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Le talisman Cathare

Le talisman Cathare

Titel: Le talisman Cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Luc Aubarbier
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hommes ? »
    Ce fut comme si le soleil était entré dans la pièce basse. Le visage de Bernard s’illumina d’un bonheur véritable, qu’il n’avait pas connu depuis des années.
    « Vous l’avez vue ?
    — Plusieurs fois ; je me rends régulièrement à Montségur.
    — Comment va-t-elle ?
    — Fort bien, elle mène une digne et belle vie de Parfaite cathare, tout entière dédiée à l’amour du prochain et au salut de son âme.
    — Je donnerais tout pour la revoir. Vous avez plus de chance que moi. Je n’ai jamais pu gagner Montségur.
    — Ce n’est pas une affaire de chance. Je connais les passeurs. Mais vous ne pourrez jamais retrouver Alix en tant qu’époux. Vous ne pourrez la reconnaître que comme Parfaite. Y êtes-vous décidé ?
    — Me reste t-il une autre chance ?
    — J’ai besoin d’un “socius”, un jumeau, pour cheminer à mes côtés. Tu peux occuper cette place tout de suite. »
    Bernard nota le passage au tutoiement, signe de complicité, d’une implicite égalité. Il s’étonna tout de même.
    « Ne faut-il pas une longue préparation avant d’accéder à cette fonction ? Je n’ai pas encore reçu le consolament.
    — Le temps nous presse ; l’Inquisition nous traque à chaque coin de rue, chaque détour de sentier. Nous avons assoupli la règle, mais non les exigences. Je suis à présent le fils majeur de Guilhabert de Castres, l’évêque catharede Toulouse qui réside à Montségur. Tu vas prendre devant moi l’engagement de fidélité. Dès aujourd’hui, tu abandonnes tes droits sur Castelsarrasin, Castelnaud, Domme, Montfort, Aillac. Tu n’es plus que Bernard de Cazenac, ton lieu de naissance, l’endroit où tu as reçu le secret de notre ordre. Ton ancêtre, Adalbert, n’était qu’un humble paysan, parti guerroyer en Terre sainte, pour protéger les pèlerins. Il fut ennobli sur le champ de bataille et comprit ainsi la naturelle égalité des hommes. Frappé par la grâce, il renonça à la violence, apprit à lire, étudia, et découvrit le catharisme des origines. Voilà pourquoi ton nom est associé pour toujours à notre religion. Dès aujourd’hui, tu vivras comme un Parfait, tu ne mangeras plus de viande, tu ne toucheras plus une femme, tu abandonneras ton épée et renonceras à la violence, même pour te défendre. Tu vivras dans la vérité et la prière. »
    Bernard s’y engagea avec ferveur. Cette cérémonie improvisée lui avait épargné les tourments d’un choix difficile. Il refusait pour l’heure de s’appesantir sur les vraies raisons de son renoncement : l’engagement total dans sa foi ou l’espoir insensé de revoir celle qu’il s’interdisait désormais d’aimer. Sa décision l’avait libéré. Son destin était désormais tout tracé. Il confia au Parfait l’existence du talisman. Ce dernier n’y prêta aucune attention, mais lui demanda de respecter le serment familial de ne point en dévoiler à quiconque le contenu.
    Pour précaire qu’elle fût, la vie de la petite communauté de Castelsarrasin n’était pas désagréable, bénéficiant de la protection des consuls et, par intermittence, du comte, et de l’estime d’une partie de la population. Un catharisme discret était toléré. Les croyants étaientassez riches pour subvenir aux besoins de leurs prêtres. Il fallait simplement accepter de vivre dans la méfiance et la crainte de la délation.
    La tâche des Parfaits était double : prêcher la bonne parole et apporter le consolament aux mourants, pour qu’ils puissent échapper au cycle infernal des réincarnations. Vu la dangerosité du monde pour les cathares, cette dernière mission devenait essentielle. Les croyants avaient appris à dissimuler l’existence de leur congrégation à l’intérieur du corps catholique de la société. Lorsque les deux Bernard parcouraient les routes, entre Toulouse, Montauban et Castelsarrasin, pour accomplir leurs devoirs religieux, ils devaient souvent recourir au « nuncius », celui qui savait où se cachait la communauté, pour entrer en contact avec elle. Ainsi, en cas de capture par l’Inquisition, ils ne pourraient révéler qu’un seul nom. En cheminant ainsi, Bernard de Cazenac découvrit sa religion de l’intérieur, dans la fragilité et la force de sa chair. Malgré sa culture raffinée, il n’en connaissait que les rudiments. Le soldat avait trop souvent étouffé en lui l’homme de foi.

    Lorsque le Parfait prêchait, Bernard, silencieux à

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