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Le secret des enfants rouges

Le secret des enfants rouges

Titel: Le secret des enfants rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Claude Izner
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pour un crime perpétré rive droite ?
    On frappa. Anténor Bucherol, entra, tout pâle, le képi de travers.
    — Sale corvée, chef, le corps va partir à la morgue. Il s’agit d’une femme, vingt-cinq, trente ans. Jolis dessous marqués du chiffre L. R. Porte un tatouage à l’épaule, une coccinelle. Le docteur est formel, elle a été tuée avant d’être jetée à l’eau, une balle de revolver au niveau du cœur.
    — Pauvre petite créature, elle devait avoir un faible pour les coléoptères ! murmura Raoul Pérot qui rima illico un quatrain :
    Bête à bon Dieu
    Ferme les yeux
    Face au déclin pourrissant
    De ce siècle décadent.
    — C’est bien senti, chef ! Y a là un quidam qui veut vous voir.
    — Introduisez-le.
    Raoul Pérot s’empressa de lacer ses souliers. Son visage s’éclaira à la vue de Victor.
    — Monsieur Legris ! Avez-vous établi une liste des objets volés ?
    — Vous pouvez classer la plainte. Je tenais à vous offrir ce relié, en remerciement de la levée d’écrou de la gamine.
    —  L’Imitation de Notre-Dame la Lune , de Jules Laforgue ! Merci, merci beaucoup, ce recueil est magnifique ! Quel dommage que nous ne puissions bavarder tranquillement ! Je suis débordé. Un meurtre.
    — Un meurtre ? Cela explique l’attroupement devant le poste.
    — On a balancé le corps à la Seine. Pauvre femme, sa bête à bon Dieu ne l’a pas protégée. Je dois filer à l’institut anatomopathologique. Je m’en serais passé.
    Elle a été tuée d’une balle. Ah ! Nous sommes peu de chose.
    — Une coccinelle ! s’exclama Victor.
    — Oui, tatouée sur son épaule. Cet indice permettra peut-être d’identifier cette inconnue.
    Soudain fébrile, Victor se pencha vers l’inspecteur.
    — Accordez-moi une faveur, inspecteur. Je rédige un roman d’investigation criminelle, pourriez-vous me tenir au courant de la progression de vos déductions ? Je ne citerai pas mes sources, cela va de soi.
    — Vous écrivez aussi, monsieur Legris, quelle coïncidence ! Je verrai ce qu’il est possible de vous révéler sans entraver l’enquête, vous pouvez compter sur moi.
     
    Il avait enfin accepté de quitter ]’Hôtel de Pékin en plein jour après que Tasha l’eut convaincu qu’il ne courait aucun danger.
    — Qui se soucierait de toi dans cette ville qui accueille des milliers d’étrangers ? Tu te donnes une trop grande importance !
    Bien que fraîche, la journée était suffisamment ensoleillée pour qu’ils se baladent au hasard, ainsi qu’ils en avaient autrefois l’habitude. Ils remontèrent le boulevard de Ménilmontant et traversèrent le XI° arrondissement sans s’arrêter, tout à leur discussion. Ce ne fut qu’en atteignant le canal Saint-Martin qu’ils ressentirent le besoin d’une pause. Ils s’installèrent sur un banc du quai de Jemmapes, près de l’hôpital Saint-Louis.
    Ils restèrent là, silencieux, à contempler les reflets dorés brassés par les coups de battoir des blanchisseuses. Plus loin des grues mobiles déchargeaient des chalands, taches noires sur ciel clair zébré de cheminées d’usines.
    — Tu as froid ? demanda-t-il. Tu mènes une vie de patachon, ma petite Tasha.
    — Tu ne sais rien de ma vie, répondit-elle en refoulant son agacement.
    Une péniche glissa doucement devant eux. Deux gamins, en équilibre sur le rebord, se pourchassaient de la poupe à la proue.
    — Je redoute le voyage qui m’attend. Que n’ai-je le pied marin ! Si j’étais un de ces marmots, je profiterais mieux de cette croisière, remarqua-t-il en riant.
    Mais il s’assombrit aussitôt.
    — Vains regrets, puisque je ne suis pas près d’embarquer.
    — Je suis désolée, malgré mes démarches je n’ai pu réunir que le quart de la somme. Je te promets que tu auras ton billet d’ici la fin mai. Mon éditeur m’a assurée qu’il me réglerait dès que je lui aurais fourni la moitié des illustrations du Poe, et j’ai bon espoir de vendre une toile à la galerie Boussod et Valadon. Évidemment, si tu reconsidérais ma suggestion, cela résoudrait le problème.
    — Je t’ai répondu non.
    — Il a les idées larges, il t’avancerait l’argent.
    — Je refuse.
    — Ce portefeuille d’actions, ce n’est pas lui qui l’a constitué, il l’a hérité de son père ! Il m’a déjà proposé plusieurs fois de monnayer des coupons.
    — Et tu t’imagines qu’il le fera ? Mets-le au pied du mur, dis-lui à

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