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Le Signe rouge des braves (Un épisode durant la guerre de Sécession)

Le Signe rouge des braves (Un épisode durant la guerre de Sécession)

Titel: Le Signe rouge des braves (Un épisode durant la guerre de Sécession) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen Crane
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grand. Le ciel qui souriait tendrement était doux et plein d’encouragement pour lui.
    À présent quelque poète recevait son mépris. Hier, dans sa misère il avait pensé à certains auteurs. Les vers dont il se souvenait, lui revenaient brisés, détachés, par fragments. Pour ces gens, il avait ressenti à ce moment-là, un regard chaleureux et fraternel. Ils avaient sillonné les chemins de la douleur, et ils avaient décrit des paysages sombres de façon que d’autres puissent en jouir avec eux. En ce moment-là, il était sûr que leur esprit contemplatif et sage sympathisait avec lui, faisait pleurer les nuages sur lui. Il marchait seul, mais il y avait là cette pitié, antérieure.
    Dans une certaine mesure, il était maintenant un homme qui avait réussi, et il ne pouvait désormais tolérer en lui-même un quelconque esprit de camaraderie avec les poètes. Il les abandonna. Leurs litanies sur les sombres paysages n’avaient plus d’importance pour lui depuis que son regard neuf les illuminait. Les gens qui parlent de sombres paysages sont des idiots.
    Il finit par exprimer un formidable mépris pour une telle race de pleurnichards.
    Il se sentait l’enfant de la force. À travers la paix du cœur, il voyait la terre comme un jardin où la mauvaise herbe de la souffrance ne croissait pas. Ou, peut-être, le peu qu’il y en avait se trouvait dans les coins obscurs, où personne n’était obligé de les voir, jusqu’à ce qu’une enquête ridicule se fasse. Et de toute façon, il s’en faisait de superficielle.
    Il revenait à sa vieille foi en le succès final et extraordinaire de sa vie. Comme d’habitude, il n’était pas troublé par les procédés à suivre. C’était écrit, parce qu’il était un être accompli. Il voyait bien qu’il était choisi par les dieux. À travers les chemins effrayants et merveilleux, il était conduit vers la gloire. Bien sûr, il était satisfait de son mérite.
    Il ne pensait pas beaucoup aux batailles qui se déroulaient directement devant lui. Il n’était pas essentiel qu’il les prît en considération dans ce qu’il avait à faire. On lui avait enseigné que bon nombre d’obligations dans la vie peuvent être aisément évitées. Les leçons d’hier disaient que la récompense était lente et aveugle. Avec ces faits devant les yeux, il ne crut pas nécessaire de s’enfiévrer à propos des perspectives qui s’offraient durant les vingt quatre heures à venir. Il pouvait laisser le hasard faire les choses. De plus, il y avait cette foi en lui-même qui avait secrètement fleuri. La confiance, comme une petite fleur grandissait en lui. Il était un homme d’expérience maintenant. Il avait été parmi les dragons, se dit-il, et il s’était assuré qu’ils n’étaient pas aussi hideux qu’il se l’était imaginé. De plus, ils étaient inefficaces, leurs coups étaient imprécis. Le plus souvent un homme de cœur les défierait, et les défiant en réchapperait.
    Par ailleurs, comment pouvaient-ils le tuer lui l’élu des dieux destiné à la grandeur ?
    Il se rappelait comment ces hommes avaient fui la bataille. Alors qu’il revoyait leurs faces terrorisées, il ressentit du mépris pour eux. Ils avaient mis dans leur fuite plus d’affolement qu’il n’était nécessaire. Ils s’étaient comportés en faibles mortels. Quant à lui, il avait fui de manière digne et discrète.
    Il fût éveillé de ces rêveries par son ami, qui après s’être nerveusement agité dans les alentours épiant un moment les arbres, s’était mis à tousser en manière d’introduction et dit : « Fleming ? »
    – « Oui ? »
    L’ami mit la main à sa bouche et toussa à nouveau. Il s’agita nerveusement sous sa veste.
    – « Hé bien, » déglutit-il enfin, « je crois que tu pourrais aussi bien me les rendre ces lettres. » Son regard s’assombrit et le sang inonda ses joues et son front.
    – « Très bien Wilson, » dit l’adolescent. Il ouvrit deux boutons de sa veste, y fourra la main et retira le paquet. Comme il le tendait à son ami, ce dernier détourna son visage.
    Il fut lent à produire le paquet, parce que durant cet acte il avait essayé d’inventer un commentaire insigne sur ça. Il ne put rien concevoir qui fut remarquable. Il était contraint de laisser son ami s’en tirer sans être inquiété avec son paquet. Il s’estima considérablement pour cela. C’était généreux de sa part.
    À côté de lui son

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