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Le secret des enfants rouges

Le secret des enfants rouges

Titel: Le secret des enfants rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Claude Izner
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police ? lança Mathurin.
    — Souhaitez-vous m’escorter au poste ?
    — Que voulez-vous savoir ?
    — Ce que vous avez fait de la coupe à tête de chat. Anna et Mathurin échangèrent un coup d’œil inquiet.
    — Sur mon conseil, cette jeune fille l’a vendue ce matin à un vieux bonhomme qui sculpte les os. Le cœur de Victor s’emballa.
    — Vous êtes sortie ce matin ? Avec votre orgue de Barbarie ?
    — Non, puisque je suis allée porter la coupe au sculpteur d’os.
    « Imbécile ! se dit Victor. Tu attendais une joueuse d’orgue. Elle t’est passée sous le nez, c’est trop bête ! »
    — Le nom de ce sculpteur ? demanda-t-il d’une voix altérée.
    — On le désigne sous le pseudonyme d’Osso Buco. C’est un émigré italien, il écoule ses créations aux terrasses des bistrots et il pose parfois pour les peintres.
    — Où puis-je le trouver ?
    — J’ai beaucoup marché avant de le rencontrer, il était tout simplement devant le Procope , murmura Anna.
    — Il a aussi l’habitude de fréquenter l’Académie des Tonneaux, rue Saint-Jacques, ajouta Mathurin, seulement pendant la journée. Dès que le soleil disparaît, il en fait autant, c’est un couche-tôt.
    — Où loge-t-il ?
    — Je l’ignore. Anna et moi étions persuadés que ce bol était du toc, sinon nous l’aurions rapporté.
    — À un trucidé ? ironisa Victor.
    — En tout cas on n’en a tiré que trois francs six sous
    — Vous avez l’art d’éluder les questions, constata Victor en se levant.
    Il jubilait.
    — Je suis libre ? demanda Anna.
    — Restez 3 rue Saint-André-des-Arts jusqu’à nouvel ordre, vous y serez en sécurité, dit Victor en prenant congé.
    L’émissaire vautré sur la banquette se mit prestement debout et, maintenant son galurin devant son visage, se rua vers la sortie, bousculant Victor au passage. La flétrissure était entre les mains d’un sculpteur d’os, quelle ironie ! La détruire serait peut-être inutile si sa forme maudite en adoptait une autre, neutralisant ainsi son pouvoir maléfique.
    «… Des torrents d’eaux se précipitent L’abîme fait entendre sa voix
    Il lève ses mains en haut
    Le soleil et la lune s’arrêtent dans Leur demeure…»
    L’émissaire referma le Livre d’Habaquq, éteignit la lampe et resta à méditer. Autrefois, quand l’indicible s’était produit, la voix avait tonné. Aujourd’hui, elle résonnait plus fort que jamais. Il fallait agir.
    L’émissaire s’étendit sur le lit.

 
     
     
     
     
CHAPITRE XV
    Lundi 18 avril
     
    En ce lundi de Pâques, la librairie était fermée. Tôt le matin, Victor avait téléphoné à Kenji pour lui narrer les résultats de son enquête. Il comptait mettre le grappin sur le sculpteur d’os, l’après-midi, aux environs d’un des deux cafés mentionnés par l’Italienne. D’autre part, il avait révisé ses conclusions depuis qu’il était certain que la camériste Lucie Robin avait, elle aussi, été supprimée. Il se proposait de faire un saut du côté de la rue Charlot.
    — Soyez très prudent, Victor. Informez-moi régulièrement. Je serai de retour d’ici une heure, le temps d’avertir Joseph de vos démarches.
    Kenji raccrocha, soucieux, sans remarquer qu’une frêle silhouette descendait l’escalier à vis.
    — Monsieur… je peux vous parler ? s’enquit une petite voix.
    Vêtue d’une chemise de nuit trop grande, le visage livide, Yvette ressemblait à un fantôme.
    — Vous devriez vous couvrir, vous relevez de maladie, bougonna Kenji, mal à l’aise en présence de cette gamine. Où est Mlle Iris ?
    — Elle prend un bain… Votre ami le photographe, il a dit que papa est à l’hôpital, mais ce n’est pas vrai.
    — Je sais, dit Kenji en lui mettant sa redingote sur les épaules.
    — Tans pis si papa se fâche parce que j’ai désobéi, je veux rentrer à la maison.
    — Vous n’êtes pas bien ici ?
    — Si, mais… Papa doit me chercher partout.
    — Non, non, il est… prévenu… et… bredouilla Kenji, consterné d’avoir à annoncer à la gamine qu’elle ne reverrait jamais son père.
    La sonnerie du téléphone lui sauva la mise.
    — Retournez vite vous coucher. Je réponds, et je vous rejoins. Allez, décampez !
    Elle hésita, posa la redingote sur une chaise et remonta au premier.
    — Allô ? Ah, c’est vous ! Merci d’avoir appelé. Je note.
    L’écouteur à l’oreille, il s’empara d’un livre de

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