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Le temps des adieux

Le temps des adieux

Titel: Le temps des adieux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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fournissait les plantes dans le quartier se souciait fort peu de la moralité de ses clients.
    — Qu’as-tu pensé de Rubella ? me demanda soudain Fusculus alors que nous continuions de battre la semelle sous le portique en attendant le retour du cerbère. Tu trouves pas qu’il est un peu compliqué ?
    — Il a un chagrin secret, affirmai-je.
    — Ah, bon ? Et c’est quoi, Falco ?
    — Comment veux-tu que je le sache ? C’est un secret.
    Les membres de l’équipe de Petronius avaient passé trop de temps à interroger des minables. Ils avaient fini par oublier ce qu’était l’humour.
    — Oh ! dit-il, tu me fais marcher.
    — Pas vraiment, expliquai-je gentiment. C’est simplement que ça m’excite sexuellement d’échafauder des hypothèses sur les gens que je ne connais pas.
    Je m’attirai un regard nerveux de Fusculus.
     
    Nonnius, comme tout un chacun le savait, était un homme mourant. Nous pouvions le confirmer, parce que quand nous fûmes introduits en sa présence, nous le trouvâmes étendu sur un divan de lecture, mais pas en train de lire. Il dégustait un grand bol de prunes délicieusement violettes. Des fruits soigneusement sélectionnés et cueillis à la main. Du genre qu’on offre à ses amis gravement malades. On est tellement préoccupé par tout l’argent qu’on vient de dépenser que le chagrin s’éloigne.
    Et la coupe de bronze qui les contenait, dont le pied était constitué par un groupe de trois dauphins et les poignées par des hippocampes, n’était pas à dédaigner non plus. Elle était beaucoup trop lourde pour qu’un homme malade comme l’était Nonnius se fatigue à la soulever. C’était donc un petit esclave maure d’environ huit ans, aux traits réguliers, qui la tenait à portée de sa main. L’enfant n’était vêtu que d’un court pagne, et la pointe de ses seins était dorée. Des traits de khôl lui agrandissaient les yeux ; il ressemblait à un pharaon égyptien.
    Ma mère n’aurait pas voulu de ce gamin pour l’aider à racler ses navets.
    Quant à Nonnius lui-même, il possédait un visage mince doté d’un nez aristocratique et de grandes oreilles. Le tout planté sur un cou décharné. Il aurait pu servir de modèle à la statue d’un orateur républicain. Pour employer une expression romaine, ses traits avaient du caractère : lèvres pincées et tous les signes extérieurs d’un tempérament coléreux. Le genre à éclater de fureur si on lui servait son dîner en retard.
    Il pouvait avoir une soixantaine d’années et était presque entièrement chauve. Malgré son état de santé précaire, il était soigneusement rasé et, d’après mes narines, son barbier n’avait pas ménagé le baume à la balsamine. Il avait revêtu une tunique blanche sans aucun ornement, mais immaculée. Il ne portait aucun bijou. Ses bottes, si elles étaient loin d’être neuves, paraissaient très confortables. Elles ne donnaient pas l’impression d’être entrées en contact avec les reins de milliers de mauvais payeurs. Tout en lui indiquait que si nous lui causions la moindre contrariété, il n’hésiterait pas à nous infliger la même punition.
    Fusculus s’empressa de me présenter. Nous avions inventé une petite histoire.
    — Didius Falco, précisa-t-il, a été nommé pour assister le commissaire aux comptes.
    Personne n’était dupe, mais quelle importance ?
    — Je suis désolé que tu aies des problèmes de santé, prétendis-je en adoptant un air faussement compatissant. Il faudrait que je vérifie quelques chiffres avec toi, mais je ne veux pas te fatiguer inutilement. Je ferai tout mon possible pour être concis.
    — Tu essaies d’être drôle ?
    La voix de Nonnius se voulait polie et distinguée, mais des traces d’accent trahissant ses origines n’échappaient pas à une oreille avertie. Ce type avait été élevé au bord du Tibre. Toute apparence de culture n’était qu’une illusion incongrue.
    — Je m’étais laissé dire que tu avais besoin du plus grand repos.
    — Mettre mon nez dans les comptes de Balbinus semble le meilleur des remèdes. Je me sens bien plus en forme.
    Peut-être le dernier sursaut avant la fin ?
    Ce salaud était-il réellement malade ? Mon auscultation à distance n’échappa pas à sa sagacité. Il fut opportunément saisi d’une violente quinte de toux. Le petit esclave se précipita pour le secourir en lui tapotant dans le dos et en lui épongeant le front. Le gamin

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