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Le talisman Cathare

Le talisman Cathare

Titel: Le talisman Cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Luc Aubarbier
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trompes. On chassait quelque part. Soudain, surgissant d’un buisson, un être étrange vint se jeter aux pieds de son cheval. Il le prit tout d’abord pour quelque animal sauvage, ou une créature fabuleuse, mi-homme, mi-bête, avant de s’apercevoir que c’était un homme revêtu d’une peau de loup. Le cheval, effrayé, fit un écart.
    « Messire chevalier, par pitié, sauvez-moi ! »
    Troublé un instant par cette singulière apparition, Bernard reconnut cependant cette voix haut perchée. Il l’avait tellement entendue chanter, autrefois, aux beaux jours de Castelnaud. « Guilhem, c’est toi ? Guilhem le troubadour, et dans quel accoutrement ! »
    Dévalant le chemin caillouteux, des piqueurs et des valets tenant des chiens en laisse hurlant à l’hallali s’approchèrent des deux hommes, puis s’écartèrent pour laisser passer une élégante dame coiffée d’un chapeau à plumes. Elle arrêta sa fine haquenée blanche devant Bernard et lança d’une voix rauque, à l’accent moqueur. « Ce pauvre Ysengrin, tout piteux et tremblant, est un gibier bien maigre. Mais il se pourrait que la chasse nous offre un autre contentement. »
    Le chevalier cathare se tenait tout droit, dans une attitude de défi. Il sentait autour de lui une force mystérieuse, mais ne pouvait déterminer si elle était amie ou ennemie.
    « Que voulez-vous faire à ce malheureux bougre ? demanda-t-il, d’une voix agressive.
    — Je l’ai pris auprès de moi pour qu’il me chante l’amour, mais il me sert bien mal au lit. Aussi, j’ai décidé d’en faire l’objet de ma chasse. S’il parvient à échapper à mes bergers, il aura la vie sauve. Sinon, il sera dévoré par mes mâtins et mes lévriers. Je constate qu’il a échoué.
    — Messire Bernard, vous n’allez pas laisser faire ça ? » pleurnicha le troubadour qui faisait trembler de peur sa peau de loup.
    Le sire de Cazenac dévisagea la femme avec insistance. Elle était d’une grande beauté, enveloppée dans sa somptueuse chevelure rousse que le vent de la course avait répandue sur ses épaules. Elle dardait sur lui des yeux verts transparents. « Un démon aux yeux de paradis », pensa t-il.
    « Je suis Loba de Pennautier, comtesse de Cabaret. Me suivras-tu pacifiquement, chevalier, ou vas-tu tirer l’épée contre mes gens ?
    — Je t’accompagne, de ma propre et seule volonté, à la condition que tu libères ce pauvre troubadour. »
    Elle lui adressa un sourire sensuel, sans équivoque. « Volontiers, je ne perdrai pas au change. »
    Guilhem laissa tomber sa peau de loup, que les chiens s’empressèrent de dévorer, et s’enfuit à toutes jambes. En quelques minutes, il avait disparu sans même songer à remercier son sauveur.
    « À quel jeu cruel jouais-tu avec lui ? N’as-tu pas compris qu’il préférait les hommes pour les choses de l’amour ?
    — Si fait ! Mais j’aimais sa voix.
    — Elle a longtemps enchanté ma cour, à Turenne et Castelnaud. Je me nomme Bernard de Cazenac.
    — Si tu aimes les cours d’amour, tu vas être heureux ici. Cabaret est la dernière place où l’on célèbre encore la fine amor et le beau langage. Tu m’obéiras en tout, et tu ne seras pas déçu. On me surnomme la louve de Pennautier.
    — Ne sais-tu pas que chez les loups, ce sont les mâles qui commandent ?
    — Pas chez moi, à Cabaret. »

    Cabaret était un ensemble de quatre châteaux, établis dans le cadre sec et sauvage de la vallée de l’Orbeil. Cabaret, Tour Régine, Fleur Espine et Quertinheux étaient partagés entre quatre coseigneurs qui avaient victorieusement défendu leurs fiefs contre Simon de Montfort. Pierre Roger de Cabaret avait ensuite feint de se soumettre aux croisés pour mieux transformer sa forteresse en sanctuaire cathare. Aujourd’hui, la place était aussi isolée que Montségur, la pureté en moins. Il régnait entre ces murs une ambiance étrange, une impression de décadence, de fin d’empire. On y regrettait le temps jadis, celui des troubadours les plus célèbres du moment. Peire Vidal et Raimon de Miraval y avaient animé des cours d’amour et offert leurs services et leurs corps à la belle et sulfureuse Loba. Veuve d’un des coseigneurs, elle ne dissimulait en rien son goût pour les hommes. Bertrand de Saissac, maître de la Montagne Noire, Aimery de Montréal, que Montfort avait fait pendre lors du sac de Lavaur, et Raymond Roger de Foix s’étaient partagé ses faveurs. Du comte roux

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