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Le temps des adieux

Le temps des adieux

Titel: Le temps des adieux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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façon ou d’une autre. Et l’amener devant la justice me procurerait une joie certaine. De toute façon, j’étais persuadé qu’il en savait bien plus qu’il ne voulait le dire.
    — Quelqu’un a eu à peine la patience d’attendre que Balbinus quitte la ville pour agir, fis-je remarquer. Quelqu’un qui a tout de suite voulu montrer à la pègre qu’il y avait un nouveau chef.
    — C’est ce que j’ai pensé moi aussi, acquiesça-t-il sur le ton de la conversation amicale.
    — Je répète ma question : c’est toi ?
    — Tu as devant toi un homme très malade.
    — J’en suis vraiment désolé, Nonnius Albius… Je tiens à ajouter que j’arrive de voyage et que j’ai malheureusement manqué ta fameuse apparition devant le tribunal comme témoin à charge. Alors, j’aimerais éclaircir une ou deux choses.
    Il prit une mine boudeuse.
    — J’ai dit ce que j’avais à dire et je n’ai pas l’intention d’y revenir.
    — Oui, on m’a rapporté que tu étais un orateur né.
    Arrivé à ce point, Fusculus, qui jusqu’ici observait nos échanges avec un sourire narquois, s’énerva tout d’un coup et intervint :
    — Tu as intérêt à te montrer plus coopératif, Nonnius ! C’est toi qui as décidé de te mettre à table, et tu vas dire à Falco ce qu’il a besoin de savoir. On n’a pas de temps à perdre à finasser.
    — Quoi ? s’étrangla notre malade avec une expression haineuse qui avait dû terrifier plus d’un de ses débiteurs. Je suis mourant. Personne ne peut plus me faire peur.
    — On mourra tous un jour, philosopha calmement Fusculus. Mais certains d’entre nous préfèrent ne pas être enchaînés d’abord dans la salle d’interrogatoire où Sergius aime à manier le fouet.
    Nonnius ne s’effrayait pas facilement. Il avait fort probablement imaginé, et mis en application, des tortures plus horribles que celles que Fusculus et moi étions capables d’inventer.
    — Vous m’amusez ! s’esclaffa-t-il. Vos menaces sont de celles qu’on utilise pour effrayer les marmots qui volent des huîtres aux étalages. (Il se mit soudain à fixer Fusculus.) Je commence à te connaître, toi !
    Je décidai d’intervenir avant que leur conversation s’envenime pour de bon.
    — Bien, dis-moi plutôt comment fonctionnait l’empire de Balbinus Pius.
    — Avec plaisir, jeune homme. (Apparemment, Nonnius avait décidé de me traiter comme le plus raisonnable des deux, à seule fin d’énerver Fusculus.) Que souhaites-tu savoir exactement ?
    — Je sais que Balbinus était le roi sans couronne de toutes sortes de voleurs et d’escrocs et qu’il revendait le produit des vols sur ses propres étals. Mais c’était peu de chose en comparaison de ce que rapportaient les bordels, les maisons de jeu illégales, et j’en passe !
    — Ça, c’était un sacré organisateur, concéda Nonnius, sans pouvoir dissimuler sa fierté d’avoir été l’associé d’un tel homme.
    — Avec ton aide ! (Il accepta la flatterie d’un air béat et je m’efforçai de ravaler mon dégoût.) Oui, il voyait grand.
    — Balbinus aurait été assez malin pour réussir le coup de l’Emporium, admit son ancien bras droit. S’il était encore à Rome, bien entendu.
    — Mais malheureusement pour lui, il est parti pour un voyage au long cours… Alors, réfléchis bien. Qui, d’après toi, aurait pu hériter de son talent d’organisateur ? Nous admettrons que tu t’es retiré des affaires pour mener une vie tranquille. (Nonnius ne prétendit pas le contraire !) Est-ce qu’il y avait des grosses pointures dans sa bande qui seraient capables de prendre la relève ?
    — Ton cher collègue, là, devrait pouvoir te fournir les noms, cracha Nonnius l’air mauvais. Il a participé à l’hallali.
    Fusculus acquiesça d’un gracieux signe de tête. Il devait s’être promis de ne perdre son calme sous aucun prétexte.
    — Ils avaient tous des surnoms idiots, dit-il sans élever la voix. Le Meunier était le pire. C’est lui qui était chargé des exécutions. Et plus elles étaient brutales, plus ça lui plaisait. Le Petit Icare croyait qu’il pouvait voler au-dessus de tous les autres, mais il était bien le seul à le penser. Idem pour Jules César. Un de ces fous qui se prennent pour des empereurs. Les deux autres dont j’ai connu l’existence étaient Vert-de-gris et la Mouche.
    Je regardai Nonnius pour qu’il me confirme cette liste. Il paraissait enfin

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