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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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le nom de mon père… déclara, d’une voix blanche, celui qui venait d’y déchiffrer le nom de règne du précédent Fils du Ciel.
    —  Vous êtes le fils de l’empereur Daoguang ! Je peux vous l’assurer !
    —  C’est impossible. Mon père avait pour nom Bouquet de Poils Céleste. Il est mort à Canton sous mes yeux du supplice des Dix Mille Couteaux !
    —  Bouquet de Poils Céleste était l’homme à qui votre véritable géniteur vous confia lorsque vous n’étiez qu’un tout jeune enfant !
    La Pierre de Lune, bien décidé à faire taire les élucubrations de Bowles, s’écria :
    —  Je n’en crois rien ! Comment vous permettez-vous d’avancer une chose aussi absurde   ?
    —  Une mère à la recherche de son fils ne saurait inventer de telles histoires…
    —  Vous connaissez ma mère   ? s’écria, abasourdi, le jeune calligraphe.
    Même si l’un n’allait pas sans l’autre, autant le fait que la femme de Bouquet de Poils Céleste n’était pas sa mère lui paraissait aller de soi, autant l’idée qu’il avait du sang impérial dans les veines lui semblait totalement absurde.
    —  C’est elle qui me révéla votre existence… Votre mère était russe.
    À ces mots, déjà passablement chamboulé par les révélations de l’Anglais, le fils caché de l’empereur de Chine joignit les mains tandis qu’une onde d’angoisse parcourait son visage.
    —  Vous parlez de ma mère au passé !
    —  Elle est morte, lâchement assassinée à Canton par la police impériale… la peur du scandale. Elle avait fait exprès le voyage pour retrouver son fils ! Votre mère était une femme d’une beauté stupéfiante et au caractère bien trempé. Vous pouvez être fier d’elle ! Bien plus, en tout cas, que de votre père ! Admirez un peu ces traits de madone !
    Accompagnant son propos d’un geste théâtral, John montra à La Pierre de Lune, de plus en plus médusé, le portrait d’Irina Datchenko au Club des Anglophiles qu’il venait de sortir d’un des tiroirs de son bureau.
    Émerveillé, le fils de la Sibérienne découvrit le beau profil de médaille de sa mère, ses traits qui reflétaient à merveille le mélange de beauté altière, d’élégance naturelle, de passion dévorante et de volonté farouche dont elle était faite, ainsi que son regard d’azur.
    La qualité et la précision du dessin de Bowles témoignaient de la fascination que son modèle avait exercée sur son auteur.
    —  Elle était très belle en effet…
    —  Ce dessin date de la veille de la mort de votre maman.
    La Pierre de Lune frissonna et jeta au journaliste un regard douloureux.
    L’oubli n’efface pas le passé. Il suffit qu’il pleuve un peu, sur certains déserts, pour qu’ils se couvrent d’un somptueux tapis de fleurs.
    En l’espèce, pour La Pierre de Lune, c’était de fleurs épineuses, auxquelles il s’était déjà profondément écorché les mains…
    —  Comment avez-vous rencontré ma mère   ?
    Le visage de Bowles s’anima à nouveau.
    —  La Sibérienne ! murmura-t-il, le regard perdu dans le souvenir de cette femme qui était passée dans sa vie comme un ouragan.
    —  C’était son nom   ?
    —  C’est ainsi qu’on l’appelait à la cour de Chine !
    —  Par quel miracle l’avez-vous connue   ?
    —  Par hasard, dans la rue, à Canton où je me trouvais pour un reportage. Je l’avais suivie, tellement je la trouvais belle. Lorsqu’elle apprit que j’étais journaliste, elle accepta de poursuivre la conversation. En fait, elle cherchait à faire connaître son histoire – et donc la vôtre !  – au monde entier… Nous reprîmes rendez-vous pour le lendemain, le jour funeste où elle fut tuée ! expliqua John d’une voix voilée par le chagrin.
    —  Vous avez donc assisté au meurtre   ?
    Le visage du jeune calligraphe était figé par l’horreur.
    —  Et même aux premières loges… fit Bowles en se collant à lui, comme ça, juste à côté d’elle ! Les sbires de la police secrète impériale se ruèrent sur la Sibérienne avant de la poignarder sauvagement. C’était un guet-apens. Ils la suivaient depuis qu’elle s’était enfuie de Pékin. Il y avait du sang partout… Elle mourut en quelques minutes.
    —  Si je comprends bien, vous l’avez échappé belle !
    —  J’ai eu beaucoup de chance de m’en sortir. Les flics commencèrent par me prendre pour un espion. Puis ils me relâchèrent. Quand je fus

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