous sommes honnis. C’est pourquoi nul ne peut nous défendre de ce péril, excepté Dieu. Je suis donc d’avis et vous conseille que toutes les fois qu’ils nous lanceront le feu, nous nous mettions sur nos coudes et nos genoux et priions Notre Seigneur pour qu’Il nous garde de ce péril. »
    Nous le fîmes sitôt qu’ils lancèrent le premier coup, lequel tomba entre nos deux chats-châteaux.

    J’ai entendu Louis crier à chaque fois qu’un feu grégeois traversait le ciel :
    « Beau Sire Dieu, gardez-moi ma gent ! »
    Mais chaque jour et chaque nuit, des hommes d’armes et des chevaliers, même s’ils étaient en prière, mouraient comme si un bûcher avait fondu sur eux depuis les cieux.

    Cela dura plus de deux mois, puis un Bédouin converti nous révéla que, non loin de notre camp, un gué mal gardé permettait de franchir le Bahr-al-Seghir.
    Nous remerciâmes Dieu qui nous montrait le chemin.
    J’ai demandé au roi de me laisser rejoindre le maître du Temple, Guillaume de Sonnac, qui, avec ses chevaliers, allait forcer le passage. Le roi me l’accorda.
    Nous traversâmes le Bahr-al-Seghir, dispersâmes trois cents cavaliers arabes, puis continuâmes notre chevauchée en poursuivant les fuyards jusqu’au camp égyptien, suivis par le frère du roi, Robert d’Artois. Et nous fîmes grand massacre parmi les musulmans surpris.
    Dieu et le courage des chevaliers du Temple, de ceux du comte de Salisbury et de Robert d’Artois, nous ont donné la victoire.

    Mon père a levé la main avec solennité :
    « Écoute-moi avec attention, Hugues de Thorenc, mon fils. Dieu juge aussi les hommes à leur sagesse, à leur prudence et à leur raison. Il reprend ce qu’Il a donné quand ceux qu’Il a distingués et aidés le déçoivent par leur démesure. »

    Nous étions au milieu du camp égyptien dévasté. Nous devions attendre l’arrivée de l’armée conduite par le roi. Mais, devant nous, la forteresse de Mansourah paraissait s’offrir, portes ouvertes, pour accueillir les fuyards, sans fossés ni troupes pour la protéger.
    C’était l’appât du diable, et, malgré nos avis, Robert d’Artois se précipita, entra dans la place. Que pouvions-nous faire, sinon charger à ses côtés et subir avec lui les milliers de traits d’arbalète que des tours et des terrasses nous envoyaient les défenseurs ?
    Nous étions perdus dans un dédale de rues. Les Mamelouks nous désarçonnaient, nous égorgeaient. Et ainsi périrent Robert d’Artois, le comte de Coucy, le comte de Salisbury et près de trois cents chevaliers du Temple. Nous fûmes encerclés, nous battant à un contre dix. Dieu nous punissait de notre déraison, du pillage auquel s’étaient livrés, dès qu’ils étaient entrés à Mansourah, certains hommes d’armes oublieux de leur devoir et de la précarité de leur situation.
    Ce n’est qu’à la fin de cette journée du 8 février 1250 que les troupes conduites par le roi réussirent à nous rejoindre et à faire fuir les Sarrasins.
    Nous étions victorieux, mais les eaux du Bahr-al-Seghir charriaient des centaines de corps chrétiens, ceux des chevaliers qui s’étaient noyés en passant le gué, ceux qui étaient tombés en combattant.

    J’ai vu le roi, son épée rouge de sang infidèle.
    Il avait dû se dégager à grands coups de lame, chargeant à la tête des chevaliers.
    « Jamais, me dit Jean de Joinville, je ne vis si beau chevalier, car il paraissait au-dessus de toute sa gent, les dépassant à partir des épaules, un heaume doré en son chef, une épée d’Allemagne à la main. »
    57.
    Hugues de Thorenc, mon fils, souviens-toi de la gloire et de l’héroïsme du

Weitere Kostenlose Bücher