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Le temps des adieux

Le temps des adieux

Titel: Le temps des adieux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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légèrement impressionné.
    — C’est un malin, ce grand garçon.
    — Et où sont donc passés tous ces braves gens ? demandai-je.
    — Ils sont tous partis se mettre au vert au moment du procès.
    — Des petites vacances, dans le Latium ? Ah ! la campagne ! (Je me retournai vers Fusculus.) Tu es d’accord avec cette version ?
    Il inclina la tête.
    — Ils sont partis s’occuper des chèvres. L’air de Rome n’était plus très sain pour eux.
    J’étais certain que Petronius avait dû s’arranger à garder un œil sur eux.
    — Donc, Nonnius, ces gars-là étaient les centurions et, apparemment, ils mènent aujourd’hui une vie toute bucolique. Alors il faut nous intéresser à vos rivaux.
    — Nous n’avons jamais accepté de rivaux.
    Je le croyais. Je jugeai donc inutile d’insister sur le sujet. J’y réfléchirais après avoir quitté Nonnius. Mon intérêt pour les bandes rivales paraissait secrètement le réjouir. Elles existaient, je n’avais aucun doute là-dessus, même si Balbinus Pius avait tenté de les bouter hors de son territoire.
    — Je reviendrai te voir ! annonçai-je sur un ton que je tentai de rendre menaçant.
    — N’attends pas trop longtemps, me lança Nonnius. Je suis malade, tu le sais !
    — Si la quatrième cohorte a besoin de toi, elle saura te trouver chez Hadès, ricana Fusculus.
    Sur cette dernière flèche, nous quittâmes les lieux sans nous donner la peine d’aller saluer le représentant du temple de Saturne.

18
    Quand nous regagnâmes le poste de garde, Petronius venait tout juste d’y arriver. Et son assistant, Martinus, avait déjà quitté son service. Petro était donc de bonne humeur.
    Pendant notre absence, la patrouille de jour avait ramené deux cambrioleurs et le propriétaire d’un chien sans laisse qui avait mordu une femme et un enfant – sans doute le soi-disant loup du temple de Luna. Petro chargea Fusculus d’interroger ces individus.
    — Quoi, tous les trois, chef ?
    — Et le chien aussi.
    Fusculus me regarda en souriant ironiquement. C’était sa punition pour m’avoir porté assistance. Petro ne souhaitait pas me laisser la bride sur le cou, il tenait à connaître et à superviser chacune de mes initiatives.
    — Je ne vois pas ce qu’il y a de drôle là-dedans ! me cria-t-il à la figure. Je suis passé voir Rubella. Alors je sais que tu t’es organisé de petites escapades que je n’ai pas autorisées !
    L’air on ne peut plus innocent, je lui rapportai combien ma conversation avec le tribun avait été constructive et amicale. Je ne manquai pas de préciser que Rubella m’avait accordé tout loisir d’interroger Nonnius à ma guise.
    — Espèce de salaud ! s’exclama mon ami, mais plus par habitude que par conviction. De toute façon, je te souhaite bien du plaisir avec cette crapule de Nonnius. Il est plus sournois qu’un aspic. Méfie-toi de son venin. (Petro s’était un peu décontracté.) Qu’as-tu pensé de Rubella ?
    Jauger le tribun était une véritable obsession dans la cohorte. C’est d’ailleurs un sport pratiqué par tous ceux qui dépendent d’un supérieur. Ils passent beaucoup de temps à se demander s’il faut lui fournir des explications en triple exemplaire pour se torcher le cul ou si son animosité permanente tient au fait qu’il est corrompu.
    — Il s’est montré plutôt sarcastique, déclarai-je. Il se pourrait qu’il soit plus dangereux qu’il en donne l’impression. Il a un jugement aiguisé. J’ai cru être interrogé par un devin. Il a mâché quelques graines de tournesol, puis m’a déclaré que quand j’étais militaire, je n’aimais pas mon centurion.
    Petronius adopta un air faussement admiratif.
    — Eh bien, il a mis en plein dans le mille !
    Et nous éclatâmes tous les deux de rire en repensant à cette époque, à notre centurion de la deuxième légion, Stollicus. Petro et moi étions toujours à couteaux tirés avec lui.
    Stollicus s’était fourré dans la tête que nous étions deux fouteurs de merde peu soignés qui n’avions qu’un seul but dans la vie : l’empêcher d’obtenir de l’avancement en donnant une mauvaise réputation à sa centurie. Quant à nous, nous pensions qu’il nous collait de sales rapports tout à fait immérités. C’est d’ailleurs ce qui nous avait poussés à quitter l’armée. Nous ne souhaitions pas voir vingt longues années s’écouler, pour constater qu’on ne ferait jamais de nous des

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