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Le secret des enfants rouges

Le secret des enfants rouges

Titel: Le secret des enfants rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Claude Izner
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bruit !
    Il longea le couloir, Joseph à ses basques.
    — À cette heure, la maritorne fait provende de gibier au marché, pressons-nous avant qu’elle n’investisse ses quartiers.
    Ils pénétrèrent dans une cuisine. Le vieil homme avisa un bloc de glace trônant au milieu de la pierre à évier.
    — Emparez-vous-en et filons, souffla-t-il à Joseph. À peine Joseph eut-il plaqué ses mains contre le bloc translucide qu’il sauta en arrière.
    — Ça brûle !
    — Écartez-vous, muscadin ! Palsambleu, je ne suis pas né pour rien l’année de la Berezina, mon cuir résiste au froid mieux que votre épiderme de godelureau, soit dit sans vouloir vous vexer.
    Fortunat ôta son gilet, en enveloppa la glace, et entraîna Joseph qui commençait à paniquer vers un escalier étroit.
    Lorsqu’ils se penchèrent tous deux, à la faible lueur d’un bougeoir, sur le cadavre d’un chien dont l’odeur eût suffi à décimer un régiment de mouches, il se sentit défaillir et balbutia d’une voix chevrotante :
    — Que… Qu’est-ce que c’est ?
    — Preux chevalier, voici Enguerrand, sixième du nom.
    — Euh… Dans l’état où il est, ne croyez-vous pas qu’il serait judicieux de le mettre en terre sans tarder ? suggéra Joseph en bloquant sa respiration.
    Perplexe, Fortunat de Vigneules se gratta la tête.
    — C’est que… J’escomptais le faire naturaliser, comme les autres.
    Il lui désigna quatre chiens figés sur un autel.
    — J’ai bien peur qu’il ne soit trop tard. Vous n’obtiendrez même pas une descente de lit potable.
    — Soit, mais j’exige que mon fidèle commensal demeure en compagnie de ses frères. Taïaut ! conclut Fortunat en empoignant une pelle à charbon appuyée au mur et en la donnant à Joseph.
    Après s’être échiné à creuser le sol de terre battue, Joseph était en nage et il maudissait son patron. Fortunat de Vigneules tint à sacrifier son gilet jaune afin d’y coucher tendrement son fidèle compagnon. Une fois l’animal enseveli, il se mit péniblement à genoux.
    — Adieu, vaillant héros. Si les scélérats qui m’affament m’avaient laissé de quoi, j’aurais immortalisé ta dépouille. Le ciel l’a refusé, cependant il m’a guidé jusqu’à ce damné calice à faciès de chat, symbole démoniaque des Templiers, et m’a incité à le balancer aux ordures ! Deo gratias !
    — C’est quoi, les Templiers ? demanda Joseph, supposant qu’il s’agissait des habitants du quartier du Temple.
    — Un ordre fondé lors de la première croisade pour sauvegarder les lieux saints. Mais ces moines-soldats puissants et richissimes faillirent à leur mission et pratiquèrent la sorcellerie. C’est pourquoi notre bon roi Philippe le Bel ordonna qu’on les brûlât.
    « Maman, au secours ! pensa Joseph, on est en plein délire ! »
    — Et ce trésor, c’est le leur ?
    — Chut, malheureux ! Quand je l’aurai déterré, j’en ferai don aux descendants de Louis XVIII afin qu’ils rétablissent la royauté.
    — Et ce calice à faciès de chat balancé aux ordures, c’est un crâne de singe ?
    — Abomination ! Jeune homme, si vous ne m’aviez offert le postérieur pharaonique de cette Goulue et rendu un fieffé service en enfouissant la dépouille de mon pauvre Enguerrand, je vous soupçonnerais d’être l’espion de du Molay !
    — Nenni, monseigneur, vous me soupçonneriez à tort, car je veux me convaincre moi aussi que cette immondice a été anéantie.
    — J’ai vu, de mes yeux vu, le chiffonnier l’emporter.
    — Un chiffonnier ? Où habite-t-il ? Au diable vauvert, j’espère.
    — J’ignore son nom, je ne sais où se situe son fief. La maritorne pourra vous renseigner. Rompez, je souhaite me recueillir.
    « Marie Torne ? Sans doute l’une des domestiques », grommela Joseph en gravissant l’escalier.
    À l’entresol il se retrouva nez à nez avec la soubrette à la bouilloire et s’enquit d’une certaine Marie Torne. Elle fit la moue.
    — Je suis nouvelle, je ne connais pas tout le personnel. Faut consulter Bertille Piot, elle prépare les repas dans la cuisine des maîtres à l’étage.
    La femme blonde potelée qui s’activait entre la cuisinière et le garde-manger évoquait une Euphrosine de dix ans plus jeune.
    — Excusez-moi, madame, je suis une relation de M. Fortunat…
    — C’est encore lui qui m’a embarqué ma glace, je parie !
    — Euh… Il mentionné une bonne appelée

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