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Le sang des Dalton

Le sang des Dalton

Titel: Le sang des Dalton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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apparaîtrait. Il sélectionna une clé et actionna la serrure en fonte Scandinave de la prison.
    Grat était adossé contre la paroi de la grange, les yeux fermés. Cramponné à un clou, il cracha une giclée de sang à côté de ses bottes et quand il entrouvrit les paupières, il discerna le marshal Connelly qui s’engageait dans la ruelle tel un voyageur qui a déjà son billet sur le quai d’une gare. Je rechargeais quand Connelly me remarqua et obliqua vers moi, omettant de jeter un coup d’œil à l’intérieur de la grange, à dix mètres de lui. Grat tenta de lever son fusil, mais il en fut incapable. Il s’arracha au mur de la grange, ajusta le dos de Connelly, arma le chien du pouce et pressa la détente.
    Je vis Connelly marcher vers moi, je vis un bouton de son gilet s’envoler et je le vis trébucher et s’étaler en avant, foudroyé par la balle de Grat. Il gémit, s’efforça de déglutir et roula sur le dos. De temps à autre, son genou se soulevait, puis retombait ; de la terre collait à son gilet ensanglanté.
    J’ignore pourquoi, mais les défenseurs ont été stupéfiés par ce meurtre et la fusillade a cessé juste assez longtemps pour que Bill Powers puisse quitter la porte de service de McKenna. Le silence était tel que j’entendais ses pas tandis qu’il se précipitait vers les chevaux en soutenant son bras. Pendant ce bref répit d’une trentaine de secondes, il nous sembla que nous avions une chance d’en réchapper vivants ; puis les tirs reprirent, plus nourris qu’auparavant, et mon frère Bob s’accroupit avec défi au milieu de la ruelle et vida son fusil alors que des fragments de brique, de bois et de terre fusaient autour de lui et que les balles sifflaient dans l’air. D’après son rictus, certaines ne durent pas passer loin, mais Bob était en état de grâce.
    Grat abandonna la grange à reculons, manteau boutonné et fusil serré sous le bras. À l’exception des traces de sang autour de sa bouche, il était pâle comme un linge.
    « Ça va ? m’inquiétai-je.
    — J’ai l’estomac un peu barbouillé », me répondit-il.
    Une balle perdue blessa l’une des bêtes attelées au chariot de la Consolidated Oil, qui s’affolèrent. Elles se libérèrent de la barre d’attache du dépôt de glace et chargèrent dans la ruelle, entrainant derrière elles le chariot qui se mit à louvoyer et à déraper en heurtant les bâtiments avoisinants. Grat dégaina son pistolet et logea une balle dans l’étoile blanche que le cheval blessé avait sur le front. L’animal s’écroula, mort, et le second tomba à genoux. Il tenta de se relever, mais il avait un jarret brisé et l’os saillait sous la peau. Il retomba, puis se redressa sur deux pattes, frémissant.
    Je crois que Bob s’était abrité près du dépôt de glace lorsque les chevaux avaient paniqué. Je ne le voyais plus. Grat se replia jusqu’aux bêtes en tiraillant vers l’est et Bill Powers se campa près de moi, jambes écartées et pistolet levé, le bras gauche pendant, inutile, le long du corps. Il brûla toutes ses cartouches, remisa son revolver dans une poche de son manteau et en dégaina un autre de son étui d’épaule. Il me recommanda de ne pas attendre Bob trop longtemps, puis se rua vers les chevaux.
    Carey Seaman avait défait la corde retenant le portail du parc à bois Long-Bell et, tenant son fusil à deux mains, il s’était hasardé dans l’herbe haute et humide sous des sycomores, au milieu de tas de solives, de lattes, de planches bouvetées et de madriers. Une planche s’effondra en ripant près de la ruelle et Seaman entraperçut une ombre flageolante sur une palette dans l’herbe, puis l’homme qu’il connaissait sous le nom de Texas Jack Moore, plié en deux dans la ruelle, en train de détacher les rênes de sa monture du tuyau. Broadwell agrippa la corne de sa selle, plaça un pied dans un étrier, au supplice, et se hissa sur son cheval qui filait déjà. Seaman fit feu et son tir cingla le gravier ; Broadwell talonna brutalement sa monture à trois reprises et s’apprêtait à tourner dans Maple Street en direction du nord quand le coiffeur tira à nouveau. Dick fut projeté en avant sur son pommeau comme si on l’avait frappé dans le dos avec un râteau à foin. Il faillit être désarçonné, mais tint bon en se vidant de son sang jusqu’à ce que son cheval le jette à bas, un peu moins d’un kilomètre à l’ouest, dans la Huitième Rue,

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