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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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valises en vue de son prochain départ. Ne se doutant évidemment de rien, elle continuait à vaquer à ses rangements lorsque, arrivé au pied de la maison, le fils de la Sibérienne et de Daoguang, contrôlant tant bien que mal son souffle tellement il était ému, héla doucement celle qu’il n’avait pas serré dans ses bras depuis huit très longues années.
    —  Laura ! Ma Laura !
    Dès qu’elle entendit – reconnaissable entre mille !  – son cher, son unique La Pierre de Lune, la jeune femme se rua à la fenêtre d’où, sous le coup de la surprise, elle se retint de tomber, tandis que sa voix nouée par l’émotion, pareille à un appel au loin jeté en plein ciel, lançait à son mari :
    —  Mon amour   ? Toi ici ! Dieu soit Loué !
    —  C’est moi ! J’ai fini par te retrouver… murmura ce dernier au bord de la syncope tellement sa joie était forte.
    Moins d’un instant plus tard, elle était face à lui, frémissante et désirable comme au premier jour. Au milieu du flot incessant des passants et des brouettes et dans l’air vicié par les fosses d’excréments avoisinantes, il y eut alors une hésitation tumultueuse qui rapprocha très vite leurs deux visages fascinés l’un par l’autre. Ils étaient éblouis et seuls au monde, insensibles aux bruits et aux odeurs nauséabondes, mutuellement happés par cette soif inextinguible de bonheur qu’ils allaient enfin pouvoir assouvir.
    Ce fut Laura qui, la première et au mépris de toutes les convenances, s’empara de la tête de son époux et colla violemment sa bouche contre la sienne.
    —  Mon amour, tu es vivant ! J’en étais sûre !
    Enfin libérée de tant d’années de solitude avec l’angoisse pour unique compagne, elle gémissait, poussant sa tête à petits coups brusques contre sa poitrine déjà toute secouée de sanglots saccadés et rapides qui se poursuivaient, se chevauchaient comme les bulles sur l’eau bouillante.
    Tandis que, de son côté, il lui dévorait les doigts, doucement, humblement, tendrement, en les mouillant de ses larmes, elle, comme assoiffée, plongeait ses yeux dans les siens pour y boire à longs traits.
    Ensemble, le Yin et le Yang pouvaient enfin s’accorder en donnant raison au proverbe : Un bonheur efface dix mille malheurs !
    —  Nous ne nous quitterons plus jamais… murmura-t-elle, pâmée jusqu’à l’impudeur en dégageant ses mains avant de coller une nouvelle fois ses lèvres aux siennes.
    Devant cette posture pourtant des plus classiques mais qu’elle considérait comme totalement inconvenante, Mrs Greenwich, qui s’était postée à la fenêtre pour observer leurs retrouvailles, détourna le regard avec une petite moue de dégoût. Pour la très prude Galloise, entre un baiser mouillé et un coït en bonne et due forme exécuté dans le secret d’un lit, il n’y avait pas à proprement parler de différence…
    —  Tu es arrivé à temps. Je pars pour Londres dans une semaine, avec notre fils, Paul Éclat de Lune ! Quant à mon pauvre petit Joe… murmura Laura, tout en conduisant son mari vers le perron de la maison.
    Il l’interrompit doucement.
    —  Je sais, M. Bowles m’a tout raconté !
    Puis il la serra à nouveau dans ses bras en même temps qu’elle posait tendrement sa tête sur son épaule, puisant dans la chaleur de ses muscles cet ineffable sentiment de protection dont elle avait été privée depuis si longtemps.
    —  Tu as donc vu John Bowles   ? fit-elle, abasourdie.
    —  J’ai retrouvé ta trace grâce à son article du Weekly   ! C’est lui qui m’a amené jusqu’à chez toi ! fit-il en se tournant vers Bowles qui les suivait à quelques mètres.
    Elle lui prit la main et fut secouée d’un frisson violent qui la fit vaciller.
    —  Et dire qu’à une semaine près, nous nous serions ratés…
    Le bonheur, tout comme la vie, ne tient souvent qu’à un fil…
    Il lui répondit à petits coups de langue dans le pavillon de l’oreille qui firent immédiatement surgir en elle les premiers fourmillements du désir. Alors qu’elle se revoyait, le ventre tout agité des spasmes de la jouissance, sur le tapis d’herbe de la petite île du Lac de l’Ouest, il lui demanda après un nouveau flot de caresses suivi d’un long baiser profond qui la fit définitivement succomber à une onde de plaisir.
    —  Où est notre fils   ?
    Elle s’épongea le front. L’émotion et le reste l’avaient déjà mise en nage.
    — 

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